Ligne Maginot - BILLIG - A18 (Ouvrage d'artillerie)



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BILLIG - A18

( Ouvrage d'artillerie )









Secteur Fortifié
SFT - SF Thionville

Sous Secteur
Elzange

Quartier

Maître d'ouvrage
MIL - CORF

Constructeur
Entreprises civiles

Année
Commune
OUDRENNE (57110)

Lieu-dit / Parcelle
Billig

Coordonnées
49.363260 - 6.323642

Validité information
Verifié

Niveau de réalisation en 1940
Construit

Etat actuel
Incomplet





Plan sommaire








Notes et informations



ARMEMENT, Artillerie

Armement total de l'ouvrage :

- 1 tourelle 2 x 75R32
- 2 casemates avec 2 x 75R32

- 1 tourelle avec 2 x mortiers 81
Source(s) :
Répertoire Fortifications SF Thionville (33N19)



ARMEMENT, Infanterie

Armement total de l'ouvrage :

- 1 tourelle de mitrailleuses

- 2 jumelages de mitrailleuse en casemate
- 3 canons AC 47 / jumelage mitrailleuse en casemate

- 11 cloches GFM (FM24/29 / mortier 50)
- 2 cloches Lance-grenades

- 11 goulottes à grenades

- 14 créneaux FM de défense et de flanquement
Source(s) :
Répertoire Fortifications SF Thionville (33N19)


Bloc 2 : tourelle mitrailleuse n° 3
Construite par Société Batignolles-Chatillon. Montage en 1932-33.
Révision en 1955-56 effectuée par Batignolles-Chatillon avec réception effectuée le 20/06/56.

Principales opérations au cours de cette révision :
- calotte et muraille remplacée par celle de la TM 23 du Berenbach
- la calotte d'origine a été utilisée pour la TM 36 du Four à Chaux
- la tige des contrepoids a été remplacée par celle de la TM 23 du Berenbach
- les coussinets du guidage supérieur ont été remplacés par ceux de la TM 30 du PO de Coume
- les pièces d'habillage mécanique ont été remplacés par ceux de la TM du PO de Coume
- appareillage électrique prélevé à la TM du PO de Coume et remise en état
- câblage entièrement remis à neuf
Source(s) :
Carnets Tourelle - SHD - 3V113



CONSTRUCTION, Cout

La somme de 242 000 Frs est demandée en 1937 pour l’alimentation électrique par l'arrière de l'ouvrage, avec une fin de travaux prévue pour le 30 septembre de la même année
DM 5.105 -2/4 du 16/02/1937
Source(s) :
SHD - 9 NN 4423



CONSTRUCTION, Description

Bloc 1 : casemate d'infanterie - observatoire O 25
- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31 interchangeable avec un canon antichar de 47 mm monté sur bi-rail
- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31
- 2 cloches GFM type A (FM 24/29 et mortier de 50 mle 34) à 3 créneaux, dont une avec périscope J2 (O26)
- 1 créneau FM de flanquement
- 1 créneau FM de défense d'entrée
- 2 goulottes à grenades de défense du fossé diamant

Bloc 2 : bloc d'infanterie
- 1 tourelle de mitrailleuses numéro 03, non encore totalement convertie pour arme-mixte.
- 1 cloche GFM type A (FM 24/29 et mortier de 50 mle 34) à 3 créneaux

Bloc 3 : casemate d'infanterie
- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31 interchangeable avec un canon antichar de 47 mm monté sur bi-rail
- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31
- 2 cloches G.F.M. type A (FM 24/29 et mortier de 50 mle 34) à 3 créneaux
- 1 créneau FM de flanquement
- 1 créneau FM de défense d'entrée
- 2 goulottes à grenades de défense du fossé diamant

Bloc 4 : bloc d'artillerie
- 1 tourelle de 75 R 32 numéro 403
- 2 créneaux 75 R Mle 32,
- 1 cloche GFM type A (FM 24/29 et mortier de 50 mle 34) à 3 créneaux
- 1 cloche LG (Lance-grenades), non équipée
- 2 créneaux FM de flanquement
- 1 créneau FM de défense d'entrée
- 3 goulottes à grenades de défense du fossé diamant

Bloc 5 : casemate d'artillerie
- 2 créneaux de 75 R Mle 32,
- 1 cloche GFM type A (FM 24/29 et mortier de 50 mle 34) à 4 créneaux
- 1 créneau FM de flanquement
- 1 créneau FM de défense d'entrée
- 3 goulottes à grenades de défense du fossé diamant

Bloc 6 : bloc d'artillerie
- 1 Tourelle de mortier de 81 numéro 313
- 1 cloche GFM type A (FM 24/29 et mortier de 50 mle 34) à 3 créneaux

Bloc 7 : observatoire d'artillerie O1
- 1 cloche observatoire à vision périscopique (VP)
- 1 cloche GFM type A (FM 24/29 et mortier de 50 mle 34) à 4 créneaux
- 1 cloche LG (Lance-grenades), non équipée

Entrée mixte type "B" ravitaillement par camions en plan incliné descendant
- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31 interchangeable avec un canon antichar de 47 mm monté sur bi-rail
- 2 cloches GFM type A (FM 24/29 et mortier de 50 mle 34) à 3 créneaux
- 2 créneaux FM de flanquement
- 3 créneaux FM de défense intérieure
- 1 goulotte à grenades de défense du fossé diamant

L'ouvrage na pas été doté de magasin M1 ni d'entrée des hommes
Source(s) :
Répertoire Fortifications SF Thionville (33N19)



DENOMINATION, Dénominations alternatives

L'ouvrage porte le code A 18
Le bloc 1 est repéré O26 pour l'artillerie, il est rattaché à l'ouvrage de Métrich
L'observatoire (bloc 7) est repéré O1 pour l'artillerie, il est rattaché à l'ouvrage du Hackenberg

La numérotation allemande de l'ouvrage était werke 300 avec pour chaque bloc : 300a (B1), 300b (B2), 300d (B4), 300f (B5), 300e (B6) et 300h (B7). Le bloc entrée ne portait pas de code spécifique.
Source(s) :
NARA Roll 628 -528



DENOMINATION, Indicatifs et n° d'abonné

Le numéro d'abonné du central principal de l'ouvrage d'artillerie du Billig au réseau téléphonique de la fortification Maginot était 594
Il utilisait les numéros d'abonnés allant de 594 à 598
Source(s) :
Ordre pour les transmissions du 27 mai 1940



EFFECTIF, Commandement et/ou unité

L'équipage se composait théoriquement de 16 officiers et 521 hommes principalement issus des 167° Régiment d'Infanterie de Forteresse (167° RIF), 151° Régiment d'Artillerie de Position (151° RAP) et du 203° Bon du Génie

Cdt d'ouvrage : Cdt Marcq puis CB Eugène ROY.
Officier adjoint : S-Lt Raspiller
Major d'ouvrage : Lt MICHEL
Cdt artillerie : Cne Edouard SILLARD Edouard (OR) puis Lt du CAURROY (21° Bie)
Officier directeur artillerie : Cne Marcel MILTAT (151° RAP - OR)
Officier adjoint directeur tir : S-Lt de Meglio
Cdt SC artillerie : Lt Latour
Cdt l'infanterie : Lt Henri Auguste SCHMITT (OR)
Officier SRI : Lt Rical
Cdt le Génie : Lt Vuillaume

Bloc 1 : Adj Armand GARNIER-DELAFOSSE
Bloc 2 : Lt BORDEREUIL ou BORDREUIL selon les sources
Bloc 3 : Lt Post
Bloc 4 : SLt Fleury
Bloc 5 : SLt Charpentier
Bloc 6 :
Bloc 7 : Lt Post
EM : S-Lt March

Divers effectifs de l'ouvrage proposés pour récompenses :
- Infanterie (167° RIF) :
Sgt: Henri BROS (adj chef de tourelle)
Soldats: Jules TONNELIER, Augustin DUFRESNE, Paul TRISTAN, Charles MULLIER
- Artillerie (21° Bie / 151° RAP) :
MdL: Lucien CHARLOT
Brig-C: Louis GRANDJEAN (Observateur)
Canonniers: Raymond CASATI (observateur), Frédéric DUTREAU
Source(s) :
SHD - 33N1 - Liste des officiers ayant servi dans les SF de la Ligne Maginot
34N158 : rapport/JMO reconstitué du CB ROY


Officiers composant l'équipage de l'ouvrage après la mesure B d'ordre de repli des ouvrages donné le 16 juin à 22 heures :

• Commandant d’ouvrage : chef de bataillon Eugène ROY (167° RIF)
• Commandant en second : capitaine Edouard SILLARD (au 17 juin 1940 - 151° RAP)
• Officier adjoint au commandant d’ouvrage et renseignements : S-Lt Joseph RASPILLER (167° RIF)

• Commandant l’infanterie d’ouvrage : Lt Henri Auguste SCHMIDT (167° RIF)
• Officier SRI : lieutenant Rigal (167° RIF)
• Officier SRA et commandant l'artillerie d'ouvrage : Lt du CAURROY (Au 17 juin 1940 - 151° RAP)
• Officier adjoint au SRA : aspirant Pachelet
• Officier directeur des tirs : Lt puis Cne au 25/05/1940 Marcel Pierre MILTAT (151° RAP)
• Officier adjoint au DT : sous-lieutenant de Meglio (151° RAP) et MdL Pierre LECLANCHE
• Commandant des SG d’artillerie : Lt André LATOUR (151° RAP)
• Commandant du Génie : lieutenant Vuillaume
• Médecin chef de l’ouvrage : lieutenant médecin Huet

• Commandant du bloc 1 : S-Lt Pierre MARCHE (167° RIF)
• Commandant du bloc 2 : Lt BORDEREUIL ou BORDREUIL selon les sources (167° RIF), chef de tourelle : Adj Louis PAUTOU (mort pour la France en captivité en 1941)
• Commandant du bloc 3 : lieutenant Post (151° RAP)
• Commandant du bloc 4 : S-Lt Georges FLEURY (151° RAP)
• Commandant casemate du bloc 4 : aspirant Montias (151° RAP)
• Commandant du bloc 5 : S-Lt puis Lt Jules CHARPENTIER (151° RAP)
• Commandant du bloc 7 : MdL-C Louis BECHIR (151° RAP)

Personnels cités à différents niveaux :
MdL-C : Henri DUPILLE (151° RAP)
Adj-C : THOUVENIN (167° RIF)
Adj. : Armand GARNIER-DELAFOSSE (167° RIF)
MdL : Othon SALVEGER (observateur), Raymond ROGER, Charles DUCREUX, Lucien CHARLOT (tous au 151° RAP)
Sgt : Henri BROS (167° RIF)
Brig-C : Jean du MAZEL (151° RAP, observateur), Charles ASSEZ, Louis GRANDJEAN (151°RAP)
Cal-C : Albert PLANCHER (167° RIF, détaché dans les blockhaus)
Soldats : Louis JEZEQUIEL, Roger CHATTENET, Emile PINAL (parties du groupe franc de l'ouvrage), Régis SIMART (décédé en captivité en 09/1941), Paul TRISTAN, Charles MULIER, Augustin DUFRESNE, Jules TONNELIER (tous au 167° RIF)
Canonniers : Raymond HARLE, Frédéric DUTREAU, Raymond CASATI (tous au 151° RAP)
Source(s) :
SHD - 34N158


Effectif théorique de l'ouvrage :

Total : 21 / 71 / 456

Infanterie :
- Bloc 1 : 1 / 2 / 16
- Bloc 2 : 0 / 2 / 16
- Bloc 3 : 1 / 3 / 16
- Bloc 4 : 0 / 0 / 3
- Bloc 7 : 0 / 0 / 3
- Entrée : 1 / 3 / 16
- Commandement : 6 / 12 / 56

Artillerie :
- Bloc 1 : 0 / 1 / 3
- Bloc 4 : 2 / 9 / 91
- Bloc 5 : 1 / 6 / 46
- Bloc 6 : 1 / 4 / 31
- Bloc 7 : 1 / 1 / 7
- Commandement : 4 / 8 / 28

Génie :
- Electromécaniciens : 2 / 12 / 61
- Radios : 0 / 1 / 18
- Télégraphistes : 0 / 1 / 8
- Chemin de fer : 0 / 4 / 23
- Sapeurs - Mineurs : 0 / 1 / 14

Santé : 1 / 2 / 0

282 places couchées dans l'ouvrage
Source(s) :
Répertoire Fortifications SF Thionville (33N19)



EQUIPEMENT, Electrique

L'ouvrage est alimenté en électricité par :
- Un poste de transformation alimenté par une arrivée moyenne tension souterraine.
- Une usine électrique comprenant quatre groupes électrogènes diesel trois cylindres de marque SGCM type 3GVU33 développant 125 CV
L'usine électrique est par ailleurs équipée d'un groupe électrogène auxiliaire à moteur CLM 1PJ65 de 8CV fournissant l'éclairage de secours de l'usine et entrainant le compresseur assurant le gonflage des bouteilles d'air nécessaires au démarrage des moteurs SGCM.

La liaison souterraine avec l'ouvrage de METRICH et sa centrale avait été engagée en mai 1940, mais est resté inachevée. La descente avait été creusée et 400m de ligne enterrée avait été équipé.


ETAT ACTUEL , Etat - utilisation actuelle

L'ouvrage a fait l'objet de campagnes de récupération de la part d'associations sauvegardant d'autres ouvrages dans les années 1980
Maintenu fermé jusque au début des années 1990, l'ouvrage a ensuite régulièrement été forcé et livré au pilleurs et autres vandales.
L'armée lassée de ces intrusions a procédé au merlonnage de l'entrée munitions au début des années 2000, avec toutes les limites que l'on connait au procédé.

Les blocs 1 et 3 ont vus comme l'entrée munitions leurs façades remblayées par l'armée pour éviter les intrusions


HISTORIQUE, Chronologie

A la mobilisation, l'ouvrage avait sa dotation normale de coups de 75mm, de cartouches de 7,5mm et de grenades.
Par contre, il n'y avait qu'un dixième de la dotation en bombes de 50mm, et la moitié des cartouches de 47mm.
Après rappel des réservistes, l'effectif est complet pour l'infanterie et le Génie, mais 80% pour l'artillerie. Durant la période 1939-40, le complément d'artilleurs sera fourni par le CISFT.

Les premiers travaux sur les dessus concernèrent le dégagement de la végétation dans les champs de tir. Durant l'hiver 1939-40, l'ouvrage procéda au nivellement d'un angle mort proche de la T75R32 qui interdisait du tir à courte distance en mode antichar. Au printemps 1940, jusqu'en Mai, le réseau de rails autour de l'ouvrage, incomplet sur le front nord et inexistant autour de l'entrée, est complété par les moyens du bord. Un réseau bas de fil barbelé est établi en parallèle en cloisonnement entre les blocs.

Lors de la drôle de guerre, l'ouvrage connu une affaire d'espionnage. Une serveuse nommée Lili travaillant dans une brasserie de Thionville a réussi à pénétrer dans l'ouvrage à plusieurs reprise accompagnée de deux officiers dont on imagine les desseins (sans jeu de mots). Cette serveuse travaillait en fait pour le compte de l'Allemagne et les deux officiers finirent aux arrêts de rigueur.

Les deux projecteurs sur mats des blocs 1 et 3 sont livrés en mai 1940 et installés au dernier moment, début Juin...

La liaison électrique souterraine avec l'ouvrage de Metrich, commencée en mai 1940, était inachevée. Deux observatoires auxiliaires externes furent établis, l'un prés de BiCHEL Sud et l'autre proche du B7 de l'ouvrage.

Les travaux internes, toujours avec les moyens du bord, permirent :
- l'installation de la climatisation de l'ouvrage (in extremis en Juin)
- Le renforcement des trémies n°4 avec les pièces métalliques livrées en novembre 1939.
- l'installation de douches de décontamination pour gazés dans le casernement
- les moyens d'observation des cloches GFM et la VP sont bloquées par la glace en hiver. Des radiateurs sont récupérés ailleurs dans l'ouvrage pour équiper les cloches, apportant solution au souci.
- amélioration des sanitaires et douches pour permettre le lavage des effets à l'intérieur de l'ouvrage.

Durant toute la période de drôle de guerre, l'ouvrage n'est pas pris à part. Les activités se limitent à des activités de patrouille et d'entrainement au tir d'artillerie. L'ouvrage ouvre réellement le feu (75/32 du B4 en direction de la route Kontz-Berg) le 12 mai 1940, suivi par la tourelle de 75R32 le 27 mai quand l'ennemi entre dans la zone frontale de celle-ci lors du repli des défenses de frontière. Son tir s'intensifie à mesure que les Allemands approchent de Fréching, Kerling, Kirchnaumen...

- 14 juin 1940 : Après retrait des troupes d'intervalle le 13 juin au soir, les infiltrations dans le bois de Billg débutent dès 5h du matin. L'ennemi monte à travers bois dans le vallon allant vers B5-B3 et Cb2bis. Ils sont arrêtés par les deux croisés de METRICH et HACKENBERG. Une colonne motorisée montant vers Oudrenne est arrêtée et dispersée par l'artillerie de l'ouvrage. Le CB ROY envoie une patrouille extérieure récupérer l'armement laissé à l'abri de BICHEL Sud et reconnaitre le PC du I/167° RIF à AULENBUSCH. Dans la soirée, le HACKENBERG ordonne un tir de la tourelle du B4 derrière Fréching (60 cps.).

- 15 juin 1940 : les ponts sur la Moselle, la Canner et la Bibiche sautent à 0h. Durant la journée l'ouvrage a tiré plusieurs centaines de coups de 75mm, essentiellement pour ralentir l'investissement complet du bois de la Hart, encore défendu, et les approches de la vallée d'Oudrenne. Vers 7 heures, le capitaine SILLARD procède à une concentration de 75 sur le village de Lemestroff, où viennent d'entrer les Allemands, provoquant la débandade dans le camp Allemand. Vingt obus de 135 venant des ouvrages voisins achèvent l'intervention, qui se traduit par l'effondrement de plusieurs maisons. A 8h du matin, un obus de 81 explose dans la tourelle du bloc 6 et fait deux blessés graves, dont le 2e cannonier JOLIVALT, envoyés à l'infirmerie après avoir été récupérés dans la tourelle en feu par le brigadier chef WEBER qui a la présence d'esprit de redémarrer la ventilation de la chambre de tir...
La journée du 15 est marquée par la valse hésitation du col O'SULLIVAN qui envoie à 17h pour exécution à 22h l'ordre d'abandon par la croûte défensive restante sur la position et des ouvrages et casemates. Compte tenu des informations reçues du SF de la Crusnes, il change d'avis peu de temps après et limite son ordre de décrochage à la mesure A (troupes d'intervalle restantes et 40% des équipages de casemate et d'ouvrage). Restent les mesures B et C... A 22h, l'échelon A se regroupe dans les galeries et l'ensemble, sous commandement du Lt MICHEL (major d'ouvrage), prend le chemin pour retrouver le 167° RIF. Cb1, 1bis, 2 et 3 sont encore occupés par quelques hommes du BILLIG.

-16 juin 1940 : l'ouvrage est toujours opérationnel bien qu'à effectif réduit, mais sa protection extérieure d'infanterie est nulle... La fin de nuit est marquée par de nombreuses infiltrations allemandes dans le réseau de la LPR et de l'ouvrage, difficile à repousser dans le brouillard matinal. Cb2bis et le B3 de l'ouvrage sont pris à partie, mais dégagés par les feux de METRICH et HACKENBERG vers 5h.
A 9h30, une patrouille est envoyée sur la Kanner pour rétablir un pont à minima, celui d'Inglange. Il est utilisé immédiatement pour l'évacuation des deux blessés de la T81, transportés par la voiture privée de l'entrepreneur des travaux de climatisation.
Les servants de la cuve de 65mm d'Inglange, "oubliés" par les éléments en repli partis la veille, sont récupérés à l'occasion et retournent au BILLIG avec les culasses des pièces.

Dans la soirée, le Col O'SULLIVAN, informé de la percée allemande dans la Sarre, décide l'exécution de la mesure B (prévue le soir même à 22h) mais sursois à la mesure C. Les équipages resteront donc sur place. Dans l'ouvrage, des mesures drastiques de rationnement et de récupération de vivres à l'extérieur sont mises en place avec pour objectif de tenir 3 mois encerclé.
Le plan de feu est remanié et la défense de l'entrée est renforcée par un barrage antichar. La responsabilité d'une GFM de l'entrée est transférée à l'artillerie comme observatoire.

-17 juin 1940 : les Allemands arrivent sur les arrières de l'ouvrage, confortant à postériori la décision d'O'SULLIVAN de résister sur place. Toute la matinée ils se montrent agressifs, tentant des incursions dans les réseaux et les abords des blocs Cb1, 2 et 2bis ainsi que l'abri X20, à chaque fois repoussés par l'artillerie des ouvrages.
Dans l'après-midi, des signes semblent montrer que les Allemands écoutent le réseau téléphonique de forteresse. Dorénavant la communication passera par la radio.
A partir de 16h15, l'ouvrage reçoit ordre de participer à la couverture de l'ouvrage du MONT des WELSCHES. 880 coups de 75 à balles et explosifs sont tirés jusqu'à 23h30.

- 18 juin 1940 : dés 1h00 du matin c'est au tour de HUMMERSBERG Nord et l'abri du HUMMERSBERG de demander des tirs de couverture. La tourelle de B4 et les pièces du B5 entrent en action. Le calme revient à 2h00, mais pour une courte période. A 4h, l'ennemi est dans le réseau de l'abri de HUMMERSBERG, et les tirs reprennent de plus belle pendant 1/2 heure.
Dans la matinée, tentatives d'approche de l'ouvrage par le nord-est, repoussée par les Mo50mm de cloches (1800 projectiles tirés).
L'après-midi est consacré au harcèlement des colonnes et éléments adverses à Montenach, Kirchnaumen, Haute-Sierck...

- 19 juin 1940 : journée plus calme, les Allemands se mettant en position d'attente d'un armistice inéluctable. Dans la soirée, traitement des infiltrations entre le MONT des WELSCHES et le HACKENBERG à l'aide des 75mm du B5.

- 20 juin 1940 : nouvelles tentatives d'infiltration vers les blocs 3-5-6 en provenance des avants de l'ouvrage. Les échanges de tir durent de 1h00 à 9h00 du matin.
Dans l'après-midi, 6 tirs totalisant 360 cps sont effectués sur Haute-Sierck et St François, avec succès.

- 21 juin 1940 : la casemate C53 appelle à un tir de couverture dés 2h du matin. La situation est sérieuse autour de celle-ci qui en outre est bombardée par l'artillerie. Un premier tir d'arrêt est inefficace, mais la batterie allemande tirant sur C53 est repérée et contrebattue avec succès.
Parallèlement, entre 2h50 et 3h30 le bloc Cb1 est dégagé par les feux des B3 et tourelle du B2. Renouvellement du tir de dégagement peu après, avec action du B5.
A partir de 8h00, demande à METRICH et HACKENBERG d'effectuer les tirs de couverture prévus pour protéger la relève des éléments occupant les abris d'intervalle.

- 22 juin 1940 : journée calme hors traitement par la tourelle du B4 de rassemblements ennemis sur la route entre Elzange et Inglange vers 13h.

- 23 juin 1940 : nouvelle journée relativement calme. Une tentative venant du sud vers l'ouvrage est traitée. Dans la matinée, tir de protection de relève des abris et casemates occupés par les ouvrages voisins, comme le 21.

- 24 juin 1940 : matinée calme jusque vers 14h, où des tirs du B4 (casemate et tourelle), traitent des rassemblements vers Gavisse, et au carrefour d'Inglange. A 22h, le HACKENBERG appelle pour demander des tirs de protection et d'épouillage des blocs du demi-ouvrage ouest et de l'EM, attaqués massivement par l'ennemi. Le BILLIG et le MONT des WELSCHES entrent en action jusqu'à 0h17 le 25. BILLIG tire ainsi de façon pratiquement continue 2030 coups sur son voisin.

- 25 juin 1940 : Cessez le feu à 0h30.
A 9h un poste radio est installé devant l'entrée pour aller aux nouvelles. A partir de 12h, des messages sont envoyés sur fréquences de commandement pour informer l'armée de la situation invaincue des ouvrages du SFT et demander des ordres.
Ce n'est qu'à 23h30 que les premières consignes arrivent via le METRICH où est basé le Col O'SULLIVAN :
- les conditions d'armistice prévoient la remise des ouvrages intacts à l'ennemi.
- tout acte de sabotage sera considéré comme une violation de ces conditions,
- les équipages restent dans les ouvrages en attendant les ordres détaillés, mais toute communication radio est désormais interdite.
- il faut commencer à repérer et déséquiper les champs de mines et de piquets Ollivier sur la LPR.
- un jeu complet de cartes de la position, de plans des ouvrages et de leurs réseaux doit être compilé et tenu à disposition du commandement du SFT à METRICH.

- 26 juin au 2 juillet 1940 : rien à signaler.

- 3 juillet 1940 : une réunion avec des représentants allemands est tenue au METRICH à 9h, précisant le processus de remise des ouvrages le lendemain. Un sous officier allemand récupère les clés des magasins à munitions des ouvrages.

- 4 juillet 1940 : l'équipage se regroupe à 3h à l'entrée de l'ouvrage. Un détachement allemand de 30 hommes arrive à 7h.
Source(s) :
SHD - 34N158 - Rapport/JMO reconstitué du CB ROY



HISTORIQUE, Construction

Le "petit ouvrage" (au sens de cette époque) de BILLIG est considéré dés les avant-projets de tracé de la position Moselle-Nied pour faire le lien d'artillerie de flanquement entre les ensembles de METRICH et HACKENBERG.

Le projet de plan de masse du BILLIG (125/S) est présenté lors de la 32° réunion CORF (27 Février 1930) comme ouvrage composé de deux demi-petits ouvrages (N-O et S-E) non reliés entre eux. Le projet est approuvé le 5 Mars suivant sans presque de discussions hormis le fait de remonter les deux casemates de mortiers de 75mm (B4 et B5) et d'essayer de les associer aux blocs d'infanterie B1 et B3.

Une version du plan d'implantation de l'ouvrage et de plan de masse corrigé est produite par la DTF de Metz-Est (dossier 344/S) et présentée le 12 Juin 1930 à la CORF. Ce projet tient compte des commentaires précédents pour ce qui concerne la position des deux blocs d'artillerie de flanquement, mais l'idée de réunion des blocs d'artillerie et d'infanterie n'a finalement pas été retenue du fait de difficultés de défilement et de taille excessive de bloc. L'idée initiale de demi-ouvrages indépendants a aussi évolué dans l'intervalle, et le projet proposé contient maintenant une communication commune aux deux demi-ouvrages avec entrée arrière unique, option jugée plus rationnelle et moins couteuse au final.

Le devis estimatif est de 39,7 millions de F et l'effectif prévisionnel de 259 hommes dont une section de défense des intervalles.

La nouvelle disposition est approuvée par la CORF sous réserve que l'angle mort dû à la crête devant le B5 soit minimisé, soit par déplacement du B5 vers B3, soit par délardement de l'arête. Le casernement souterrain, trop loin de l'entrée, est à rapprocher du bloc observatoire de la cote 273,4. Moyennant cela, l'EMA appouve le plan de masse et d'implantation de l'ouvrage respectivement par DM 1330 3/11-1 du 26 Juin 1930 puis DM 1645 2/4-S du 9 Juillet 1930.

Le marché de gros-œuvre de l'ouvrage est passé à l'entreprise OSSUDE de Paris le 16 Septembre 1930, pour un montant de 33,23 MF. Les travaux démarrent en suivant.

Un an plus tard, en octobre 1931, l'état des lieux est le suivant :
- B1 : terrassement achevé. Pont de service en cours d'installation
- B2 : bloc tout juste bétonné (1er bloc de l'ouvrage)
- B3 : terrassement en cours.
Les autres blocs ne sont pas encore entamés, sauf les puits des B4 et B6, par contre les trois puits de service sur la galerie principale sont établis. Du côté de celle-ci, elle est percée de l'entrée jusqu'au B3 et au rameau du B5, incluant l'égout visitable. La partie non visitable de l'égout (buses) est achevée. En tête d'ouvrage, les galeries en pied de bloc 6, du bloc 4 et entre B1 et B2 sont fouillées.

Mi-1936, l'ouvrage est techniquement achevé. Les premières occupations ont cependant mis en évidences un certain nombre de défauts à corriger et d'améliorations nécessaires à l'habitabilité de l'ouvrage. Ces améliorations sont inscrites au programme de 1937 et recouvrent :
- l'alimentation électrique par l'arrière
- la création d'un garage simplifié pour locotracteurs
- l'amélioration de l'étanchéité et la chasse aux infiltrations
- la modification des prises d'air en carneau des blocs d'artillerie
- l'aménagement et l'amélioration des casemates pour 75mm R32
- l'amélioration de l'évacuation de l'eau des blocs vers l'égout principal de l'ouvrage
- le remplacement des portes de sas par des portes étanches
- la modification et l'amélioration de l'aménagement des PC.
- la mise en place du système d'alerte aux gaz
le tout pour un montant additionnel de 805.000 Fr. Au 30 Octobre 1937 ces travaux sont achevés.
Source(s) :
SHD 7N3810, 6V11100, 9NN4423





Fils de discussion



ouvrage du billig A18 combats
17 messages, le dernier est de SCHOEN le 05/05/2020

L'ouvrage du Billig sous l'occupation - Le SC LORENT Jean du 2° Génie
Posté par Pascal le 20/05/2017



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