Ligne Maginot - ANZELING - A25 (Ouvrage d'artillerie)



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ANZELING - A25

( Ouvrage d'artillerie )









Secteur Fortifié
SFB - SF Boulay

Sous Secteur
Burtoncourt

Quartier
Freistroff

Maître d'ouvrage
MIL - CORF

Constructeur
Entreprises civiles

Année
1935

Commune
PIBLANGE (57220)

Lieu-dit / Parcelle

Coordonnées
49.257833 - 6.453985

Validité information
Verifié

Niveau de réalisation en 1940
Construit

Etat actuel
Incomplet





Plan sommaire








Notes et informations



ARMEMENT, Observation

L'observation d'artillerie de l'ouvrage était dévolue à 5 observatoires, non installés dans l'ouvrage.

- Observatoire cuirassé d'HESTROFF (O10)
- Cloche VDP du bloc 1 de BOIS de BOUSSE (O11)
- Cloche VDP du bloc 3 de BERENBACH (O12)
- Cloche VDP du bloc 5 de BOVENBERG (O13)
- Un observatoire de circonstance était prévu sur la croupe Ouest de Freistroff, soit 3000m en avant de l'ouvrage. Il devait être replié dés l'arrivée de l'ennemi.


CONSTRUCTION, Cout

Le cout de la construction de l'ouvrage d'Anzeling a été de 122 Mio de francs (valeur 1930)

le 3 mai 1930, en 1° urgence l'ouvrage est estimé à 100,8 millions.
En novembre 1934, le coût de l'ouvrage est de 121,345 millions.
Source(s) :
Le muraille de France (page 534) -Truttmann Phillipe


Le 3 juin 1930, l'Anzeling est estimé en 1°urgence à 100,8 millions.

En novembre 1934 l'Anzeling à couté 121,375 millions.
Source(s) :
La muraille de France ou la Ligne Maginot(page 534) - Truttmann Philippe


La somme de 398 000 frs est allouée en 1937 pour l'installation d'un dispositif de protection contre l'incendie dans le magasin M1 de l'ouvrage, avec une fin de travaux prévue pour décembre de la même année
Source(s) :
SHD - 9 NN 4423



CONSTRUCTION, Description

Plan de masse :

Entrée hommes (en puits) :
- 1 créneau de jumelage de mitrailleuses REIBEL MAC 31 et canon anti-char de 37 mm
- 2 créneaux FM de façade
- 1 cloche lance-grenades (non équipée)
- 2 cloches GFM A
- 1 créneau FM de défense intérieure
- 2 goulottes à grenade de protection du fossé

Entrée munitions (en plan incliné) :
- 1 créneau de jumelage de mitrailleuses REIBEL MAC 31 et canon anti-char de 37 mm
- 2 cloches GFM type A
- 3 créneaux FM de façade
- 3 créneaux FM de défense intérieure
- 2 goulottes à grenade de protection du fossé

Bloc 1 (flanquement d'infanterie nord/gauche vers BOUSSE) :
- 1 créneau de jumelage de mitrailleuses REIBEL MAC 31 canon anti-char de 37 mm
- 1 créneau de jumelage de mitrailleuses REIBEL MAC 31
- 1 tourelle de mitrailleuses (jumelage de mitrailleuses REIBEL MAC 31), transformée pour arme mixte.
- 2 cloches GFM type A
- 1 créneau FM Mle 24/29 de défense de façade.
- 1 goulotte à grenade de défense de fossé.
Une issue de secours débouche en fond de fossé.
NB : La transformation de la tourelle est effectuée, mais l'arme mixte ne sera jamais livrée

Bloc 2 (flanquement d'infanterie droit vers BEHRENBACH et défense des dessus):
- 1 tourelle de mitrailleuses (jumelage de mitrailleuses REIBEL MAC 31), transformée pour arme mixte.
- 1 cloche GFM type A
NB : La transformation de la tourelle est effectuée, mais l'arme mixte ne sera jamais livrée

Bloc 3 (protection périphérique):
- 1 tourelle de 81 mm
- 2 cloches GFM type A

Bloc 4 (action frontale) :
- 1 tourelle de 75 mm modèle 33
- 1 cloche GFM type A
- 1 cloche lance-grenades

Bloc 5 (flanquement d'artillerie gauche et action frontale):
- 1 tourelle de 135 mm
- 1 créneau de 135 mm
- 2 cloches GFM type A
- 1 créneau FM Mle 24/29 de défense de façade.
- 1 goulotte à grenade de défense de fossé.
Une issue de secours débouche en fond de fossé.

Bloc 6 : Non construit
Les dessous du bloc non construit seront utilisés pour installer le PC de l'ouvrage

Bloc 7 (flanquement d'artillerie droit) :
- 1 tourelle de 75 mm modèle 33
- 1 cloche GFM type A

Bloc 9 ou DCEG (Défense de la Cheminée d'Evacuation des Gaz):
- 1 créneau de jumelage de mitrailleuses REIBEL MAC 31 et canon anti-char de 47mm
- 1 créneau de jumelage de mitrailleuses REIBEL MAC 31
- 1 tourelle d'arme mixte + mortier de 50 mm
- 1 cloche GFM type B
- 1 créneau FM Mle 24/29 de défense de façade.
- 1 goulotte à grenade de défense de fossé.
Une issue de secours débouche en fond de fossé.
Il est à noter que ce bloc construit tardivement sera réalisé selon les principes prévalant pour les nouveaux fronts, ce qui explique que ce bloc soit le seul de l'ouvrage à être doté d'une cloche GFM type B. Ce bloc devait comporter une nouvelle évacuation des gaz qui aurait permis de transformer le bloc cheminée (CEG) en bloc de prise d'air supplémentaire.


Bloc non numéroté, mais codé bloc CEG (Cheminée d'Evacuation des Gaz) déstiné a l'évacuation des fumées et de l'air vicié:
- Aucun armement actif, mais un fort obstacle passif autour, ainsi qu'une grille électrifiée à 750 ou 1500 V (commutation à partir de l'usine). La fragilité et visibilité de cette grille a fait débat.

Deux blocs factices destinés à attire les tirs d'artillerie.
L'un est muni d'une fausse tourelle de mitrailleuse (FB1) et le second de deux fausses cloches (FB2)


DENOMINATION, Indicatifs et n° d'abonné

Les numéros d'abonnés de l'ouvrage au réseau téléphonique de la fortification Maginot étaient :
- Central principal : 718
- ...


EFFECTIF, Commandement et/ou unité

L'ouvrage d'Anzeling est sous les ordres du Cdt. Ernest GUILLEBOT
Son effectif se compose de 27 officiers et 760 sous-officiers et hommes, ou 23 officiers, 86 sous-officiers et 670 hommes - selon les sources - appartenant aux 162° R.I.F. et 153° R.A.P.
Ces variations de chiffres ne sont pas anormales et dépendent de la période de recensement.

Organisation au 10 Mai 1940:

- Officier adjoint de l'ouvrage : Lt DOYEN puis LT ROBLOT puis Lt HEINZ
- Major d'ouvrage : Lt GROGNET
- Commandant de l'Infanterie : Cne HUE - 203 hommes du 162° RIF.
- Adjoint : Lt YVEN puis LT DOYEN
- Commandant de l'Artillerie : Cne SALOMON - 277 hommes du 163° RAP
- Commandant du Génie : Cne KASPER - 154 hommes du 202° BG Forteresse

Service de Santé :
- Médecin-Lt SCHATTNER puis début 1940 Médecin-Lt BENET;
- Médecin aux. COCHINARD (Fils du Col COCHINARD commandant le SF Boulay) ;
- Pharmacien Aux. BIER

- EM: Lt LAMAZE
- EH: AC BROCHIER
- Bloc 1: Lt DESFOSSES
- Bloc 2: AC GOTTWALLES
- Bloc 3: Lt DARBLAY
- Bloc 4: Lt MARTEL
- Bloc 5: Lt PERRIN
- Bloc 7: S/Lt CEZARD
- Bloc 9: Lt YVEN
- Magasin M1 et Officier Z: Lt GUENOT

Génie (202° Bon du Génie de Forteresse): Cne KASPER
- Détachement de sapeurs-mineurs (36 hommes) : Lt MORAND
- Détachement électromécaniciens (83 hommes) : Lt DECOMPS, puis LT JOUBERT en avril 1940 suite à accident
- Zone avant : Lt GENIN, AC MAGER (Tourelles et MC), Adj THALER (Electricité, ventilation)
- Zone arrière : Lt SCHMITT, puis LT BARRIEUX début 1940, Adj GUERLOT (Centrale), AC VALLOIS (Electricité, Ventilation)
- Détachement Sapeurs de Chemin de Fer (34 hommes détachés par le groupe de SCF n° 607) : Lt MULLER

Transmission (202/81 et 202/82) : Lt DUPRAT
- Adj. LUCIUS René ;
- Sgt. SCHERER Albert ; Cal/Ch. DUPRET Maurice ;
- MO. CARON Roland ; MO. VICTORIN René ;
- 2°S/T. ARLIX Henri, BOUCOT Robert, DENEUBOURG Marcel , GRANDEMANGE Robert, GONET Maurice, JOIADE Henri, LELONG Noël, MERTES Mathias, THOUVENIN Georges, TRUFFET Eugène, VERNIER André ; , PIERROT Charles, MANSION ,MARCHA Léon ,VANDEKERKOVE Léon , MERCIER

Transport (ex 15° RG) :
- Lt MULLER, trois sous-officiers et 30 sapeurs de chemins de fer


EQUIPEMENT, Divers

Bien que normalement opérationnel à la mobilisation, et d'une conception globale remarquable, l'ouvrage souffrait cependant de déficiences mineures et de manques:
- Pas de ciment ou de matériaux de construction pour faire d'éventuelles réparations,
- Sous-dimensionnement des places couchées,
- Pas de local de lavage (et encore moins de séchage, qui aurait été un vrai défi...) de linge,
- Pas de cercueils ou de matériel pour en fabriquer, ni même de local de stockage, prévu mais non réalisé.
- Pas d'explosifs spécifiques pour le Dispositif de Mine de la galerie principale. Ce dispositif sera finalement chargé durant la drôle de guerre.
- Aucun véhicule de transport organique, le mettant à la merci du bon vouloir des troupes d'intervalle,
- Le local de stockage de viande n'est pas refroidi, mais juste ventilé. La viande stockée s'y dégrade rapidement. Un nouveau local à viande sera réalisé sur la galerie du bloc 9, mais le groupe froid ne sera jamais livré.
Une partie de ces déficiences seront corrigées pendant la période Septembre 1939-Mai 1940.

Une salle de projection cinématographique équipée d'un projecteur 16 mm parlant de marque Debrie a été installée début 1940 dans l'ouvrage.

Cette salle a été aménagée dans le local des locotracteurs, seul local assez vaste pour accueillir 140 personnes. cette salle dont le rôle premier reste la maintenance du matériel ferroviaire était équipée d'une installation démontable et d'un écran s'effaçant vers le haut en temps normal.

La traction était assurée dans l'ouvrage par trois locotracteurs électriques pour voie de 60 de marque SW


EQUIPEMENT, Electrique

En 1939 l'ouvrage est équipé dun systéme déstiné à la régénération des huiles des transformateurs électriques usagées des ouvrages du secteur. Cet appareil électrique de marque MAXEI se compose d'un dégazoleur, d'un vaporiseur, d'un condensateur, d'un désodoriseur et d'un Ultra Filtre .
un second appareil identique existait au fort d'Illange.

L'usine était initialement équipée de moteurs diesel 2 temps de marque Alsthom.
Trop gourmands en air, ces moteurs ont été remplacés par des moteurs SGCM diesel 4 temps , les alternateurs d'origine étant conservés.
Ce remplacement a été mené pour le même motif dans plusieurs ouvrages de la RFM en 1938. La décision de les remplacer date du 10 Avril 1937 (DM 3309 2/4-S pour un montant de 1.008.000 Fr avec achèvement prévu mi-1938.
Les finitions de ce travail de remplacement (enduits, peinture, derniers ajustements sur la tuyauterie...) sont réalisées après mobilisation par le Génie de l'ouvrage.

A la mobilisation, l'usine était donc équipée de 4 groupes à moteurs SGCM type G4V 42 à quatre cylindre de 225 CV (150 kVA) flambant neufs. En principe le fonctionnement de l'ouvrage nécessitait seulement deux (ou trois en cas de marche en régime "gazé") groupes.

A partir de 1938 , l'ouvrage est alimenté depuis le réseau civil par une liaison aéro-souterraine depuis le poste de transformation de Bettelainville. La tension de 10 kV est abaissée dans l'usine de l'ouvrage à 440 V qui est la tension normale de distribution. La puissance disponible de 800 kVA permet le fonctionnement de la "climatisation" de l'ouvrage pour lutter contre l'humidité.
En cas de disparition du réseau électrique civil, l'usine électrique équipée de moteur SGCM de prenait le relais.

La traction électrique (voie ferrée de 60) était assurée par deux groupes convertisseurs de 40 et 70KVA fournissant le 600V continu nécessaire au fonctionnement des locotracteurs de l'ouvrage.

Du fait de la longueur de la galerie entre l'usine située à l'arrière de l'ouvrage et la sous-station alimentant les blocs située elle sur l'avant, le transport de l'énergie électrique était assuré en 3 000 volts grâce a l'utilisation de transformateurs elevateurs-abaisseurs de tension.

Après guerre, deux des groupes inutilisables furent remplacés par des groupes qui avaient été transférés au Hackenberg par l'occupant pour remplacer les SGCM de cet ouvrage, prélevés pour des bases de sous-marin.


EQUIPEMENT, Hydraulique

L'alimentation en eau de l'ouvrage est assurée par trois puits de 12 à 15m assurant un débit total de 50 m3/h. Deux de ces puits sont localisés aux extrémités de la gare inférieure du plan incliné de l'EM, et le troisième est dans un local (ancien puits de service) sur la galerie de l'EH. Ces puits étaient équipés de pompes à pulsateur hydraulique FLUX.

L'alimentation aurait été insuffisante en cas de marche permanente de l'usine en circuit ouvert. Pour pallier ce problème, un captage de l'égout principal, collectant les chapes intérieures et infiltrations, a été envisagé (5 m3/h supplémentaires environ). Il faut noter au passage que la pompe de dénoyage de l'égout principal en cas de bouchage, de 2 m3/h, était notoirement sous-dimensionnée. Le refoulement de cette pompe aboutit en surface sur les dessus, sans protection... Le remplacement de la pompe de 2 m3/h par deux pompes plus puissantes est programmé, les pompes livrées, mais la mise en service ne sera pas réalisée faute de temps. Le nouveau refoulement par le bloc CEG est par contre en place.

Les blocs avants, trop éloignés des réserves et puits arrières, auraient nécessité pour leur alimentation une puissance de pompage considérable. Ils sont en fait alimentés séquentiellement au moyen d'un wagon citerne équipé d'une pompe de refoulement.

Bien que l'eau des puits soit réputée potable, elle est cependant biologiquement traitée avant distribution à la cuisine ou dans les locaux de casernement par des appareils de carbo-chloration continue ou discontinue.


EQUIPEMENT, Mobilier et second œuvre

Les tableaux ornant le mess des officiers ont été peints par le Lt HAFFNER du 2° Génie. Il est aussi l'auteur du projet de réaménagement du mess qui fut réalisé fin 1939.

Une chambre froide sera construite dans l'ouvrage par les sapeurs mineurs de l'équipage sous l'autorité d'un ouvrier spécialiste envoyé par la RFM. Celle ci était installée dans la galerie menant au bloc 9 en face de l'atelier Génie-Artillerie. Elle était isolée par une cloison en aggloméré de liége et dotée d'une porte isolante.
Le groupe froid qui devait l'équiper n'a jamais été livré.


EQUIPEMENT, Extérieurs

L'ouvrage est alimenté en matériels, vivres et munitions par un embranchement de voie ferrée de 60 relié au réseau militaire du secteur ainsi que par route.
L'approvisionnement se fait par l'entrée munitions, soit par camions déchargés dans le hall d'entrée, soit par des rames ferroviaires composées de trois plateformes mle 1888 (soit 24 tonnes utiles) pouvant pénétrer dans l'ouvrage jusqu'au magasin M1 grâce à un plan incliné entre l'entrée munitions et la galerie principale. Sa pente est de 25% et la différence de niveau d'environ 10 mètres


GENERALITES, Spécificités

Le PC de l'ouvrage (infanterie, artillerie, transmission) est installé dans des locaux de dessous construits initialement pour le Bloc 6 finalement reporté en 2ème cycle. Ceci explique leur configuration particulière. Le PC du Génie était localisée dans le casernement par manque de place au "bloc 6".

Deux faux blocs sont construits sur les dessus, entre les blocs 1, 3 et 5. L'un est une fausse tourelle de mitrailleuses, et l'autre représente deux fausses cloches GFM.

Le bloc 9 dispose de deux sorties cheminées en arrière de façade. Ces sorties, inutilisées par manque de temps, étaient destinées à permettre la conversion du bloc cheminée situé derrière en prise d'air de secours.

Le bloc CEG est protégé par une grille électrifiée qui en fait le tour complet. Sans doute seul exemple dans toute la ligne Maginot, dont on voit encore la murette de support de nos jours.

L'ouvrage a la (mauvaise) réputation d'être le plus humide de toute la ligne Maginot du Nord-est...


ETAT ACTUEL , Etat - utilisation actuelle

1985 - Une rame de trois plateformes d'artillerie Pechot (n° 1855, 2519 et 3837) est stationnée sur la voie de 60 entre Bockange et l'ouvrage.
Un wagon citerne complète cette rame aujourd'hui disparue
Source(s) :
Photos M Mansuy



HISTORIQUE, Chronologie

Fin 1939, début 1940, un sous-officier communiste affecté à l'ouvrage voisin du MICHELSBERG est arrêté pour avoir diffusé des tracts subversifs qu'il imprimait sur de la pâte à polycopier.

Dans ses affaires est trouvé un carnet comportant une liste de personnels du Génie affectés à l'ouvrage d'ANZELING, dont le Sgt HENRY, électromécanicien et le caporal secrétaire-dactylo du PC de l'ouvrage et une dizaine de sapeurs du détachement de l'ouvrage

Après enquête et interrogatoire mené par la Police Spéciale finissent par laver le personnel de tout soupçons, la liste retrouvée étant en fait celle de personnels partis se mettre au vert au Centre de Formation de Forteresse 202 à Verny, liste que le sous-officier félon du MICHELSBERG avait relevé pour tenter de nouer des contacts et d'étendre son réseau subversif.

Avant le 18 Mai 1940, l'ouvrage ne subit pas d'attaque ni ne tire sur l'ennemi.

- 18 Mai 1940: L'ANZELING ouvre le feu sur Beckerholz, où des éléments ennemis s'approchent de l'avant-poste. Des mines sont disposées autour de l'ouvrage pour protéger les approches.

Le calme revient sur le secteur jusqu'au 10 Juin.

- 10 Juin 1940 : repli des avant-postes et détachements avancés.

- 13 Juin 1940 : Dans la matinée: les 75mm sous tourelle tirent sur Freistroff où les Allemands se seraient infiltrés. Vers minuit les 75mm tirent à nouveaux sur le village. Au soir, les troupes d'intervalle se replient sur ordre. L'équipage d'ouvrage reste sur place mais doit se préparer à évacuer à son tour quelques jours plus tard une fois sa mission de protection accomplie. Ce même jour l'alimentation électrique par l'arrière est coupée.

- 14-15 Juin 1940 : L'ennemi cherche le contact et se rapproche de la LPR. L'ouvrage tire de nombreuses salves sur les villages en avant de la LPR (Remelfang, Freistroff, Hoemerich,...). Des patrouilles s'approchent du village d'Anzeling. Dans la soirée, réception de l'ordre d'abandonner l'ouvrage le 16, après destruction.

- 16 Juin 1940 : L'ordre d'évacuation est annulé du fait de la percée de la Sarre par la 1° Armee allemande, entrainant une coupure des routes de repli. Le Col COCHINARD, commandant du Secteur Fortifié, s'installe avec son EM dans l'ouvrage. Il emprunte le bureau du commandant du Génie.

- 17 Juin 1940 : l'ennemi est au contact des blocs avants de l'ouvrage. Un regroupement d'allemands dans le triangle de voies de chemin de fer devant l'ouvrage de BOUSSE (évacué par erreur la nuit précédente) est dispersé par l'artillerie sous tourelles. Les premières troupes d'encerclement arrivent sur l'arrière vers les entrées dans la soirée.

- 18 Juin 1940 : Tentatives d'infiltrations entre ANZELING et BERENBACH.

- 19 Juin 1940 : Les arrières de l'ouvrage sont bombardées par artillerie. Plusieurs colonnes motorisées allemandes tentant de passer sur les routes autour de l'ouvrage sont canonnées à vue. L'une d'entre elle se dirige même par erreur vers l'Entrée Hommes et est détruite par le 37mm de l'entrée asssité de la tourelle de 81mm du Bloc 3.

- 20-21 Juin 1940 : journées plus calmes. Quelques tirs d'appui en avant des ouvrages de DENTING et BOVENBERG.

- 22 Juin 1940 : Des parlementaires ennemis essaient d'obtenir la reddition de l'ouvrage, sans succès. L'ouvrage appuie le MONT des WELSCHES qui est attaqué de front ce jour là.

- 23 Juin 1940 : La tourelle de 75mm du Bloc 4 bombarde le camp de Bockange où des éléments allemands fêtent bruyamment l'armistice annoncé. Dans la journée, appui de l'ouvrage de BERENBACH autour duquel se produisent des infiltrations.

- 24 Juin 1940 : L'ouvrage est une fois de plus bombardé par l'artillerie, sans effets. Dans la soirée, nouveaux tirs d'appui sur le MONT des WELSCHES.

- 25 Juin 1940 : Cessation du feu à 0h35. Le Col COCHINARD entame des discussions avec le commandement ennemi, mais refuse de rendre les ouvrages sans ordres du GQG Français.

- 28 Juin 1940 : le Génie de l'ouvrage procède à l'enlèvement des mines installées plus tôt.

- 30 Juin 1940 : le Lt-Col MARION de la Commission d'Armistice visite l'ouvrage et apporte l'ordre d'évacuation et de cession des fortifications à l'ennemi. Cet ordre est confirmé le lendemain lors d'un entretien avec le Lt-Col de SOUZY, qui précise que l'évacuation adviendra le 3 Juillet.

- 3 Juillet 1940 : Evacuation de l'ouvrage à 9h, et défilé en bon ordre devant le Col COCHINARD. L'équipage part en captivité.

Dans les années 1990, un adolescent du village d'Anzeling a péri asphyxié dans les galeries de l'ouvrage. Il faisait partie d'un groupe de récupérateurs de métaux qui avait allumé un feu dans les dessous de l'ouvrage.

L'ouvrage a été déclassé du domaine public de l'état défense par décret du 05 mai 1997. Il a ensuite été cédé à un particulier qui s'est servi de la galerie principale comme stand de tir.

- 18 décembre 1939: Chamberlain visite l'ouvrage d'Anzeling.
Source(s) :
"Faites sauter la ligne Maginot", pages 92, 336 et 337


Sur la période du 2 septembre 1939 au 10 mai 1940, l'ouvrage a été visité par un certain nombre de personnalités civiles et militaires : Duc de Windsor, Premier Ministre Chamberlain, Sir Cyril Newall chef de la RAF accompagné de Lord Londonderry, le ministre Chautemps et le général Sikorsky ainsi que de nombreux groupes de journalistes.
Source(s) :
34N167 - Rapport du Cne Salomon Cdt l'artillerie d'Anzeling


Dans l'après-midi du 23 février 1940, au lendemain de sa visite du secteur britannique de la 3e Armée, le Duc de Windsor, accompagné du général Condé, effectue la visite de l'ouvrage d'Anzeling.
Source(s) :
SHD - 29N134


Le 9 avril, une mission polonaise visite l'ouvrage de 13h (déjeuner) à 16h30. Elle était composée du général Kleeberg (attaché militaire de Pologne), colonel Klimecki, LTC Vatilewski et Cdt Kaczmarek.
Source(s) :
SHD 29N135



HISTORIQUE, Construction

L'ouvrage d'ANZELING étant le pilier Est de la 1 ° Urgence de la RF de Metz, il va bénéficier d'une attention toute particulière.

Listé parmi les ouvrages importants de la région fortifiée lors de la 1° réunion de la CORF en novembre 1927, c'est dés l'été 1929 - et avant même que les plans et implantation définitive de l'ouvrage soient définis - que les relevés de terrain et achats de terre sont engagés (source: état avancement des travaux - 15 Juillet 1929). La question du tracé spécifique de la position à Anzeling est abordée en Juillet 1929 lors de la 29° réunion CORF. A cette occasion, l'abandon de l'ouvrage de CHEMERY et le recul de la position vers l'ouest de 2 km entraine par voie de conséquence le recul de la position de l'ouvrage de quelques centaines de mètres en arrière vers le sommet de Dourdatz.

L'ouvrage comprend à ce stade un bloc Sud (casemate d'infanterie et de lance-bombes vers le sud-est et tourelle mitrailleuses), un bloc Nord symétrique disposant du même armement, et entre les deux un bloc pour tourelle mitrailleuses frontale et un bloc avec cloche FM pour battre un angle mort. Côté artillerie on prévoit deux casemates flanquantes pour canons-obusiers de 75mm et un bloc pour tourelle LB.

Comme l'ouvrage sera pour un laps de temps important le pilier droit de la RFM, une tourelle de CO de 75mm isolée est proposée à la place de l'ouvrage à tourelle supprimé précédemment. Le Gal CULMANN propose de réintroduire l'ouvrage à tourelles avec deux tourelles de 145mm long et court au lieu de cette tourelle de 75mm. Sa position pourrait être vers Hestroff ou à la cote 260 au sud de la ferme de Streiffel. Cependant, cette option bien que proposée ne sera pas retenue.

Le projet initial de plan de masse de l'ouvrage (n° 116/S) date du 20 janvier 1930. Il est discuté lors de la 33° réunion de la CORF, le 27 Février.

L'ensemble d'ANZELING proposé par le projet a évolué de la façon suivante depuis la discussion tenue lors de la
29° réunion :

- La présence d'un mamelon gênant à la cote 236 juste à sa droite entraine la nécessité d'ajouter une organisation au N-O de Gomelange (futur ouvrage de BERENBACH).
- Côté infanterie on prévoit une casemate mitrailleuses gauche avec tourelle de mitrailleuses frontale (B1), une deuxième tourelle de mitrailleuse (B2) assurant la défense frontale et le flanquement droit.
- Côté artillerie, on trouve une casemate LB avec tourelle LB (B5) et une casemate CO 75mm (B4) à gauche, et une tourelle CO 75mm à droite (B7) compte tenu du faible défilement. L'action frontale est assurée par une tourelle CO 75mm (B6), et la défense d'artillerie rapprochée par une tourelle 81mm (B3) et la tourelle LB du B5 déjà cité. L'ensemble est entouré d'un fossé flanqué par des coffres doubles.

L'ouvrage annexe au-dessus du BERENBACH comprendra deux blocs, un au nord intégrant casemate mitrailleuses de flanquement vers ANZELING, avec tourelle mitrailleuses et observatoire, et un au sud de la coupe présentant une casemate de flanquement à droite.

Les deux entrées des communications souterraines de l'ensemble d'ANZELING sont prévues à quelques centaines de mètres à l'Est de Bockange et un observatoire de commandement relié à l'ouvrage est prévu à la cote 260 (Streiffel).

A cette occasion, la CORF recommande que les organisations annexes de la cote 227,5 soient traitées comme un vrai ouvrage indépendant, à entourer lui aussi d'un fossé relié à celui d'ANZELING. On demande par ailleurs le rajout d'une tourelle mitrailleuse au Sud du B6 (nommée "tourelle Belhague" dans les correspondances !) pour améliorer la couverture du vallon descendant vers le Berenbach.

Ce plan de masse et les recommandations de la CORF sont communiquées courant Mars 1930 au Mal PETAIN pour commentaire et validation de sa part, ainsi que le veut la procédure. Comme les discussions autour du tracé de la position Est-Nied sont en cours au même moment et que le Maréchal tient à s'y impliquer et à faire valoir ses idées, une mission de son état-major (Lt-Col AUDET) est envoyée sur place avec des représentants de la CORF et la DTF locale. Cette mission en profite pour faire une reconnaissance du futur site de l'ouvrage d'ANZELING à la demande du Maréchal. Cette reconnaissance lui permet de remettre en cause un certain nombre de décisions, ouvrant un débat avec la CORF. Si le report en 2° cycle de la tourelle JM juste proposée est finalement admis par la commission, l'abandon du fossé flanqué demandé par le Maréchal soulève une protestation du Gal BELHAGUE pour des raisons de sécurité d'un ouvrage considéré comme le pivot de la position. La CORF n'aura pas gain de cause, et le fossé est donc placé en 2° cycle lui aussi. Par contre PETAIN demande à ce que soient ajoutés en avant de l'ouvrage des "blocs avancés" indépendants permettant de surveiller et couvrir les vallons laissés non protégés par le recul de l'ouvrage initial. Ce plan de masse est validé sous ces réserves par décision ministérielle le 29 avril 1930 (n° 917 3/11-1).

Le plan d'implantation incluant l'ensemble de ces recommandations et changements (n° 319/S) est émis le 3 juin 1930. Ce nouveau projet est maintenant d'une taille considérable puisqu'il prévoit 18 blocs au total pour l'ouvrage principal au Dourdatz (dont 13 en 1° cycle, les 5 ajournés étant les 4 coffres de fossé et la tourelle JM "Belhague") et 7 blocs à l'ouvrage annexe du Berenbach, dont 3 en 1° cycle (les 4 autres sont 3 coffres de fossé et une entrée arrière en puits). Ces 25 bloc au total représentent un budget tout compris de 143 millions de F, dont encore 110 pour ce qui est de la 1° Urgence, dont un montant de 100,8 MF rien que pour ANZELING ! Tout simplement inacceptable au vu du budget qui avait été initialement alloué. Ce plan d'implantation est néanmoins approuvé le 1 juillet 1930 (n° 1563 2/4 S) sous réserve d'économies substantielles.

Un plan d'implantation modifié en ce sens (n° 438/S) est resoumis le 22 juillet 1930 et approuvé le 22 aout 1930 (n° 2040 2/4 S). Ce plan inclus le remplacement de la tourelle de CO de 75mm sud (B7) par une casemate pour canons de 75mm.

Le marché de construction du gros œuvre a été attribué par adjudication au consortium "La Société Parisienne d'Entreprises & Cie" le 8 Septembre 1930, pour un montant de 70 MF. Les travaux débutent à l'automne 1930. Après déboisements, on attaque en Novembre le percement des premiers puits de service.

En janvier 1931, le bloc pour trois canons de 75 mm sud (B7) est de nouveau remplacé par une tourelle. Ce retour en arrière est justifié par le fait que l'ouvrage constitue la limite Est de la RFM pour un temps, et donc ne dispose pas de flanquement de protection côté Sud-Est, ce qui aurait donc rendu toute protection de blocs casemates très aléatoire. La présence d'une tourelle permet aussi de battre plus efficacement une éventuelle tentative de contournement de la position par le Sud. La décision de prolongement de la LPR jusqu'à Téting selon un tracé susceptible de protéger le B7 arrive alors que les blocs sont déjà coulés, rendant tout nouveau changement impossible.

Dés Juillet 1931 la crainte de dépassements budgétaires sur l'ensemble du front Moselle-Nied soulevé un an plus tôt se concrétisant, cela pousse la DTF à proposer à la CORF l'ajournement "financier" de certains blocs. Cette proposition d'ajournement intègre le B6 (T75 frontale) et les trois blocs avancés de l'ouvrage d'ANZELING (blocs "Pétain"), outre la tourelle de 81mm de BOIS de BOUSSE. Cette proposition est cependant mise en attente de davantage de précisions sur les dépassements par la 4° Direction (Génie). Les travaux continuent donc normalement hors blocs ajournables.

En Aout 1931, 7 puits de service sont percés, les fouilles du B2 sont achevées, et les galeries profondes et puits des B1, B3 et B4 sont en cours de roctage. Le chantier de l'ouvrage annexe du BERENBACH commence juste à s'installer. Fin septembre 1931, le B2 vient d'être coulé - premier bloc réalisé de l'ouvrage - et les fouilles extérieures du B1 sont achevées. L'égout de tête, les galeries entre B1, B5, B6 et entre B2 et B3 sont creusées et maçonnées. Les terrassements des puits des blocs avants - sauf le B7 - sont achevés ou en cours. 30% de la longue galerie principale est creusé à partir de 9 puits de service maintenant en opération. Les entrées ne sont cependant pas commencées.

Fin 1931, le bloc B1 est coulé à son tour et l'ensemble des dix puits de service et six puits de blocs sont percés. Les puits de blocs 1, 2, 3 et 6 sont maçonnés. Sur 4008 m linéaires de galeries souterraines décomptés, incluant l'égout visitable, 2850 sont percés et 1700 m maçonnés. Le casernement est fouillé à 25%.

Les craintes budgétaires manifestées par la DTF en Juillet 1931 se confirment. Devant l'inflation des coûts, certains blocs prévus au départ sont à leur tour renvoyés en 2e cycle (décision n° 364 du 5 février 1932). Sont concernés :
- Bloc 6 : tourelle de 75 Mle 1933 d'action frontale, alors que son puits et ses locaux souterrains sont réalisés !…
- les blocs 16 à 18 : les 3 blocs avancés "Pétain".
- Bloc 15 : observatoire arrière (proche des entrées)
Ils rejoignent les autres blocs déjà ajournés :
- le bloc 8 : la tourelle de mitrailleuses "Belhague"
- les blocs 9 à 12 : quatre coffres de fossé
Ce sont donc maintenant 10 blocs sur les 18 initiaux de Juin 1930 qui sont reportés aux calendes.
le PC de l'ouvrage prend la place des dessous du B6 reporté en 2e cycle.

En Octobre 1932 l'ouvrage est considéré avancé à 60%, ce qui en fait le chantier le plus avancé des gros ouvrages de la RFM à l'est de la Moselle. Néanmoins, la construction de l'antenne de voie de 0,60m permettant l'approvisionnement de l'ouvrage n'a qu'à peine débuté alors que celles du HACKENBERG est achevée et celle du METRICH en bonne voie. Ce relatif retard s'explique par la meilleure accessibilité du chantier dans le cas d'ANZELING.

La première masse oscillante double de tourelle de lance-bombes de 135mm, constituée avec deux des trois tubes prototype ayant servi au développement de l'arme, est livrée à la gare de Piblange fin Octobre 1932, à destination de la tourelle du B5. Ces armes diffèrent de celles de série par la présence d'un récupérateur et frein de tir à huile au lieu de glycérine, et elles sont déjà relativement usagées du fait des nombreux essais effectués en polygone d'expérience. (1)

Les tirs de réception définitive de cette tourelle de 135mm du B5 et de sa masse oscillante - première de ce genre - sont réalisés le 8 Février 1933. Ce opération est effectuée exceptionnellement avec une observation aérienne du tir dans l'objectif de vérifier - en plus du test de la tourelle nouvellement installée - si il y a panache de fumée et/ou flammes visibles du ciel durant l'action. L'observation, effectuée par un avion de la 1ere Division Aérienne, montre la présence visible d'une flamme et d'un panache de fumée durant le tir, et durant l'ouverture de la culasse et donc un risque de détection liée à une reconnaissance aérienne ennemie pendant le feu. Une expérience similaire est menée lors d'un tir d'essai de 81mm à METRICH. (2).

En Avril 1933, l'ensemble des fouilles et galeries sont achevées et le bétonnage des blocs est réalisé à 90%. L'avancement global du gros-œuvre s'évalue à 85%. L'équipement de l'ouvrage débute ensuite. Fin 1933, l'antenne de voie de 0,60m de 13 km alimentant l'ouvrage est considérée achevée.

Au 31/12/1934, la situation est la suivante :
- les deux tourelles de 75mm sont montées mais inutilisables à ce stade car il manque l'évacuation des douilles.
- la totalité des matériels de 135mm (tourelle et casemate) sont fonctionnels
- l'usine est partiellement montée (50%)
- le plan incliné de l'EM est en cours d'installation mais le M1 est opérationnel et déjà en partie doté.
- l'éclairage fonctionne mais la ventilation n'a pas encore été testée.
- le casernement est jugé "utilisable".
Le budget prévisionnel total est maintenant estimé à 121,4 MF, en dépassement de 20% par rapport au budget de Juin 1930 malgré l'ajournement de 5 blocs dans l'intervalle.
Les tirs de réception sont réalisés courant 1935.

L'état des lieux mi-1935 considère l'ouvrage opérationnel mais mentionne l'absence des filtres à gaz (à cette date seul le HACKENBERG en est équipé dans la partie Est de la RFM !) et un problème généralisé d'humidité. Comme en de nombreux autres endroits, les monte-charges constituent les éléments les plus problématiques des installation électromécaniques.

Mi-1936, l'ouvrage est techniquement achevé et le montant cumulé des dépenses à cette date atteint la somme de 94.429.000 Fr hors cuirassements et matériels fournis par les marchés des services centraux (tourelles, etc). Les premières occupations ont cependant mis en évidences un certain nombre de défauts à corriger et d'améliorations nécessaires à l'habitabilité de l'ouvrage. Ces améliorations sont inscrites au programme de 1937 et recouvrent :
- l'installation d'un système automatique d'extinction d'incendie dans les alvéoles à poudre du M1
- le remplacement des moteurs ALSTHOM d'origine, la construction d'un poste de transformation intérieur (alimentation par l'arrière) et les modifications du réseau électrique
- la modification et l'amélioration de l'aménagement des PC d'ouvrage et des blocs d'artillerie.
- des travaux d'amélioration d'étanchéité contre les infiltrations dans l'usine, le M1 et la caserne souterraine
- des aménagements et améliorations à la tourelle de 81mm (B3)
- l'amélioration des conditions de stockage du matériel du Génie
le tout pour un montant additionnel de 2.250.000 Fr.

En 1938, l'ouvrage est relié par ligne 10 kV (800 kVA) triphasée au poste casematé de BETTELAINVILLE. Cette même année, les deux tourelles pour mitrailleuse sont transformées pour recevoir des armes mixtes, qui n'ont cependant pas été installées.

Le cas particulier du bloc 9 :

Dés 1933 la question de la protection de la cheminée de l'usine est posée. Cette cheminée d'évacuation des gaz (bloc CEG) est construite - cas inhabituel dans le nord-est - à la verticale de l'usine compte tenu de la grande distance existant entre celle-ci et l'Entrée des Hommes. L'obturation de cette évacuation par un ennemi aurait signifié la perte irrémédiable de l'ouvrage. Cette protection sera initialement réalisé sous la forme d'une obstacle passif avec grille électrifiée.

Le problème demeure critique et son étude est relancée en Mars 1937. Un projet de défense de cette cheminée est établi en Octobre 1937 incluant 3 options dont le déplacement de l'usine vers l'entrée. C'est finalement l'option n°2 d'un bloc spécifique (bloc DCEG) - prenant au passage le rôle de cheminée - qui est approuvée en Avril 1938 car elle permet en outre d'augmenter la puissance de feu de l'ouvrage. La conception et la construction de ce nouveau Bloc 9 (à ne pas confondre avec le coffre de fossé rejeté en 2e cycle) durera de 1938 à 1940 selon les standards "Nouveaux Fronts" (notice n° 1007 S du 23 février 1938).

Ce bloc 9 devait prioritairement défendre le bloc cheminée puis ensuite s'y substituer pour permettre sa transformation en prise d'air de secours. La position très en hauteur, sur le plateau, du bloc cheminée était favorable à cette évolution qui, pourtant étudiée, n'a finalement pas eu le temps d'être réalisée.

En Avril 1939, décision est prise de remplacer le projecteur en niche murale prévu au Bloc 9, trop basse, par un projecteur sur mat classique. La niche du bloc est murée.

A la mobilisation, l'ouvrage est donc encore en chantier de gros-œuvre, cas d'une ampleur unique dans la RFM et qui le rend potentiellement vulnérable en cas d'attaque :
- Le bloc DCEG (B9) est coulé, mais ses cuirassements et une partie du rocaillage sont absents. Sa galerie de raccordement à l'ouvrage est partiellement maçonnée, et le puits du bloc n'a pas encore d'escalier. Un puits de service aboutissant à la galerie du bloc est béant, et le chantier est entouré de baraques et d'équipements.
- Un puits de sortie de câble béant en cours de creusement à 700m à l'Ouest du Bloc 4 correspondant au tirage de la ligne d'alimentation par l'arrière du BOIS de BOUSSE, qui passe par l'ANZELING.

Dés la mobilisation, des mesures d'urgence sont prises pour sécuriser la galerie d'accès au bloc DCEG (B9) par un mur avec créneau FM et une grille défensive provisoire. Dés le 3 septembre 1939, les deux puits (service et cables) sont comblés avec les moyens du bord, et la constitution du réseau de barbelés autour de la cheminée CEG débute. Les défenses passives périphériques de l'ouvrage sont renforcées (piquets antichar Ollivier, cinquenelles, etc). Enfin, le projecteur provisoire fixe du bloc 1 est remplacé par un projecteur blindé mobile sur mat, livré à temps.

La finition du bloc 9 sera intégralement le fait du personnel de l'ouvrage avec l'aide technique de spécialistes provenant d'autres ouvrages.
- L'escalier vers les dessous est construit en Novembre-Décembre 1939.
- La tourelle AM/Mo est installée entre Octobre 1939 et Mars 1940. La manutention de la tourelle par un treuil externe donnera d'ailleurs à un incident spectaculaire : l'engrenage du treuil de levage casse, et la tourelle, levée au plus haut à ce moment, redescend de son poids au sol, heureusement sans dommage. L'arme mixte, qui n'avait pas été commandée, est finalement remplacée par un prototype inutilisé qui sera installé en fin Mai 1940. Bien que jamais réceptionnée au sens formel et procédurier du terme du fait des circonstances troublées, cette tourelle était néanmoins opérationnelle en Juin 1940.
- La cloche GFM B arrivée la première n'est cependant mise dans son cuvelage qu'en Février 1940, et scellée en Mars.
- Le radier de la galerie est fini à la main (pas de bétonnière) et une voie de 0,60m Decauville est installée en lieu et place de la voie de 0,60m type Forteresse, non livrée. Le monte-charge ne sera jamais livré, le vide de la cage d'escalier étant sécurisé par une rampe en bois.
- la grille électrifiée du bloc CEG est rabaissée en Mars 1940.
- Le rocaillage du bloc et les couvertures de terre sont achevés en Mai 1940, ainsi que la protection par barbelés et un fossé antichar construit par la MOM. L'aménagement intérieur du bloc (armement, électricité, communications, eau, ameublement...) est réalisé par les sapeurs de l'ouvrage pour être achevé en Mai 1940. On procède alors à l'enlèvement des défenses provisoires de la galerie et le bloc reçoit son effectif propre.
- Les bâtiments et organisations extérieures de chantier démontées entièrement le 13 Juin 1940 !
- Le mat et le projecteur blindé pour l'éclairage du champ de tir ne sera jamais livré, pas plus que le matériel aéraulique qui aurait permis de détourner les cheminées du bloc CEG vers la façade du bloc 9 et donc finir le travail de réorganisation des échappements et prises d'air de l'ouvrage.


Rédaction : Jean-Michel Jolas - © wikimaginot.eu - Juin 2019
Source(s) :
SHD - 7N3797, 7N3811, 7N3764, 9NN4421, 6V11100, (1) 2V269, (2) 7N3788



DIVERS (Sans critère)

L'approvisionnement en nourriture de l'ouvrage était journalier.
Les aliments frais ne pouvaient pas être conservés du fait de l'absence de chambre froide dans l'ouvrage et devaient être consommés le jour même.
La viande était stockée dans un local du bâtiment léger situé devant l'entrée munitions servant de poste de garde

Une réserve de vivres de guerre permettant de tenir un mois existait au niveau des cuisines.
Y étaient stockés du pain de guerre, du bœuf assaisonné (appelé singe par l'équipage), du thon, des sardines, du café moulu en tablettes compressées, du sucre...).


SOURCES, Bibliographie ou documents de réference

- JMO de l'ouvrage reconstitué en 1945 - Cdt GUILLEBOT; 7 pages - SHD carton 34N156
- Rapport du Cne KASPER, commandant le Génie de l'ouvrage; 112 pages - SHD carton 34N156
- Etats d'avancement de travaux 1929-1937 - SHD carton 7N3797




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