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Bloc artillerie col du donon

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SCHIRMECK (Infrastructures électriques)


Fil ouvert par Laurent38 ( 41 ) - Posté le 04/05/2024

Bonjour,

Je voulais savoir pourquoi le bloc d’artillerie proche du col du donon n’est pas répertorié sur le site? Voir photos .
Je vous remercie ????☺️




Réponse de Laurent38 ( 41 ) - Posté le 04/05/2024

Les 4 blockhaus artillerie sont bien dirigés vers l’Allemagne et son départ manufacture plus type 39/45.


Réponse de jolasjm ( 6970 ) - Posté le 04/05/2024
Dernière modification par jolasjm le 04/05/2024.
Bonjour

C'est une position d'artillerie allemande datant de la période 1914-1916.

Le Donon a ceci de particulier qu'il constitue un bastion défensif important de la Grenze Stellung en cours de construction durant cette période. Il constitue l'un des bastion sur la ligne défensive qui devait à terme protéger la frontière de l'époque entre la Feste Kayser-Wilhelm II et la place de Metz/Moselle. Plusieurs dizaines de blockhaus de différentes tailles sont ainsi visibles de nos jours autour et de part et d'autre de la crête du Donon.

Hors sujet donc pour ce qui est de la ligne Maginot, qui n'a jamais prévu aucune construction à cet endroit. C'est pour cela que ces positions ne sont pas référencées ici. Elles n'ont même probablement pas été utilisées par le 43° Corps d'Armée de Forteresse, encerclé sur le Donon dès le 22 juin 1940, et dans l'impossibilité de se défendre. Ils ont simplement attendu là la conclusion des négociations de reddition entre le Gal Lescanne et les Allemands.

L'orientation du bloc en question vers l'Allemagne - si confirmée - est elle-même explicable si on se place dans une logique de protection et de flanquement de la bretelle en construction en 1916 entre le Donon et la plaine du Rhin. La pièce de petit/moyen calibre installée là n'avait qu'une portée d'une douzaine de kilomètres, donc bien insuffisant pour la longue portée et pour atteindre la frontière du Rhin. Elle couvrait au mieux la vallée de la Bruche, qui était une voie d'invasion possible pour les Français via les cols du Hantz et de Saales.

Cordialement
Jean-Michel


Réponse de Laurent38 ( 41 ) - Posté le 04/05/2024

Merci pour vos réponses intéressantes. Après je comprends ce que vous dites mais après avoir parcouru une bonne partie des blockhaus autour du donon , celle ci ne semble pas construite du tout de la même façon et ne renferme pas de tôle métro. A t elle été construite par une main d’œuvre différente ? Ou puis je trouver des infos sur ces ouvrages ?merci encore


Réponse de Laurent38 ( 41 ) - Posté le 04/05/2024

Je confirme qu’il est flanqué pile en face de schirmeck




Réponse de jolasjm ( 6970 ) - Posté le 05/05/2024
Dernière modification par jolasjm le 05/05/2024.
Bonjour,

La question "par quelle main d'oeuvre a t'il été construit ?" devrait plutôt être "quand a t-il été construit ?"

Pour les fortifications allemandes, le "qui" en temps de paix est presque systématiquement de la main d'oeuvre civile, mais construisant selon les plans standards du Génie militaire impérial, ou des commandement de Génie d'armée qui avaient une certaine latitude de "créativité. La créativité ne descendait jamais plus bas, ce qui assurait une forme de standardisation claire sur le ban d'une armée donnée.
En temps de guerre, c'est un mélange de volontaires civils, de troupes de pionniers, et surtout de prisonniers russe du front de l'est, toujours sous supervision du Génie d'armée.

Le cas du Donon est intéressant car à la déclaration de guerre le sommet n'est pas fortifié. L'offensive française dans la Sarre et les Vosges du nord d'aout 1914 nous permet de conquérir le sommet, qui restera français jusqu'à un dégagement par les Allemands fin septembre suivant, une fois que l'offensive française se soit avérée un échec. Cet événement potentiellement dangereux pour la KWII sonne comme un dernier rappel d'alarme. C'est donc suivant la reprise du Donon que les Allemands décident de le fortifier de façon sérieuse, d'une part pour protéger ce site stratégique, et d'autre part pour servir de base de contrattaque en tenaille (mâchoire est) d'une éventuelle récidive française dans la Sarre.

On est donc là en construction de temps de guerre, et plus on approche de 1918, plus l'acier allemand est utilisé à autre chose que de la fortification (et surtout la tôle métro...). Le Génie allemand multiplie les plans types où ces blocs ont un plafond de pièces simplement en béton, par souci de rapidité de construction et d'économies, parfois renforcés par des poutrelles acier, un peu comme la future ligne Maginot. C'est d'autant plus vrai pour les blocs d'artillerie pour lesquels la portée de vide entre piliers supports est importante, donc nécessite une tôle métro très peu cintrée pour éviter d'augmenter inconsidérément la hauteur du tout, et donc sans effet de protection liée à la courbure. La position du Donon étant construite entre fin 1914 et 1916, on n'y trouve quasiment plus de tôle métro car ce sont des petites constructions qui n'en nécessitent pas.

Les livres de Rudi Rolf - en allemand ou anglais parfois - sur les évolutions de la fortification moderne allemande donne de bonnes clés de compréhension à tout cela. Dans son livre sur les fortifications de campagne et de position, dont celles tardives de la période 1915-1918, montre un jeu de plans types de la 2e Armée impériale (ligne Hindenburg, nord de la France) où plus aucun bloc léger et hors abris pour la troupe n'a de tôle métro. Dans ce jeu de plans types on trouve d'ailleurs un plan de casemate pour canon de campagne très proche de celles du Donon, édité en 1916.

Le livre de Philippe Burtscher sur la place de Strasbourg, la Feste KWII et la position de la Bruche apporte le plus d'informations complémentaires locales et bien documentées, bien que la position du Donon n'y soit juste qu'évoquée avec peu de détails sur 4 pages en fin de livre. On y apprend cependant que les casemates d'artillerie étaient prévues pour des 15cm sFH 02 - donc plutôt du lourd - et les photos montrées de l'intérieur sont identiques aux vôtres. Les livres de C. Dropsy et R. Fontbonne sur la position de Metz-Thionville apportent aussi des clés complémentaires sur ces fortifications de campagne tardives (front continu du sud de Metz, Grenze-Stellung planifiée et partiellement commencée, etc).

Personnellement je n'ai pas en tête d'études ou articles spécifiques, même dans les revues anciennes, traitant uniquement de la position du Donon.

Cordialement
Jean-Michel


Réponse de Laurent38 ( 41 ) - Posté le 06/05/2024

Merci beaucoup pour tous ces details . C’est gentille d’avoir répondu aussi clairement à mes interrogations


Réponse de gregfuchs ( 688 ) - Posté le 06/05/2024
Dernière modification par gregfuchs le 06/05/2024.
Bonjour

Connaissant bien la position du Donon je me permet de réagir. "La position du Donon étant construite entre fin 1914 et 1916, on n'y trouve quasiment plus de tôle métro car ce sont des petites constructions qui n'en nécessitent pas." Ben non Jean-Michel ! Les tôles galvanisées cintrées sont largement utilisés pour la construction des abris d'infanterie, selon une instruction et un mode de construction très répandu. On en retrouve également pour la couverture des abris de piquet, observatoires, blockhaus mitrailleuse mais dans ce cas il s'agit de tôle planes. A noter aussi dans l'un des deux abris sous roche de la Corbeille (construit en 1915 d'après un cartouche) l'utilisation d'une tôle galvanisé pour renforcer le plafond. Sinon pour le reste je n'ai rien à dire :-)
Pour en revenir à la batterie bétonnée (n°14), à proximité du carrefour étoile 1 : Celle ci est un modèle quasi unique sur les secteurs relevant de la Place de Strasbourg (un exemplaire similaire mais plus léger a été construit dans le périmètre de la Feste Kaiser Wilhelm II - Fort de Mutzig). Les emplacements de pièces, d'ordinaire à ciel ouvert, se présente ici comme de véritables casemates d'artillerie. De plus, son degré de protection est largement surévalué, ce qui lui donne un belle aspect de batterie côtière mais en pleine montagne ! La confusion avec une construction "moderne" est bien légitime.

Amicalement

Greg

PS : Toujours un plaisir de converser sur un hors-sujet relatif à la période 1870-1918 en Alsace :-)




Réponse de Laurent38 ( 41 ) - Posté le 06/05/2024

Merci Greg c’est un plaisir aussi. C’est fou les variantes qu’on peut trouver


Réponse de jolasjm ( 6970 ) - Posté le 07/05/2024
Dernière modification par jolasjm le 07/05/2024.
Bonjour Greg,

On est bien sur d'accord sur le fond: c'est allemand de la période 1914-1916, ce qui était la question initiale (pourquoi c'est pas listé sur Wikimaginot ?). Le "hors-sujet" pour ce qui nous concerne est sans ambiguïté.

On a eu les mêmes lectures concernant la place de Strasbourg, on sait donc que c'est le rapport du Gal von Claer qui entraina l'appui sur le bouton "stop" des constructions dans ce coin, Donon compris, en 1916. Ce même rapport relève d'ailleurs le surdimensionnement notoire des constructions du Donon, comme tu le soulignes.

Concernant la tôle ondulée cintrée, tu noteras que j'avais bien exclu les abris et PC de la tendance générale à l'abandon pour les petites constructions. La lecture des Rudi Rolf est claire à ce sujet : si le bouton "stop" était activé à Strasbourg en 1916, sur le reste du front la bétonnière impériale a continué à tourner à plein jusqu'en 1918 et comme je disais plus haut, ailleurs que dans notre belle Alsace, l'usage de tôles métro s'est estompé progressivement (le catalogue de plans types de l'AOK 2 de 1916-1917 pour la ligne Hindenburg, présenté par Rudi Rolf, n'en contient pratiquement plus hors grands abris de troupes d'intervalle).

On peut d'ailleurs se demander si l'utilisation de tôles simplement planes au Donon n'est pas un signe précurseur de cette tendance générale qui aboutira à leur disparition totale dans les Regelbauten précoces du Westwall en 1935, bien avant le mur de l'Atlantique. Le livre de Burtscher montre d'ailleurs deux éclatés 3D de blocs du Donon dont l'un a bien une tôle ondulée plane et l'autre où on voit l'apparition d'un renforcement en poutrelles qui sera le standard du futur côté Allemand comme dans la ligne Maginot.

Mais comme tu dis, on est hors sujet. Alors j'aurai plaisir à continuer cette discussion avec toi de vive voix à l'occasion autour d'une bonne chopine ;-)

Amicalement
Jean-Michel



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