Le réseau téléphonique de la fortification Maginot était un réseau entièrement manuel et l'établissement des liaisons se faisait au travers de centraux militaires ou civils exploités par du personnel militaire. Il était composé de centraux téléphoniques reliés entre eux, chacun de ces centraux desservant ses propres abonnés.
Le téléphone ne devant être utilisé que pour des raisons de service dans le cadre des missions confiées aux abonnés, les liaisons à établir étaient essentiellement des liaisons avec des correspondants proches (éléments voisins ou de niveau hiérarchique directement supérieur). Les deux correspondants dépendaient souvent du même central téléphonique ou de deux centraux téléphoniques géographiquement voisins directement reliés.
Dans le cas de certaines liaisons entre correspondants géographiquement éloignés comme par exemple celles reliant les observatoires aux PC d'artillerie, les ouvrages au commandement de secteur (infanterie et artillerie), les PC de compagnie aux PC de leur bataillon, les PC de bataillon au PC de sous-secteur, des liaisons directes étaient établies entre les centraux principaux desservant ces correspondants, évitant ainsi de devoir recourir à des centraux intermédiaires et de faciliter l'établissement de la communication.
Un abonné étant toujours rattaché à un central, son indicatif était constitué de l’indicatif du central dont il dépendait et de son propre numéro d’abonné au dit central.
Les indicatifs des centraux étaient distribués de la gauche vers la droite. Les centraux des organes situés le long de la ligne principale de résistance (ouvrages, casemates, abris ... ) étaient numérotés de 201 à 999, ceux des centraux situés plus vers l’arrière (PC de secteur, depots arrières...) étaient eux numérotés de 1201 à 1999 (1).
Les centraux situés approximativement sur la même parallèle par rapport au front portent la même terminaison, ce qui explique que la numérotation au dessus de 999 soit discontinue.
Dans de nombreux secteurs, ce numéro était précédé d'une ou plusieurs lettres indicant la fonction de l'organe desservi par le central. Dans certains secteurs comme le Secteur Fortifié de Thionville, ce préfixe donnant une information importante en cas d'interception des communications téléphoniques sera abandonné alors qu'il sera maintenu dans d'autres secteurs comme le Secteur Fortifié des Vosges. La liste ci-dessous reprend certains de ces préfixes.
- PC : Poste de Commandement
- Ab : Abri
- Ai : PC d'artillerie
- Ap :Avant poste
- BG : Bureau du Génie
- Ca : Casemate
- CO : Central d'Observation
- CS : Camp de Sureté
- DE: Dépôt explosifs
- DM Depot munitions
- O / E / A Ouvrage ou ensemble
E 700 - Ensemble du Hochwald, Central principal (Commandement)
O703 - Ouvrage du Hochwald Ouest , Central principal infanterie
A703 - Ouvrage du Hochwald Ouest , Central principal artillerie
O720 - Ouvrage du Hochwald Est , Central principal infanterie
A720 - Ouvrage du Hochwald Est , Central principal artillerie
- GM Gendarmerie Mobile (Poste Avancé)
- Ob : Observatoire ou ballon d’observation
- PC : Poste de Commandement
- ...
Le schéma suivant illustre ce mode de répartition et permet de comprendre la relation entre la position géographique d’un central et son indicatif.
L'indicatif d'un abonné était constitué de l’indicatif du central dont il dépendait suivi de son numéro d’abonné au-dit central (2). Enfin, une lettre suffixe (A; B; C...) apparait parfois derriére le numéro d'un abonné, signalant le rajout tardif de cet abonné dans un plan denumérotation bouclé.
En exemple, le numéro d’appel du Commandant de l’ouvrage de Métrich était le « 572 , abonné 2 », celui du commandant de l’ouvrage de Soetrich était « 476 , abonné 2 ».
Lors de l’établissement des communications, c’est cet indicatif qui devait obligatoirement être utilisé et non pas le titre ou la qualité du correspondant afin de ne pas divulguer en clair l’identité ou la fonction des correspondants en cas d’écoute .Il est évident que pour des communications entre abonnés d’un même central, il suffisait de demander à l'opérateur le numéro de l’abonné demandé en omettant l’indicatif du central.
Les sous-centraux dépendant directement d’un central principal sont considérés comme des abonnés, c'est le cas par exemple des des centraux de blocs dans un ouvrage. Dans le cas des abonnés dépendant d’un sous-central, il fallait demander l’abonné x par l’abonné y.
En exemple le numéro d’appel de la cloche FM Ouest de l’entrée hommes de l’ouvrage du Galgenberg, dépendant du sous central de l’entrée en question (numéro d’abonné : 39 ) était : « 540, abonné 40 par l’abonné 39 ».
L’ensemble des indicatifs et des numéros d’abonnés est repris dans un répertoire téléphonique établi pour chaque région fortifiée. Ce répertoire comprend en première partie les indicatifs des centraux de la région et en seconde partie les numéros d’appel des abonnés de chaque ouvrage ou organe.
Chaque central principal (Ouvrages, PC de secteur ou de sous-secteurs...) desservi par des sapeurs télégraphistes en était doté.
Les centraux de moindre importance étaient desservis par des hommes de troupe dépendant de l'unité occupant la position. Ce personnel ne disposait que d’un extrait de ce répertoire reprenant les indicatifs des centraux situés dans leur voisinage direct auxquels il étaient directement reliés ainsi que les numéros des abonnés qu'il dessert. Un exemple concernant l'abri CORF du Heidenbuckel (SFH) est donné dans les documents de cette page (voir onglet Documents)
Chaque poste téléphonique était muni d’un répertoire des abonnés desservis par le central ou il est raccordé.
Pascal Lambert
Cartomaginot.com,
TM32 Le téléphone dans la Ligne Maginot - P LAMBERT