Ligne Maginot - 174° Régiment de Mitrailleurs d'Infanterie de Forteresse



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174° Régiment de Mitrailleurs d'Infanterie de Forteresse

(174° RMIF)






Le 174° RMIF est le régiment de forteresse qui couvre en temps de guerre le sous-secteur de Saint-Jean-Rohrbach dans la Sarre. Il reprend les traditions du 174° RI de la grande guerre.

Le 174° RI est formé le 11 Février 1915 à partir de deux bataillons du 170° RI et d’un du 21° RI pour entrer dans la composition de la nouvelle 95° Brigade (48° DI en formation). Il est assez rapidement envoyé en Avril 1915 à Verdun, puis dans l’Aisne en Aout 1915. C’est là qu’il reçoit son drapeau, le 23 Aout. Il est de retour à Verdun dès Février 1916 pour participer à la bataille. Il combat à Eix, Douaumont, Fleury et se voit attribué une citation à l’ordre de l’Armée en Aout. Il prend ensuite part à la bataille de la Somme, puis celle de Picardie. Il combat ensuite en Champagne au nord de Reims en 1917, dans les Vosges puis dans le Tardenois en 1918. Après un court repos, retour en Champagne pour participer aux combats de Suippes en Aout 1918. Il participe alors à l’offensive de Champagne en Septembre 1918 avec la 4° Armée, progressant de 12 km après avoir pris la butte de Souain (nord du camp de Suippes). Il est cité une 2e fois à l’ordre de l’Armée pour ces actions.

Après-guerre, le 174° RI est basé à partir de Janvier 1919 à Wissembourg, puis fait partie de l’armée d’occupation à Wiesbaden. Il est dissout le 10 Juin 1919.

Insigne : un insigne a été choisi tardivement en Mai 1940 par le commandement du régiment, mais ne sera jamais fabriqué. Il représentait sur fond bleu une hirodelle noire à gorge blanche surmontant une casemate argentée.

Refrain :
« Le cent soixante quatorzième
Est un beau régiment
Il a de grosses gamelles
Mais rien à mettre dedans »



Mobilisation

le Régiment est mobilisé à partir du 25 Aout 1939, avec pour noyau d’active le I/69° RMIF (St Jean-Rohrbach depuis début 1938) au Centre Mobilisateur d’Infanterie Secondaire 206 de Morhange. Il rapporte au Secteur Défensif de la Sarre (Gal BOUCHER) à ce moment et est rattaché au CMI 206 de Toul. Ses trois bataillons s’installent sur la ligne principale de résistance. La CFV n°3 quant à elle occupe les Points d’Appuis Fortifiés (PAF) de l’avant, à Loupershouse, Guebenhouse et Ernestviller, et assure avec une section la protection du PC régimentaire dans le bois de l’Almette.

Mission et profils géographique et tactique du sous-secteur défendu

Le régiment a pour mission de tenir la LPR (Ligne Principale de Résistance) entre Cappel (exclus) et Puttelange (inclus) sur environ 8 km de front. Deux voies pénétrantes sont à sécuriser sur le ban du régiment : la route nationale Sarreguemines-Nancy, et la route stratégique entre Hoste et St Jean Rohrbach. Puttelange est un nœud routier important à la croisée de plusieurs voies : la nationale déjà citée, et les routes Forbach-Sarralbe et St Avold-Sarralbe. Bien que la LPR passe en arrière de Puttelange, la sécurisation de ce nœud routier a entrainé la création d’une « avancée fortifiée de Puttelange » qui renforce la LPR autour du bourg, comme c’est le cas par ailleurs à Biding et Barst-Cappel dans les sous-secteurs voisins.

Le sous-secteur de St Jean Rohrbach est caractérisé par la présence d'un système d’inondations défensives sur le cours du Hosterbach et du Moderbach, imaginé par l'ingénieur Pariset dans les années 20 et établi entre 1932 et 1934. La Ligne Principale de Résistance (LPR) est établie derrière ces inondations. Entre les zones inondables, les cours d’eau ont été aménagés plus tardivement (1937) en fossé antichar humide par approfondissement et création de seuils bétonnés garantissant en tous points un minimum de 1,8m de profondeur.

174° RMIF - Un seuil typique de ruisseau

Aménagement de ruisseau en fossé antichar humide. Un seuil typique.


Si les inondations en tant que tel présentent un obstacle sérieux nécessitant des moyens de franchissement lourds, les deux tronçons dont le ruisseau est juste aménagé (Hoste Bas et Kalmerich) seront les points faibles de la position du 174° RMIF.

La défense ne peut compter sur un relief favorable, puisque celui-ci est à peine marqué. Il existe cependant plusieurs forêts ou bois (Langstwald, Kalmerich, et surtout la forêt de Puttelange) qui permettent de cloisonner le terrain. Malheureusement, les hauteurs sur les rives nord et Est du Hosterbach et du Moderbach dominent la ligne principale de résistance et offrent une large vue sur celle-ci.

Concernant les fortifications, l'équipement démarre en 1935 avec la construction des blockhaus de défense de digues (appelés familièrement "blockhaus CORF" par les défenseurs, bien que conçus par le Génie de la 20° Région), puis de quelques blocs légers de renforcement. Cette amorce de défense limitée à l'interdiction des digues d'inondation est complétée initialement par l'établissement des réseaux barbelés et rails, puis à partir de 1938 par la construction de grands blockhaus STG dans le cadre du programme PRETELAT, puis par la myriade de petites constructions de la drôle de guerre - parfois en béton, mais souvent en standard "passager" simplement protégé sous rondins. Outre la ligne L1 de surveillance de la frontière, en arrière d'une ligne Morsbach-Forbach-Sarreguemines, la LPR est précédée de plusieurs Points d'Appuis Fortifiés (PAF) surveillant les voies principales menant à celle-ci. Sur le ban du 174° RMIF, il y en a trois, à Loupershouse, Guebenhouse et Ernestviller.
En arrière de la LPR, une ligne d'arrêt est constituée en 1939-40 par les troupes de passage, avec d'importants déboisements en forêt de Puttelange. Enfin, à une quinzaine de kilomètres en arrière est établie dés le temps de paix une "ligne intermédiaire" sous les auspices de la 20° Région Militaire, reprise à son compte et renforcée par de grands blocs STG dans le cadre du programme CEZF (1939-40) .

Tout ceci semble considérable et sérieux, mais souffre en réalité d'un certain nombre de défauts :
  • Les organisations les plus importantes - les "casemates" STG - sont toutes totalement inachevées. Plus généralement, la ligne défensive est un grand chantier au moment de l'attaque allemande...

  • La cohérence des organisations défensives est aléatoire, car résultat des idées parfois contradictoires des unités de renforcement qui se succèdent sur place. Les travaux sont arrêtés là, repris ici, à nouveau abandonnés pour entamer autre chose ailleurs... Effet pervers de la décision prise fin 1939 de subordonner les unités de forteresse aux grandes unités de passage sans qu'elles puissent plus dorénavant garantir la vue d'ensemble.

  • Le lancement de la construction d'une ligne d'arrêt derrière la LPR - si elle se justifie en théorie - disperse les moyens : le béton de cette ligne ne sera pas utilisée le 14 Juin 1940 alors que de nombreux postes défensifs en simples rondins seront simplement écrasés par les bombardements allemands, occasionnant d'entrée d'importantes pertes dans les rangs du 174° RMIF.


Le régiment est encadré à droite par le 41° RMIC (sous-secteur de Kappelkinger), et à gauche par le 82° RMIF (sous-secteur de Leyviller).




Commandement et composition

(en gras, commandement en place le 14 Juin 1940)

- Commandant : Lt-Col Albert DUPARANT, puis le CB CAYE (du 348° RI) à partir du 7 Juin 1940 (1).
- Chef d’EM : CB IGIER, puis CB Edouard BOURGOUIN à partir du 5 Décembre 1939, à la mutation du précédent.
- Adjoint : Lt SARRAZIN (muté instructeur à St Maixent fin septembre 1939). Il est remplacé par le Lt, puis Cne Jean QUENNEDEY. Il commande parallèlement l’ensemble des groupes francs du Régiment.

Autres officiers d’EM :

  • Renseignements : Lt MARIE

  • Liaisons : Lt LESTRADE puis Lt Marie HOCQUARD


Le PC est installé en Juin 1940 à la corne Sud-ouest du PFAFFENBUSCH après avoir été longtemps dans le bois de la GRANDE ALMETTE.

Cie de Commandement : Cne Camille VIEUILLE

Officier « Z » : Lt Frédéric MARY,
Transmissions : Lt RASET
Pharmacien : Pharm-Lt Ernest WEILL
Dentiste : Dent.-Aux Armand KOSS et Maurice ROCHOU
Sce Santé : Med-Cne Michel PALEOLOGUE, S-Lt Fritz ASH
Vétérinaire : Vet-Lt Louis RICHARD
Pionniers : Lt Jean GAMBERO


I / 174° RMIF :

CB Jean ARGENTA jusqu’au 18 Juin 1940, puis Lt Le GRANCHÉ - PC au BEWINKEL . Effectif 715 hommes pour 819 théoriquement.
Adjoint : Cne COTEL, puis Cne Augustin DESCHAZEAUX jusqu’au 9 Janvier 1940, puis Cne Georges SCHOULER
Renseignements : Lt CHAMBON
Transmissions : Lt René COCURAL
Officier « Z » : S-Lt Conrad KUNZ
Officier Pionniers : Lt TALMULLER puis Lt KLEIN (ex-CEFV1)
Sce Santé : Med-Lt Albert MOREAU, Med-Aux Pierre STEIN puis Med-Aux SAUGUET

  • CHR n°1 : Cne Eugène COUVRANT (Cdt), Lt Maurice LEGER (Ravitaillement), Lt Marie LALLEMANT (Détails)

  • CM1 (compagnie de mitrailleurs n°1 – sous-quartier Langstwald) : Cne Augustin DESCHAZEAUX puis au 01/01/1940, Cne CASAROMANI jusqu’en Avril 1940, puis enfin Lt BIDINGER (mort lors de combats du 14 Juin), puis Lt MAUDUIT (blessé sur le canal de la Marne au Rhin et évacué le 18 Juin). La CM1 est finalement confiée au Lt CHARDIN du II/174°... Une CM est typiquement composée de 3 sections de mitrailleurs et une section FM (12 mitrailleuses et 6 FM).
    Chefs de Sections : Lt BIDINGER, Lt puis Cne CASAROMANI (en 1939), Lt MAUDUIT (STG MC10B), S-Lt MATTER


  • CM2 (sous-quartier de Hoste-Haut) : Cne BALLET, évacué pour maladie en Janvier 1940, puis Lt DESGRATOULET jusqu’en Avril 1940 , puis Lt Le GRANCHÉ (ex-CEFV n°1).
    Chefs de Sections : S-Lt Willy RUDOLPH (SM1 - PA du Calvaire) , Adj-C BROUSSOUS (SM2 – PA Hoste Haut), S-Lt BENDEL (PA 247 et groupe franc), Lt ROQUET (muté à la CEFV n°1 quand Le GRANCHÉ arrive à la CM2), Asp MARRET, Adj FAIVRE.


  • CM3 (sous-quartier Cote 250) : Lt BOULTE jusqu’en Mars 1940, puis Lt JEANNEL.
    Chefs de sections : S-Lt CRETON (Hoste Bas), Asp RENNESSON (PA1), Adj-C LALOUETTE


  • CEFV (Compagnie d’Engins et Fusiliers Voltigeurs) n°1, avec 3 sections de 3 canons de 25mm et une section à deux groupes de mortiers de 81mm et deux sections FV : Cne BOUVIER, puis Cne (au 01/01/1940) Georges SCHOULER (ex-CE3), puis Lt RIDEL.
    Chefs de Sections : Lt KLEIN (section 25mm), Adj-C SIMOTHE (section de 25mm), Lt Le GRANCHÉ puis Lt ROQUET (section FV) S-Lt KUNTZLER (Mo 81mm). La CEFV opère aussi les 47mm AC installés par le 164° RAP dans les blockhaus STG.


Corps franc (section) : S-Lt BENDEL

II / 174° RMIF :

CB Roger Le GENDRE (muté le 7 Mai 1940 comme instructeur à l’Ecole des Elèves Aspirant – Fontenay le Comte) – puis CB GOUILLEUX jusqu’au 20 Juin 1940 puis enfin Cne Roger PIRAT – PC dans le bois de la HARDT .

Chef d’EM/Major : Cne Roger PIRAT
Renseignements : Lt André RAUSCH,
Transmissions : Lt Albert WILL (-> 02/1940)
Officier Pionniers : - section pionniers : Lt GAMBERO
Officier « Z » : Lt Jean CUNY
Service de santé : Med-S-Lt Jacques LARDENOIS, Med-Aux Frédéric ASCH

  • CHR n°2 : Lt puis Cne René VINCENT (muté le 25/04/1940), puis Lt Pierre MAUGAIN, Approvisionnement : Asp. COMBAREL


  • CM5 (sous-quartier Colline Rouge en Juin 1940) : Cne Jean GUERNIER (muté à 62° DI en décembre 1939), puis Cne (TT) Eugène LAILLAT jusqu’au 14 Juin (il décide de rester sur place lors du repli), puis Lt Pierre GERARD.
    Chefs de sections : Lt Pierre GERARD (SM1 - PA de la Barrière), S-Lt MORGE (MC8B, PA Colline Rouge), Lt DIEDLER (PA du Huhnerberg), S-Lt LAUFENBURGER (PA3, ou PA du PC - décédé lors des combats)


  • CM6 (sous-quartier Confluent) : Lt Pierre QUENNEDEY (2), puis Cne AUDIER jusque fin Mars 1940 (muté corps expéditionnaire de Norvège), puis Lt Jean DAUBENTON à partir du 13/04, promu Cne le 7 Juin 1940.
    Chefs de Section : Asp. Jacques MILLER (STG A), Asp. Robert LAMAZE (STG B), S-Lt HERIQUE (section FV), Lt LAGARDE (-> 12/1939, puis évacué pour maladie), Lt puis Cne F. AUDIER, S-Lt BERNARD, Lt Jean DAUBENTON (jusqu’à sa promotion au commandement de la CM6), Lt MORIN, Adj-C COSTE.


  • CM7 (sous-quartier Usine Electrique) : Lt MEYROUS ,
    Chefs de Section : Lt Mathias TIRBISCH (PA de l’usine électrique), Asp MATZ (PA du confluent), Lt Jean CAMO, Lt DABADIE, Asp puis S-Lt RUDOLPH (transféré à CM2)


  • CEFV n°2 : Lt Jean QUENNEDEY (2) (-> 30/09/1939) puis Lt CHARDIN.
    Chefs de section : S-Lt Clovis GAGNIERES en 1939, S-Lt Louis PERRIN (25mm AC, à Usine Electrique), S-Lt Alphonse FIEGEL (25mm AC, au Kalmerich), Asp. FLUCK (25mm AC, à Colline Rouge), Asp. André PONEL (SFV, tué le 01/06/1940 à Loupershouse) remplacé par Asp. LAMAZE, Lt KRUMMENACKER (SFV), Lt LESTRADE (muté à EM de 20° RM en Avril 1940), Adj HEMMERLING (section Mo 81mm)


Corps Franc : S-Lt BERNARD (CM6) puis Lt Pierre QUENNEDEY (2) à partir de fin 1939.

III / 174° RMIF :

Cne puis CB (TT au 01/04) Gildas LELAY - PC dans le village de DIFFEMBACH (DIEFENBACH de nos jours). Le CB LELAY reste sur place le 14 Juin 1940 et passe provisoirement le commandement du III/174° RMIF à son adjoint le Cne COURNEIL jusqu'à retrouver le bataillon le 15 Juin.

Adjoint : Cne COURNEIL
Renseignements : Lt Marc MATHIEU
Transmissions : S-Lt André BADIN puis Lt Albert WILL
Officier « Z » : Lt René DIDELOT
Officier Pionniers : Lt LAPEYRONNIE (-> Avril 1940), puis Lt THOUVIGNON
Service de santé : Med-Lt Pierre LEDOUX, Med-Aux RINCK puis Med-Aux Joseph RINELL

  • CHR N°3 : Cne François MARTY, Lt René LIENARD (Ravitaillement), Lt Félix POIRIE (Détails)


  • CM9 (sous-quartier Dieffembach - LPR) : Lt MELY, puis Cne (TT) BEAUVIT (ex-CM10).
    Chefs de Section : Lt KATZ, S-Lt puis Lt SULTAN, Adj BARAT, S-Lt THOMAS (muté à CFV3), Lt MELY (évacué en mai 1940 suite accident),


  • CM10 (sous-quartier du Bois de Pfaffenbusch - LPR) : Lt puis Cne (TT) CORNIER.
    Chefs de section : S-Lt VILLANT, Lt BEAUVIT, Lt BURGEL, Lt BONTET, Lt PICARD (remplace Lt BEAUVIT).


  • CM11 (sous-quartier St Jean-Rohrbach – ligne de Soutien) : Cne Guillaume FONTAN.
    Chefs de Section : Lt TISSERAND, S-Lt PAGÉS, S-Lt CAMBOIS, Adj. GRANDJEAN.


  • Le 3° bataillon ne comporte pas de CEFV, mais une CE (Compagnie d’Engins) et une CFV (compagnie de Fusiliers-Voltigeurs).

  • CE n°3 : Lt THOUVIGNON (passe à l’EM du III/174° en Mai 1940), puis Cne VIEUILLE en Mai 1940.
    Chefs de sections : Lt Eugène LAILLAT (-> 01/04/1940, promu Cdt de la CM5), Lt puis Cne Georges SCHOULER (promu Cdt de la CEFV1), remplacé par S-Lt puis Lt Clovis GAGNIERES (section 25mm AC), Lt KATZ (section 25mm AC), Asp. GREGOIRE (section 25mm AC), Sgt-C HUMBERT (section Mo81mm à trois groupes).


  • CFV n°3 : Cne François FROELICH jusqu’au 1 Avril 1940, puis Lt (puis Cne) Henri COURBERES.
    Chefs de section : Lt Henri COURBERES (-> 01/04/1940), S-Lt ANGLES, S-Lt THOMAS (STG 10), S-Lt STREZALY (muté vers unité polonaise – agent de liaison), Asp BAUSSON , Sgt-C RICHARD, Sgt-C ZESSOFF.


Corps franc (section) : Adj-C METTETAL

Autres officiers cités dans les documents : Lt Roger RIBOULET, Lt Henri DECHELOTTE

L’effectif total du 84° RIF est de 3800 hommes. Son effectif réel en Juin 1940 ne sera que de 3400.

Notons l’existence tardive d’un XXI° Bataillon du 174° RMIF, créé en Mars 1940 à partir du XXI/69° RMIF. IL y a peu d’information sur cette unité formant corps, donc administrativement indépendante du 174° RMIF. Elle servait de vivier de renforts pour les régiments de forteresse du secteur et d’unité de construction. Il était formé d’un état-major et de trois compagnies de mitrailleurs.




Historique

La mobilisation devient effective début Septembre. Le 3° bataillon qui occupait le quartier droit sur la LPR est détaché à la 4° DINA pour occuper la ligne d’arrêt derrière cette grande unité dans le cadre de l’offensive de la Sarre. Le bataillon s’attache donc à fortifier les hauteurs sud-ouest de Forbach dans le triangle Morsbach-Kreutzberg-Gaubiving du 10 au 23 Septembre pendant que la 4° DINA et le groupement MARION entrent en Allemagne. La LPR se repartage durant ce laps de temps entre les deux autres bataillons, en deux quartiers. Le 25 septembre 1939, le III/174° revient sur sa base de départ sans être relevé sur les positions construites au-dessus de Forbach... Le dispositif initial est repris, à trois bataillons sur la LPR – deux en ligne et un au repos à St Jean-Rohrbach.

Courant novembre, nouvelle réorganisation interne, avec permutation des 3 bataillons : le III/174° s’intercale à gauche du I/174° dans le quartier ouest, en liaison avec le 82° RMIF. Le II/174° reste à sa place et l’ancienne position du III/174° est prise en compte par un régiment de renforcement divisionnaire de la 19° DI. Les choses restent ainsi durant l’hiver, avec comme partout un gros effort d’aménagement de la position : construction de blockhaus, aménagement des réseaux bas, des PC et abris.

En conséquence de la nouvelle organisation voulue par l’Etat-Major Général fin 1939, les unités de forteresse (dont le 174° RMIF) sont subordonnées et laissées au bon vouloir de la pensée tactique de l’encadrement des divisions de renforcement. Ceci se traduit par de nombreux changements de vues, d’arrêt/démarrages de travaux, et pour tout dire une certaine lassitude chez les exécutants…

Le sous-secteur connait comme tous les autres sa valse de ces unités de renforcement du IX° puis XX° CA, qui à tour de rôle prennent la destinée du 174° RMIF en main :


  • 11° DI : jusqu’au 08/11/1939

  • 62° DI : du 08/11 au 24/11/1939

  • 19° DI : du 25/11/1939 au 04/01/1940

  • 14° DI : du 05/01 au 20/04/1940

  • 82° DI Africaine : du 20/04 au 22/05/1940
    Gal ARMINGEAT, PC à Hellimer – 6° RTA renforçant le I/174° RMIF, 4° RIM, 1° Zouaves)

  • 52° DI (Gal ECHARD) : à partir du 22/05/1940.


Quelques jours plus tard, c’est toute la 4° Armée qui quitte cette partie du front, laissant seule la 52° DI et la 1° DI Polonaise en renforcement sur la Sarre (Groupement Sarre, ex XX° CA, directement rattaché au GA2 jusqu’au 14 Juin, puis à la 3° Armée).

Fin 1939 voit de nombreuses patrouilles des sections franches du régiment dans les zones les plus avancées du sous-secteur, vers Forbach, Alsting, Grosbliederstroff, occasionnant plusieurs incidents de rencontre avec des patrouilles allemandes engagées en territoire français. Ceci culmine entre le 19 et le 24 Décembre par plusieurs échanges de tirs autour de la forêt de Brandenbusch entre Grosbliederstroff et Behren. En janvier 1940, la 14° DI s’installe aux avancées, permettant le retour des sections franches du 174°. La 14° DI entame ainsi ses travaux sur la partie de la ligne L1 située sur le territoire du 174° RMIF, sur les sommets entre Rouhling et Cadenbronn, avec avancées sur le Brandenbusch et l’Ermerich. La ligne de soutien L2 est elle aussi entamée entre Farébersviller et Hundling.

Début Avril 1940, les PAF (Points d’Appui Fortifiés) avancés sont pris en compte par la 14° DI en plus des lignes L1 et L2. La CFV n°3 ainsi relevée se place dans l’avancée de Puttelange avec une partie du reste du III/174° RMIF qui reprend sa place initiale à la droite du Régiment, mais fortement décalé dans l’avancée de Puttelange (3) : CM9 en moitié Sud-Est du périmètre de celle-ci et CM10 en moitié Nord-Ouest, séparation par la route de Sarreguemines et CFV n°3 dans le village lui-même. La CM11 et une partie de la CM10 tiennent la LPR en arrière de l’inondation défensive. En avril 1940, le régiment cède une partie de son effectif le plus jeune à la 52° DI en contrepartie d’éléments plus âgés.

10-14 Mai 1940 : L’ennemi entre en action en envahissant le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas. En renforcement de la position, la 82° DIA se bat avec acharnement sur la ligne avancée L1, entre Etzling et Grossbliederstroff (combat dans les bois d’Ermerich et Brandenbusch par les 1° Zouaves et 4° RTM).

Le XXI/174° RMIF stationne pendant toute la période jusqu’au 13 Juin entre Oermingen, Bertring (Grostenquin), Hellimer et Sarre-Union.

15 Mai 1940 : Nouveau changement d’organisation : la CFV n°3 réoccupe l’avancée de Puttelange en relève du 110° BCP (52° DI). Elle y monte avec une section de deux pièces de 25mm, 7 mitrailleuses et une quinzaine de FM répartis entre les trois blocs bétonnés et les intervalles de l’avancée. Les premiers bombardements d’artillerie lourde ennemis s’abattent sur la LPR (I/174° RMIF)

16-18 Mai 1940 : Poursuite des combats et bombardements sur la ligne des AP, juste au-dessus de Forbach. La 82° DIA les tient jusqu’à son retrait le 22 Mai pour le Nord de la France.

22-25 Mai 1940 : Les AP sont évacués dans la journée. La 82° DIA part et la 52° DI, qui était dispersée dans les avancées entre Sarreguemines et Freyming est regroupée et progressivement placée en arrière de la position du 174° RMIF, entre Laning et St Jean-Rohrbach, avec son 291° RI encore derrière, sur la « position intermédiaire » (aussi nommée ligne CEZF) à Grostenquin-Francaltroff.
Nouvelle réorganisation du III/174° RIF, qui reprend ses positions… du 1er septembre 1939 ! Les CM9 et 10 et la CFV3 repassent derrière l’inondation et Puttelange reste défendu par des unités de renforcement du DARO (82° DIA) en cours de retrait. Pour compenser celui de la 52° DI, le corps franc (CF) régimentaire fort de 4 sections reprend ses actions dans le no-man’s-land en avant des trois PAF à partir du 23 Mai. Il se base à Guebenhouse et rayonne dans le secteur en avant jusqu’au 26 Mai. Dans la soirée du 26, le contact franc est pris avec l’ennemi qui avance sur Metzing. Des combats sporadiques dureront toute la nuit sur l’Altwiesenbach, avant repli du CF vers Guebenhouse.

26 Mai 1940 : Le fin du retrait du Détachement d’Action Retardatrice Ouest (DARO) impose la réoccupation des PAF et de l’avancée de Puttelange par le 174° RMIF sur ses propres moyens. Le PAF de Loupershouse est pris en charge par la section de fusiliers-voltigeurs PONEL de la CEFV2 (II/174° RMIF). La section FV du Lt KRUMMENACKER se place sur la cote 250 à Ellviller entre Loupershouse et le Kalmerich. La CFV3 retraversent l’inondation pour se placer sur le périmètre défensif de Puttelange et y rejoint une section de la CM11 qui y était déjà. L’effectif est néanmoins dilué sur un grand périmètre et il n’y a pas de défenseur dans le village proprement dit, ce qui sera pénalisant le 6 Juin…
Les PAF de Guebenhouse et Ernestviller sont eux réoccupés par des sections des CM9 (Section BARTOLI) et CM10 du III/174°.

27 Mai-2 Juin 1940 : La 4° Armée disparait et son XX° CA devient le « Groupement Sarre ». Progressivement, les allemands approchent des PAF. Le corps franc évacue ce 27 Mai le village de Guebenhouse, qui est investi le 29 Mai malgré une dernière tentative de dégagement par le CF. C’est finalement le bombardement par l’artillerie française qui incite les Allemands à évacuer le village dans la nuit. Le 31 Mai, Farschviller est occupé par la 268° ID allemande.
Les Allemands arrivent ensuite au contact des PAF les 1er (Loupershouse) et 2 Juin (Guebenhouse et Ernestviller), et commencent ensuite à s’infiltrer dans la forêt de Puttelange à l'Est de l'étang du Welschhof, combattus par le corps franc du 41° RMIC. Le 1er Juin, le PAF de Loupershouse est attaqué. Une des sections de FV assurant la protection des abords est neutralisée, entrainant le décès de l’Asp PONEL (bloc MC8E) et du caporal LEBEL (bloc M34), mais la seconde section (Lt KRUMMENACKER) localisée à la cote 250 au S-O d’Ellviller entre le PAF de Loupershouse et le Kalmerich résiste une partie de la journée et arrive à se replier dans la nuit et rejoindre la LPR au Kalmerich. C'est à cette période que le commandement ordonne la réalisation le déclenchement du système d'inondations défensives, planifié depuis près de 10 ans...

3 Juin 1940 : Les PAF restants (Guebenhouse, Ernestviller) sont assez fortement bombardés par l’artillerie et l’ennemi se fait menaçant. Dans ces circonstances, le commandement ordonne le repli des défenseurs très isolés en avant. Ce décrochage est réalisé dans la nuit du 3 au 4 Juin, en bon ordre et sans pertes.

4 Juin 1940 : bombardement préparatoire sur la ville de Puttelange. L’ennemi est aperçu de la LPR dés le 4 Juin sur le Rodenberg et le Botzenberg, aux approches de Puttelange côté Welschhof. Ces points sont traités par l’artillerie amie. La digue de Welschhof, placée côté ennemi, ne peut être détruite par le Génie, pris de cours. Les batardeaux seront détruits à distance au 47mm AC, permettant le complément de l’inondation du Moderbach. Dans la nuit du 4 au 5, une infiltration ennemie venant de la ferme du Welschhof vers l’avancée de Puttelange est arrêtée juste en limite de réseau.

5 Juin 1940 : La 52° DI prend contrôle des RIF/RMIF entre le 69° et le 174° et remonte en ligne. De leur côté, les Allemands sont maintenant partout au contact avec la LPR, se maintenant juste à distance prudente, aux lisières des forêts en avant de celle-ci.
La digue de l’étang du Welschhof, qui avait été finalement détruite la veille, est réparée par l’ennemi qui l’utilisent pour approcher à nouveau Puttelange par l’Est dans la matinée. Le feu du blockhaus M24B les en dissuade. Cependant, l’ennemi parvient à installer un 37mm PAK à portée qui débute un travail de destruction systématique des embrasures des petits postes défensifs légers du périmètre de l’avancée. Les défenseurs de Puttelange connaissent leurs premières pertes (Sgt TIBOUT – PA de la cote 267.5, puis Sgt-C ZEYSSOFF et Cap-C. PROIX au PA1 de la route de Sarralbe). Une nouvelle tentative d’approche à 18h de l’angle Est de l’avancée est repoussée au mortier de 81mm. Entre 20h30 et 22h30, l’artillerie Allemande prend pour cible le village proprement dit : l’église et un grand nombre de maisons sont en flammes. Le bombardement se porte ensuite sur les PA1 et PA2 de l’avancée.

6 Juin 1940 : L’attaque d’infanterie débute dans la nuit du 5 au 6 dès 22h30, sans que le régiment ne réagisse particulièrement à ce qui était prévisible depuis la veille. A 0h, l’ennemi parvient à prendre pied dans le village par le sud-est (cimetière) avec l’effectif de 2 compagnies. Le PA2 (Asp. BAUSSON) tombe, mais le PA1 (Sgt-C AHIER) tient toujours. La place Napoléon du bourg est aux mains allemandes. L’artillerie française réplique durement en encadrant le village. L’estacade en bois qui relie celui-ci à la LPR est détruite, coupant la liaison téléphonique et isolant le village. Au PA3, le S-Lt ANGLÉS est grièvement blessé. Face à la situation, le Lt COURBERES (CFV3 et commandant la défense du village) déplace son PC du Château Weyland au PA4 (Cote 229)
La matinée est plus calme, chacun campant sur ses positions. L’ennemi tire cependant à vue sur les créneaux du gros blockhaus STG 10, qui est le bloc le plus important de l’avancée.

174° RMIF - Combats dans Puttelange les 6 et 7 Juin 1940

Carte des combats du 6-7 Juin 1940 à Puttelange


La contrattaque des Chasseurs à Pied de la 52° DI (une compagnie du 88° BCP), débouche à 14h du bois de Diffembach au travers de la CM10. Elle est accueillie par un duel d’artillerie mais parvient à traverser et prendre pied dans le village par le nord-ouest (Cote 229). Guidés par l’Asp BAUSSON (PA2) et le Sgt VALENTIN de la CFV3, les chasseurs reprennent le cimetière et une partie du PA2 vers la cote 242. Malheureusement, les pertes sont importantes et il faut cesser l’attaque en attente de renforts. Le S-Lt ANGLÉS (PA3) est évacué suite à ses blessures et remplacé comme chef de PA par l’Asp. BAUSSON. Les pertes se montent à 3 tués, 3 blessés et une dizaine de disparus (capturés).

7 Juin 1940 : Les allemands reprennent l’attaque vers 1h du matin, tentant un coup de main sur le PA4 de la route de Loupershouse. Ils sont cueillis par les défenseurs et arrêtés net. Le reste de la nuit est plus calme. Au petit matin les Allemands évacuent le PA2. La totalité du village est dégagé lors d’une seconde contrattaque du 88° BCP dans la matinée, dont une 2e compagnie est venu renforcer celle ayant attaqué la veille. La CFV3, qui avait été encerclée dans ses positions durant quelques heures, est ainsi dégagée.
La défense de l’avancée est renforcée en conséquence de ces deux jours : la CFV3 se concentre sur la partie Nord-Ouest (de la route de St Avold à la route de Sarreguemines), et une compagnie du 88° BCP occupe les lisières Sud-Est de l’avancée, de la STG 10 au PA1 de la route de Sarralbe. Le centre du village est défendu par la section AHVIN ().
Dans la journée, le Lt-Col DUPARANT est « appelé à de nouvelles fonctions » et remplacé à la tête du régiment par le CB CAYE du 348° RI.
Dans la soirée, vers 23h, les Allemands font une dernière tentative sur le versant Nord-Ouest de l’avancée (PA4 de la route de Loupershouse) mais sont repoussés à la grenade. Ceci marque la fin – temporaire – du combat pour Puttelange.


8 au 12 Juin 1940 : les assaillants Allemands essaieront quasiment toutes les nuits de tester les défenses de l’avancée de Puttelange, principalement vers le PA4 et la PA3 de la route de Sarreguemines, qui seront toujours énergiquement défendus avec l’appoint de détachements du groupe franc régimentaire. Durant la période, les éléments du 88° BCP tenant la partie Sud sont progressivement relevés par le 5° BM (Bataillon de Mitrailleurs de réserve générale), qui assure par ailleurs la tenue de la ligne d’arrêt derrière les I et II/174° RMIF. Durant la période, les blocs STG inachevés sont équipés tant bien que mal. A noter le 11 Juin, une tentative d’infiltration de 2h du matin à l’Ouest de STG A (Kalmerich) promptement repoussée.

13 Juin 1940 : L’ordre de repli des troupes de couverture de la ligne Maginot est communiqué au commandement du régiment dans la soirée du 13. Dans ce contexte, le 174° RMIF doit rester sur la LPR jusqu’au 14 au soir pour couvrir le repli de la 52° DI. La journée voit le retrait de l’artillerie de position, y compris 166° RAP dont la batterie antichar laisse sur place une partie de ses pièces de 47mm AC (6 pièces sur les 20 installées sur le ban du 174°) dans les blocs STG inachevés. Le 13 au soir, deux sections de la CM11 (Cne FONTAN) viennent relever la compagnie du 5° BM qui se replie de l’avancée de Puttelange pour reprendre sa place à Diffembach. Ces sections de la CM11 prennent position côté Sud-Est de l’avancée. Le reste de la CM11 est toujours en réserve dans le bois de Wetho en arrière des CM9 et CM10.

174° RMIF - Dispositif français le 14 Juin

Le dispositif français au 14 Juin 1940


14 Juin 1940 : L’offensive allemande de la Sarre débute au petit matin (6h00-6h30 selon les témoignages) par un très intense bombardement d’artillerie, suivi de vagues de bombardements aériens par Stukas à partir de 7h30. Le dispositif ennemi est le suivant : devant le 174° RMIF se trouvent la 75° ID (Gen.Lt. Ernst Hammer) et la 268° ID (Gen. Erich Straube). Côté 75° ID, l’IR 222 (Oberst von Wolff) attaquera au nord de Puttelange, vers la cote 248, le confluent du Hosterbach et du Mutterbach et l’avancée de Puttelange. A droite, la ID lance son IR 125 (4) se charger de Hoste et de la face Nord-Ouest du Kalmerich.

174° RMIF - Les forces en présence le 14 Juin 1940

Les forces en présence le 14 Juin


Ce puissant bombardement préalable met à mal le réseau de téléphonie des défenseurs, qui est pratiquement neutralisé dès 9h. Les défenseurs feront face à ces forces considérables jusqu’à réception de l’ordre de repli, diffusé vers 16h30-18h00 pour décrochage à 22h.

Gauche du quartier du I/174° RIF : Conjointement avec la MC9B, le grand bloc MC10B (Langstwald – Lt MAUDUIT) rend la vie difficile au IR 272 allemand (93° ID – XXX° AK) qui attaque la face Est de l’avancée de Cappel sur le sous-secteur mitoyen du 82° RMIF. Les défenseurs du Langwald interdiront toute la journée la traversée du Rimmelhoffenbach en avant de la LPR par l’IR 488, malgré l’engagement de renforts de sa part et trois attaques successives. Dans la soirée, le Lt MAUDUIT est relevé par le S-Lt MATTER qui prend le commandement du bloc STG et de la croûte re retardement.

Hoste : l’intervalle non couvert par les deux étangs artificiels de Hoste est tenu par la CM2 du I/174° RIF, qui a en face d’elle l’IR 499 de la 268° ID. Son PA du Calvaire se compose de deux blocs, R8B qui est un blockhaus de digue classique pour FM construit en 1935, et M108B qui est un bloc pour mitrailleuse – STG de campagne type 1 – inachevé. Il lui manque son rocaillage et est fermé par une porte provisoire en bois... A 7h, l’infanterie de l’IR 499 occupe le village de Hoste-Bas, en avant du ruisseau de Rimmelhoffenbach. La section de surveillance laissée à Hoste-Bas (S-Lt CRETON, de la CM3) résiste le temps qu’elle peut et est partiellement capturée et dispersée au lancement de l’attaque. À la suite de cela, l’ennemi installe plusieurs pièces antichars de 37mm PAK et un 88mm FLAK sur la route Barst-Puttelange et prend à partie les créneaux des blocs R8B (S-Lt RUDOLPH) et M108B (Sgt-C HILAIRE), soutenu par les attaques de Stukas à partir de 10h30. En deux heures de ce traitement, R8B et M108B sont mis hors de combat – armes détruites et bloc M108B éventré. Une fois le travail de destruction réalisé, l’infanterie allemande se lance à l’assaut du Calvaire par la digue de l’étang Haut, en se protégeant des tirs du PA de la cote 250 et du blockhaus M113N de la CM5. Le point d’appui est submergé mais combat jusque vers 15h, le S-Lt RUDOLPH est capturé ainsi qu’une partie de sa section. Une contrattaque de la section BROUSSOUS suivie de celle du corps franc de bataillon ne parviennent pas à dégager la position mais la situation est stabilisée. L’IR 499 se renforce néanmoins et des infiltrations débutent vers le PA de liaison avec la CM5 (qui tombe à 19h) et vers le PA de la cote 250 (CM3). Au soir du 14 Juin, profitant du décrochage de la CM2, l’ennemi occupe Hoste-Haut, créant ainsi une brèche dans la LPR, rapidement rejoint par les éléments qui viennent du Kalmerich par le Hardt. L’état-major du I/174° RMIF parvient à décrocher à son tour à 22h, échappant de peu à la capture par les Allemands infiltrés dans le Huhneberg et en bout d’étang de Diffembach.

CM5 – Etang de Hoste Bas : les PA de Colline Rouge et de la Barrière sont tenus par la CM5 du II/174° RIF (Lt LAILLAT). Dès 8h, le bloc C12B est neutralisé par un coup au but direct dans l’embrasure tuant deux hommes (Soldats FLOREMONT et GALLY) et nécessitant l’abandon du bloc. Le bloc de digue R6B subit le même sort peu de temps après mais peut être évacué sans pertes. Néanmoins, les défenseurs tiennent bon, et le bloc C15N parvient à bloquer le passage sur la digue. La LPR ne sera pas entamée là, et sera évacuée sur ordre en début de nuit, alors que l’ennemi infiltré à partir de Hoste-Haut et du Kalmerich menace les arrières de la CM.

Kalmerich : La CM6 (Cne DAUBENTON) tient le bois de Kalmerich avec des éléments de la CEFV2. Le bois est bien tenu avec deux blocs mitrailleuses, deux blocs pour canon de 25mm et un bloc actif/PC à deux étages en arrière. Il est précédé de deux grands blockhaus STG (STG A et B, inachevés). Après bombardement qui détruit une bonne partie des communications, l’attaque du point d’appui débute à 9h30 mais le bloc STG B (Asp LAMAZE) – où la dalle n’a pas été complètement coulée - a déjà été neutralisé par les tirs de l’artillerie allemande dès 7h30, quand des obus de 88mm le percent et explosent à l’intérieur, faisant plusieurs tués et blessés, dont l’aspirant LAMAZE. L’équipage restant se replie vers le Kalmerich.
Le bataillon assaillant (I/IR 222 de la 75° ID) tente d’amener des barques pour franchir le Hosterbach équipé en fossé antichar, mais celles-ci sont détruites avant d’arriver au cours d’eau. Ils sont amenés à traverser celui-ci à la nage… Il demeure néanmoins bloqué sur le ruisseau jusque vers 9h30 par le feu des défenseurs. L’ennemi arrive finalement au contact du bois de Kalmerich par le Nord-Est vers 11h, après avoir traversé à 9h le ruisseau/fossé humide face à la Cote 248 entre Confluent et Kalmerich sans être arrêté par la STG B qui est muette depuis le matin. Par suite d’une nouvelle vague de bombardement, Il neutralise C8B (S-Lt FIEGEL), prend pied dans le bois, puis prend le bloc C10B (Sgt B---T – CEFV2) qui se rend vers 14h sans combattre. A 16h, l’assaillent est parvenu à faire tomber tous les postes à l’ouest du bois et atteint la route de Hoste. Le repli de la CM6 est dès lors compromis. Le bloc STG A (« Blockhaus Noir » pour les allemands car à peine décoffrée et recouverte côté ennemi de goudron d’étanchéité) est attaqué à revers à partir du Kalmerich et tombe à 17h, toutes armes détruites et intérieur enfumé. Une vingtaine d’hommes y sont fait prisonniers. Le Sgt B---T est envoyé au PC actif de la CM6 par les Allemands pour demander la reddition du point d’appui, ce qui lui est bien sûr refusé. Les Allemands approchent alors un canon de 37mm PAK – avec des pertes – et neutralisent les deux FM de défense. Le Cne DAUBENTON est blessé lors de l’attaque finale de son PC par une grenade fumigène qui explose dans le sous-sol à moins d’un mètre de sa tête, le blessant sérieusement à la tête et aux yeux (5). Le PC tombe à 18h. A 21h, tout le bois est nettoyé et l’assaillant se place en lisière Sud, avec pour cible le Hardtwald pour le lendemain matin. De la CM6, il ne reste plus qu’une section qui avait été conservée en arrière pour protéger le PC de bataillon dans le Hardtwald. Cette prise du Kalmerich aura une conséquence fâcheuse : Le CB GOUILLEUX, inconscient de la prise du bois, fait transmettre l’ordre de repli général vers le PC de la CM6. Cet ordre est intercepté par les Allemands qui comprennent immédiatement la situation et l'opportunité qu'elle offre à un moment où le doute les étreignait. Cet incident donne un avantage considérable à l'assaillant : la reprise d’offensive le lendemain en sera grandement facilitée et cela permettra une nuit de captures fructueuses…

174° RMIF - La journée du 14 Juin 1940

La journée du 14 Juin 1940 sur le front du 174° RMIF


Confluent : le PA du confluent et les positions de l’usine électrique sont tenues par la CM7 du II/174° RMIF. La casemate STG C de l’Asp MATZ est particulièrement visée par l’artillerie à tir tendu allemande. Des obus finissent par détruire son périscope (installé en lieu et place de la cloche GFM non installée) et tuer le pointeur du 47mm. A 8h30, l’ennemi parvient à franchir le Hosterbach entre le PA du Confluent (CM7) et celui du Kalmerich (CM6), mais le PA proprement dit n’est pas entamé et bloque à lui seul l’IR 222 descendant du Rodenberg et ce malgré le bombardement intense qui reprend à 10h. Une nouvelle tentative d’un bataillon complet vers le carrefour du confluent échoue. Les pertes sont néanmoins sévères chez les défenseurs : le soldat René LEDUC est tué dans le blockhaus STG C et la compagnie déplore de nombreux blessés par les coups entrant par les embrasures. Cependant à 15h l’ennemi arrête ses attaques frontales sur la CM7 du fait des pertes trop importantes. Le point d’appui reste au calme la nuit suivante. L’ordre de décrochage ne parviendra jamais au PA du Confluent dont les occupants tiendront une partie du 15.

Usine Electrique : le PA du Lt TIRBISCH parvient à gêner considérablement l’avance allemande vers Puttelange et interdit totalement le franchissement du Moderbach. Le bombardement aérien endommage cependant R4B, qui est par ailleurs pris à partie par les canons PAK de l’autre rive de l’inondation défensive et l’objet d’une attaque vers 18h, contrée par le feu du PA4 de Puttelange. L’ordre de repli arrive au PA par l’intermédiaire du III/174° vers 21h. Mais il est déjà trop tard car l’ennemi est sur les arrières. Les hommes du Lt TIRBISCH restent donc sur place.

Puttelange : La CFV3 qui devait être relevée dans Puttelange par la CM11 du Cne FONTAN ne le sera pas car les événements s’accélèrent très tôt. Le bombardement initial se déplace vers les arrières de l’avancée (LPR avec les CM9 et CM10 du III/174° - le Sgt Charles JONETTE est tué par un éclat d’obus, première perte de la CM9). Cachée dans un brouillard artificiel, l’infanterie assaillante s’engage par le Nord vers le PA4 de la route de Loupershouse, mais est pris en feu croisés entre les armes des PA4 (Sgt-C RICHARD), PA3 (Asp BAUSSON) et celles de la CM7 du Lt MEYROUS, sur l’autre rive du Moderbach au PA de l’Usine électrique. Jusqu’à 15h ce sont 4 attaques de ce type qui sont déclenchées contre l’avancée, sans succès et malgré la perte définitive des liaisons téléphoniques en début d’après-midi du fait du bombardement. Le groupe de l’asp BAUSSON déplore néanmoins la perte de deux hommes (les soldats ROCH et PEROT et 5 blessés). La LPR ne sera donc jamais inquiétée dans ce quartier du III/174° RMIF par l’infanterie adverse cette journée du 14, mais les intenses bombardements des positions, souvent simplement protégées par des rondins de bois, entrainent des pertes importantes. Le blockhaus STG G, inachevé, reçoit une bombe de Stuka qui lui endommage la dalle.
Les pertes pour les défenseurs de l’avancée de Puttelange se montent à une dizaine de tués sur la journée.

Au soir du 14, la situation est donc plutôt favorable aux français sur le front du 174° RMIF. L’avancée de Puttelange et la LPR de l'aile droite jusqu’au Confluent tient toujours, mais côté gauche l’ennemi a percé la LPR au Kalmerich et l'a entamée à Hoste Haut. La digue de Hoste Bas et la Colline Rouge tiennent encore mais sont à risque de contournement. Faible résultat allemand néanmoins pour une attaque de grand style avec artillerie et aviation maitre du ciel et qui devait se traduire par une percée franche et exploitable.

Le 5° BM, qui couvrait les arrières du 174° sur la ligne d’arrêt, décroche à 19h indépendamment du régiment qu’il protège. L’absence de cette couverture permettra les infiltrations allemandes à partir de Hoste-Haut et du Hardt. Alors que le 5° BM décroche, l’ordre de repli de l’ensemble du 174° RMIF arrive enfin et est communiqué en suivant aux unités au contact. Il devra être effectif à 22h, mais en laissant sur place une croûte retardatrice. Cette croûte se compose d’une à deux sections par bataillon, commandés par le CB LELAY (III/174° RMIF) qui restera sur place jusqu'au lendemain. Chaque sous-quartier (secteur de compagnie) sera commandé par un officier restant sur place (6).
Dès 20h15 les sections de la CFV3 et de la CM11 évacuent le village de Puttelange en ruine, en laissant derrière eux les équipages des 3 blocs bétonnés (M24B, M30B et STG 10 – S-Lt THOMAS) pour faire retardement et couvrir le repli. Sur la LPR, outre les sections TIRBISCH et MATZ, le Lt KATZ reste sur place pour commander les éléments restant dans STG G, R12B, M26B, C3 et C4. Plus au nord, le Lt VILLAN de la CM10 commandera les défenseurs des STG D, M11B et M32B. STG E sera occupée par un petit groupe commandé par le S-Lt PAGÉS de la CM11. Hors ces éléments retardateurs, le III/174° - sous les ordres maintenant du Cne COURNEIL, décroche à l’heure dite et sans encombres.

Le décrochage du reste du régiment direction Morhange puis Bénestroff est moins fluide... Les Allemands – qui sont, on le sait, au courant du repli - vont activement pousser leurs infiltrations et capturer facilement dans la nuit sur le chemin de repli l’essentiel de la CM5, prise en tenaille entre les deux percées allemandes. Cette compagnie décroche tardivement et est presque intégralement prise à l’extrémité de l’étang de Dieffembach par des éléments allemands montant de Hoste-Haut. Seul l’équivalent d’une section parvient à s’échapper. Des retardataires de la CM7 (section CAMO) subiront le même sort au même endroit. C’est ainsi près de 150 hommes qui sont capturés dans la nuit. Le PC du II/174° RMIF dans le Hardt est évacué à 22h in-extremis avant que les Allemands venant du Kalmerich n’y arrivent.

Le reste du régiment est bombardé durant la nuit sur une bonne partie de son parcours par l’artillerie ennemie, informée du trajet de repli... Il arrive en fin de nuit dans le bois des Cordes au sud de Bénestroff.

15 Juin 1940 : Au matin du 15, dans le bois des Cordes l’heure est au bilan : Le I/174° est très entamé (effectif réduit à 1/3 de son effectif), le II/174° est réduit à l’équivalent de deux compagnies réduites, sans armement collectif autre que des FM. Le III/174° est lui-même quelque peu entamé, ayant en particulier perdu tous ses canons de 25mm AC. Les décès du régiment sont estimés à 149 hommes. Même si des isolés parviendront à rejoindre l’unité (7), le régiment est sérieusement amoindri. Après s’être reposé la journée, le régiment reprend son déplacement à la nuit tombée. Il embarque en camions à partir de 19h30 dans le bois de Marimont (Sud de Bénestroff) jusque vers 3h du matin le 16, protégés par la CM10, car les Allemands ont déjà franchi la position d’arrêt (ligne CEZF) à Grostenquin et approchent de Bénestroff. Il est transporté à Xures où après débarquement il se positionne au repos en lisière nord de la forêt de Parroy et sur le canal de la Marne au Rhin, entre Mouacourt et le gué de Laxat, avec le 5° BM juste à sa gauche face à Parroy. Le régiment est placé d’Ouest en Est avec dans l’ordre le I/ et III/ bataillons (le 2e bataillon est en repos dans la forêt de Parroy). La CM9 assure à l’orée du bois de Xures la liaison à droite avec la 1° Division Polonaise.
Sur la LPR : Dans la nuit, l’ennemi s’infiltre entre les blockhaus isolés et occupe l’arrière de la LPR. Le CB LELAY et le Lt THOUVIGNON parviennent à décrocher vers 6h du matin juste avant que le PC régimentaire du Pfaffenbusch où il était ne soit pris. Il parviendra à retrouver son bataillon dans le bois des Cordes. Les éléments restés en action de retardement reprennent le combat au matin. Le bloc STG C, après avoir tiré sur des camions défilant sous ses créneaux et neutralisé au 37mm PAK vers 11h. A 11h30, c’est au tour du PA de l’usine électrique de cesser le feu, R4B ayant été neutralisé au canon. Dans l’après-midi, les derniers éléments encerclés se rendent.

16 Juin 1940 : La journée est utilisée à construire les positions défensives le long du canal. Le II/174° RMIF ayant le plus souffert lors l’attaque de front le 14 est placé en réserve dans la forêt.

17 Juin 1940 : En fin de matinée, les derniers éléments retardateurs au nord du canal franchissent les ponts de Mouacourt et Xures, qui sautent peu de temps après. L’avant-garde allemande se présente devant le pont de Mouacourt à 12h et est facilement repoussée, pensant le canal non défendu… A 16h la situation s’envenime : la 79° ID se présente devant le canal. Il s’agit d’une division fraiche qui était en réserve lors de l’attaque du 14 Juin. Vers 18h, profitant d’une relève pour ravitaillement des défenseurs du pont, l’ennemi franchit le canal sur l’écluse de Mouacourt devant le I/174° RMIF. Sa petite tête de pont est néanmoins contenue sur le Sânon, cours d’eau parallèle au canal. La contrattaque du groupe franc est repoussée trois fois par les Allemands. Depuis le matin, la 1° DI Polonaise est bousculée par les Allemands à droite du dispositif et contrainte de se replier. La CM9 risque d’être débordée à l’Est par le repli des Polonais. La CFV3 est envoyée réoccuper le terrain laissé par ceux-ci et se place entre Laxat et Lagarde à droite de la CM9, rejointe par un bataillon du 348° RI (52° DI), mais doit rapidement se rabattre vers la lisière Est de la forêt. La nuit se passe avec ce nouveau dispositif.

174° RMIF - Journées des 17-18 Juin 1940

Les journées des 17-18 Juin 1940 sur le canal de la Marne au Rhin


18 Juin 1940 : Les allemands percent la ligne de défense du canal à Lagarde, à l'Est de là. Attaquées toute la journée sur sa liaison côté Est avec la division polonaise, notamment en arrière du gué de Laxat, la CM9 (Lt BEAUVIT) et la CFV3 sont contraintes de se replier de la lisière vers l’intérieur de la forêt de Parroy, en bretelle face à l’Est le long de la route de Xures. Le canal est franchi mais les éléments allemands attaquant vers la lisière sont repoussés et dans la soirée, la situation est rétablie le long du Sânon sur le côté droit. Le début de nuit suivante est plus calme, mais il devient évident que sur la droite l’ennemi s’engage profondément en arrière du Régiment vers Vaucourt et Emberménil suite à la perte de liaison avec le 348° RI.
Côté gauche, le I/174° RMIF est lui aussi sérieusement pris à partie, d’autant que le 5° BM s’est retiré (sans ordres ?). Les Allemands qui ont franchi le canal à Mouacourt la veille obligent le bataillon à plusieurs nouvelles contrattaques pour contenir la tête de pont. A 17h c’est finalement lui qui prend l’initiative, franchit le Sânon à la nage ou à gué et bouscule le I/174° RMIF. Le village de Mouacourt tombe, mais est en partie repris par une contrattaque avant de devoir être évacué définitivement. Le II/174°, ou du moins ce qu’il en reste, cède une de ses compagnies au I/174° et se forme en centre de résistance fermé sur les hauteurs dans la forêt, au carrefour de la Croix Bastien. La nouvelle ligne de défense du I/174° se positionne à l’orée de la forêt de Parroy. Le Cne SCHOULER, adjoint du CB ARGENTA, y est blessé par des éclats d’obus, suivi par son supérieur direct quelques instants plus tard. Le Lt Le GRANCHÉ (ex-CM2) prend le commandement du reste du bataillon. A minuit, l’ordre de repli est donné par le Gal ECHARD, de la 52° DI, compte tenu du franchissement du canal par l’ennemi en plusieurs endroits.

19 Juin 1940 : Le II/174° décroche dès minuit, mais cet ordre de repli n’est reçu par les derniers défenseurs côté canal qu’à 2h15. Les I° et III° bataillons du régiment décrochent à leur tour sous le feu ennemi à partir de 3h du matin, pour aller vers Croismare où le pont sur la Vezouze est déjà détruit nécessitant une traversée à gué. La CM1 est capturée au moment du décrochage, déjà débordée, et la CM11 est encerclée puis capturée sur place elle aussi. Le II/174°, parti plus tôt, peut passer à Marainviller avant que la localité ne tombe aux mains ennemies. Le service de santé du II/174° n’aura pas cette chance, ralenti par le brancardage des blessés. Il est capturé par des unités motorisées à Laneuveville à 1h du matin.
Le régiment se dirige ensuite vers la lisière nord de la forêt de Mondon. Le régiment oblique en suivant vers le sud-est, direction Baccarat, en passant par Fraimbois (vers 9h), puis coupant à travers champs le long de la Meurthe. Le train de combat du régiment est capturé à Glonville, alors que la rivière est franchie à gué par les restes du III/174° RMIF. Près de 40 kilomètres sont accomplis dans la journée… Le régiment se repose la nuit suivante en forêt au sud de Glonville et au Nord de Domptail.

20 Juin 1940 : Le bilan au matin du 20 Juin est accablant : le 174° RMIF est réduit à l’effectif d’un bataillon. Evitant les colonnes ennemies, le 174° RMIF monte et s’installe au col de la Chipotte entre Raon-l’Etape et Rambervillers, avec le 5° BM. Le CB GOUILLEUX, tombé sérieusement malade, passe le commandement de son bataillon (II/174°) au Cne Roger PIRAT et est évacué avec le véhicule du CB CAYE avec mission de retrouver les trains de combat et régimentaires du régiment vers Etival. Il prend avec lui le drapeau du régiment, avec ordre de le détruire en cas de mauvaise rencontre…
Il retrouve les TC et TR dans le bois de la Hollande au sud d’Etival.

21 Juin 1940 : Le régiment se déplace une dernière fois vers la Salle, à l’Est du col du Haut-Bois.
De leur côté, les TC et TR du régiment sont approchés par les Allemands à Etival dans la matinée. Le CB GOUILLEUX procède sur place à l’incinération du drapeau tel qu’ordonné puis décroche avec ses éléments. Ils trouvent refuge dans les bois au sud-est de St Dié.

174° RMIF - Repli du 14-22 Juin 1940

Parcours du repli du 174° RMIF - 14-22 Juin 1940


22 Juin 1940 : Le CB CAYE prend le commandement des éléments restants des 174°, 41° RMIC et du 5° BM, laissant le commandement du 174° au CB LELAY. Trois compagnies nouvelles sont créées à partir des restes du régiment, commandées par le Cne BEAUVIT, le Cne CORNIER et le Cne PIRAT. Cette dernière réorganisation ne durera pas la journée… Sur ordre du Gal CONDÉ, commandant les restes des 3°, 5° et 7° armées autour du Haut-Bois, signe un accord de capitulation avec les troupes allemandes entourant le réduit. Le 174° RIF quitte les lieux le 22 Juin dans la soirée pour la captivité et se rend à Sélestat, où les officiers sont séparés de la troupe.
De son côté, le CB GOUILLEUX et les trains du régiment ne sont capturés que le 23.



Bilan

Le 174° RMIF a affronté seul et avec des réserves minimales (le 5° BM, qui n'est pas intervenu) l'équivalent de deux divisions d'infanterie soutenues par une 3ème en réserve. Un contre quatre en premier échelon. L'assaillant était par ailleurs considérablement soutenu par une artillerie d'attaque pléthorique (43 batteries recensées sur le ban du XII° AK) et une aviation ayant une maitrise totale du ciel.

Signe s'il en est de l'absence de volonté du commandement français dans un contexte général de retraite et de fin de campagne, les éléments restés sur place de la 52° DI - elle-même en plein repli - sont restés l'arme aux pieds alors qu'une contrattaque précoce et volontariste aurait pu permettre de dégager le Kalmerich ou Hoste-Bas. Le 6 Juin à Puttelange avait montré que les allemands n'étaient pas invincibles.

Ainsi, dans la "victoire défensive" mentionnée par Roger BRUGE dans "Faites sauter la ligne Maginot", c'est le 174° qui paya le plus lourd tribut et déplora les percées importantes.

Nombre de sources se font l'écho du fait que le moral allemand n'était pas au plus haut en cette fin d'après-midi du 14 Juin 1940 et que le doute régnait sur l'intérêt d'une reprise d'assauts meurtriers alors que la fin de guerre était proche. L'incroyable concours de circonstances de la capture par les allemands de l'ordre de repli du II/174° RIF à ses compagnies a bien sur été décisif dans la suite des événements.

Comme le dit P. MARQUE dans La ligne Maginot Aquatique, "...Malgré la retraite commencée par ordre, les défenseurs de la Ligne Maginot aquatique pouvaient se dire en partant qu’ils avaient bien défendu leurs positions."
En défendre d'autres après cela, sans moyens, avec des effectifs réduits, au terme de marches ou de déplacements éprouvants était sans doute mission impossible. Le 174° RMIF a tout de même fait ce qu'il a pu sur le canal de Marne au Rhin, avant de sombrer dans le reflux des unités vaincues vers les Vosges. Triste fin qu'il partage avec tant d'autres unités.




Notes
(1) Le CB DUPARANT est « appelé à d’autres fonctions » et relevé de son commandement suite à la perte temporaire de l’avancée de Puttelange…
(2) Pierre et Jean QUENNEDEY sont frères.
(3) Cette avancée est une création tardive du Gal RÉQUIN (4° Armée), qui en demande la création en Février 1940, contre l’avis de certains de ses subordonnés qui voient là un risque de dispersion des moyens.
(4) Le IR 125 ne fait normalement pas partie de la 75° ID. Il lui est rattaché à titre de renforcement en vue de l’attaque de la position de la Sarre.
(5) Le Cne DAUBENTON est évacué le 15 Juin à l’hôpital de Sarrebrück où il subit une première opération, suivie de deux autres le 19 à l’hôpital de Mayence. Le 2 Juillet, il quitte l’hôpital pour l’internement à la citadelle de la ville où il retrouve les CB CAYE et GOUILLEUX. Transféré en camp d’officier en Moravie (Autriche), son état de santé se redégrade entrainant son admission à l’hôpital à Vienne fin Aout et un rapatriement sanitaire en France – zone libre - en Octobre 1940.
(6) Pour le 3e bataillon, le Lt KATZ (CFV3) commande les éléments laissés dans l’avancée de Puttelange, et les Lt VILLANT et PAGÉS les anciens bans des CM10 et CM11.
(7) Roger Bruge mentionne dans « Faites sauter la ligne Maginot » le cas du soldat MICHEL, de la CM3 du I/174°, qui fera à pied un soixantaine de kilomètres seul avec un FM et un fusil pour finalement retrouver son unité dans la forêt de Parroy !





Rédaction initiale :

Jean-Michel Jolas




Sources :

- Archives du 174° RMIF - SHD cote 34N162
- Essai historique sur les 69°, 82° et 174° RMIF - 3e Partie - 174° RMIF, Association Le Ralliement, 1983
- La ligne Maginot aquatique - P. Marque
-Hors Série Batailles n°13 - Sarre 1940-Opération Tiger, A. Hohnadel et J-Y. Mary




Secteur(s) concerné(s) :SFSA




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