Agé de 20 ans, Henri incorpore le 48° Régiment d'infanterie de Guingamp le 1 mai 1922. La vie militaire lui plaît et une vocation semble être née puisqu’il se réengage à plusieurs reprises jusqu' en 1926 , date à laquelle il se porte volontaire pour partir en Syrie (2).
La vie au 28°escadron léger de chasseurs du Liban est pour Henri une expérience unique. Il parle couramment l'arabe et sera blessé à plusieurs reprises lors d'accrochage avec des bandes de pillards Druzzes
il sera décoré de la médaille des blessés, de la croix de guerre TOA et d'une distinction Libanaise.
La vie dure sous le soleil du désert lui convient tout de fois parfaitement bien .
En 1932, Adèle Marie qu'il a épousé le 25 octobre de la même année lors d'une permission en France le rejoint dans son cantonnement de la citadelle de Rachaya en Syrie.
En 1935, après avoir passé 9 années loin de la France, il regagne la métropole. Il est alors adjudant et reprend ses études tout en menant de front sa carrière militaire.
Il est affecté au III° bataillon du 51° RI à Amiens et décoré de la médaille militaire le 14 juillet 1936 .
Le 25 août, il est nommé adjudant-chef et affecté au 155° RIF à la citadelle de Montmédy où naîtra sa fille unique.
Après un passage à l'école militaire de Saint-Maixent de 1935 à 1937 ( promotion Roi Albert 1 er) , Thouément est muté au 149° RIF à Marville avec le grade de Sous-lieutenant.
En septembre 1939, le 132° RIF est crée à partir du IV / 149° RIF, Henri y est alors versé et occupe un poste dans le village de Charency-Vezin.
Suite à une demande de mutation voulue par le général Burtaire, le sous-lieutenant Thouément quitte son régiment et est affecté au 155° RIF. Le 1 mars 1940, il gagne sa nouvelle affectation à l'ouvrage de La ferté.
Sa nomination effective n'interviendra que le 10 mars, le laps de temps entre les deux dates servant à la passation des consignes.
Durant les quelques mois qui les séparent de l'assaut Allemand, Thouément et ses hommes font connaissance. Ceux-ci sont très vite impressionnés par le bourreau de travail qu'est l'officier. En tant que second de l'ouvrage, le sous-lieutenant Thouément est également responsable de la propreté de l'ouvrage, de l'ordinaire, de la gestion des stocks et major d'ouvrage.
Il entreprend de faire pousser un potager derrière le bloc 2 afin de permettre au moment des récoltes d'améliorer l'ordinaire des hommes de la garnison. La capture d'une pie permettra à l'équipage de se doter d'une mascotte somme toute parfois bruyante.
Reprenant les bases d'un travail de gestion qu'il effectuait déjà au 132° RIF, il prend ses marques et apprends les rudiments de son nouveau poste avec des nouveautés comme la tourelle pour deux armes mixtes. Les soucis techniques causés par cette tourelle et ses blocages fréquents sont une source vivace d’inquiétude pour le nouveau chef de bloc et la mutation de son responsable le sergent-chef Casanova au bloc 1 n'est pas pour atténuer les craintes de Thouément.
Le 10 mai 1940 surprend les hommes de l'ouvrage en pleine période de rodage avec leur nouveaux commandant. Les automatismes jouent toutefois et les préparatifs en vue d'un assaut ennemi vont bon train. Les premiers tirs de guerre sont effectués le 15 mai 1940 par la tourelle au profit du village de Villy.
Le 18 mai sera le dernier jour pour le sous-lieutenant et l’équipage de l’ouvrage dont on connait le destin funeste. Les derniers instants du sous-lieutenant Henri Thouément sont flous, on peut imaginer qu'il effectuera le transfert du personnel survivant dans la galerie de l'égout visitable, lieu où il est certainement décédé comme ses camarades.
Sa dépouille sera transférée les hommes de la compagnie disciplinaire de la 16 ème Armée Allemande, dans la fosse commune de Villy le 12 juillet 1941, et il sera inhumé plus tard dans le cimetière provisoire de Villy dans la tombe N°9.
Sa dépouille a été transférée après-guerre dans le caveau familiale à Plourhan ( 22 ) ou il repose à présent.
David Harmand