Ligne Maginot - 179° Bataillon Alpin de Forteresse



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179° Bataillon Alpin de Forteresse

(179° BAF)






Le 179° Bataillon Alpin de Forteresse est créé à la mobilisation avec le personnel initialement envisagé pour former le 112° BCA (Bataillon de Chasseurs Alpins). La confirmation de l'organisation type "forteresse" du Secteur Défensif du Rhône justifie ce changement. Le bataillon dépend de la 230° DBAF (Demi-brigade Alpine de Forteresse), unité combattante organique du secteur défensif.

Refrain : "Le 179ème est là ! On ne passe pas..."

Insigne du 179° BAF

Insigne du 179° BAF : Lion héraldique tenant un blason avec la croix de Savoie.



Mobilisation

Le bataillon est constitué à partir du noyau actif issu d'une compagnie de la 5° DBCA. Il intègre des réservistes en provenance de la Valserine principalement (il prendra incidemment le nom de "Bataillon de la Valserine"), du sud du Jura (Mijoux) et du pays de Gex.



Organisation

Le bataillon est commandé durant toute la durée de la campagne par le CB CLERC.

Il est formé d'une section de commandement, d'une CHR, d'une SES et de trois compagnies mixtes (3 sections de Fusiliers-Voltigeurs et une section de mitrailleurs).


1° Cie : Cne MARET. Officiers : S-Lt CATTIN

2° Cie : Cne COLLONGES

3° Cie : Cne André FAVRE. Officier adjoint : Lt Gaston BERTIN

CHR : Cne MARTEL



Histoire

Le 179° est initialement positionné face à la Suisse en pays de Gex, à l'ouest du SD Rhône, à l'Ecluse (1° Cie), Vesancy (2° Cie) et aux Maladières près de Gex (3° Cie). Il a liaison à sa droite avec la 2° Brigade de Spahis, puis plus à l'est, le 189° BAF (bataillon de la Dranse, basé à Thonon) renforcé par le 20° GRCA et à sa gauche avec le secteur du Jura. La 1° DINA à Annemasse assure le soutien en arrière. Le 179° BAF reçoit le soutien d'une section de 3 canons de 25mm AC et d'un groupe de 2 mortiers de 81mm issus de la CRE de la 230° DBAF.
La SES du bataillon est détachée dans le secteur du 199° BCHM (ex-199° BAF) dans les Alpes chamoniardes.

Le secteur du 179° étant considéré comme secondaire et non critique dans l'hypothèse d'une attaque italienne, il ne recevra initialement pas de renforcement de troupes de campagne du 16° puis du 14° CA comme les autres secteurs du SD Rhône...

14/10/1940 : montée en ligne et introduction de la 64° DI dans l'ouest du SD Rhône d'origine. Le 179° se trouve tactiquement rattaché à cette division de renforcement du 14° CA (1). L'ancien sous-secteur de Gex-Faucille, tenu par le 179°, prend rang de secteur et est renommé Secteur de la Faucille.

Durant toute la période octobre 1939-avril 1940, outre les activités d'instruction et d'entrainement, le bataillon participe aux travaux de construction de fortifications de la 64° DI entre Mijoux et Divonne. La 3° Cie, installée à Cessy, détache une section pour travaux à Mijoux, la 2° Cie est entre Vesancy et Versennex, la 1° Cie entre la Vattay et Grigny.

Fin Février 1940, la 64° DI est prévue d'être relevée par la 66° DI début Mars. Celle-ci se voit rattaché le 179° BAF en contrepartie de quoi elle détache le 281° RI au SD du Rhône pour les travaux et la protection de frontière face au Valais. La 66° DI reste peu de temps en place puisqu'elle est retirée à partir du 26 Avril 1940. Le SD du Rhône reprend le contrôle total du secteur d'origine à la mobilisation, incluant bien sur le 179° BAF qui réintègre la 230° DBAF.

01/05/1940 : le risque de déclaration de guerre et d'attaque italienne étant perçu comme de plus en plus probable, le SD du Rhône reçoit ordre de regrouper l'ensemble de la 230° DBAF face à l'Est le long de la Ligne Principale de Résistance (LPR). Le 179° BAF quitte donc ses cantonnements du secteur Gex-Faucille pour s'insérer à partir du 7 Mai dans les Alpes, dans le quartier des Contamines au Sud de la haute vallée de l'Arve (1° et 3° Cies aux Contamines et 2° Cie à Bionnay). Le 179° est remplacé dans la pays de Gex par le II/440° RP (Régiment de Pionniers).

03/06/1940 : le risque d'un débarquement par le lac Léman étant réévalué, une partie de la 230° DBAF est ramenée face au lac et quitte le sous-secteur Arve-Supérieure. Le 179° BAF revient donc par un mouvement du 3 au 5 Mai en Valserine à l'ouest du secteur du Rhône. Il prend à son compte une partie du sous-secteur Ouest de la 2e ligne de défense (ouest d'Allonzier la Caille). Son PC s'installe à Frangy, en colocation avec celui de la 230° DBAF.

05/06/1940 : La 3° Cie du 179° BAF prend le commandement des unités du fort de l'Ecluse et s'y installe. Les 1° et 2° Cies sont étagées entre le Vuache et Cruseilles (1° Cie avec PC à Bonlieu-Sallenoves, 2° Cie avec PC à Chaumont - extrémité de la Vuache)

10 au 14/06/1940 : l'Italie déclare la guerre à la France la 10 Juin, mais l'ensemble du secteur reste calme. Le vrai danger vient en réalité du Nord du fait de la poussée allemande vers la vallée du Rhône... En conséquence, ordre est donné d'étudier et organiser la défense vers le Nord-Ouest sur les rives du Rhône et de détacher des éléments avancés de retardement dans le Sud-Jura (Faucille-Tabaniau-les Rousses).

15 au 18/06/1940 : L'essentiel du 179° BAF opère le 18 une rotation et part se placer sur le Rhône entre Génissiat et l'Ecluse (3° Cie à l'Ecluse-Vuache, 1° Cie face à Bellegarde et 2° Cie au sud jusqu'à Génissiat). Renseignés par le réseau des bureaux de poste, les défenseurs savent que les avant-gardes allemandes avancent vers Oyonnax-Nantua et s'infiltrent dans le Jura

18/06/1940 : Premières escarmouches au col de la Faucille entre le groupe de reconnaissance du 179° BAF, des éléments du II/440° RP et une avant-garde Allemande. Premières destruction de ponts et routes dans le sud Jura afin de couper la progression Allemande. Cela pousse le mouvement allemand à se réorienter vers le sud en direction de Bellegarde, les voies vers le pays de Gex étant désormais impraticables.

19/06/1940 : Nouvelles escarmouches d'avant-garde à Mijoux. Reconnaissances ennemies vers Bellegarde et Seyssel. Les ponts route sautent sur le Rhône dans la soirée, dont celui de Bellegarde face au 179°.

20-21/06/1940 : Les Allemands arrivent à Bellegarde et "testent" les défenses françaises de l'autre côté du Rhône.

22/06/1940 : Tirs de l’artillerie Allemande sur les positions de la 1° Cie du 179° BAF en face de Bellegarde. On déplore des tués et blessés Français et le dépôt de munitions du 179° au bois d'Eloise est encadré. Le pont de Culoz (141° RR) est pris dans la journée par les Allemands, leur permettant la traversée du fleuve.
Une reconnaissance Allemande venant de Bellegarde se présente devant l'avant-poste (AP) de Longeray. Les Français de l'AP ouvrent le feu à la mitrailleuse et avec l’unique 65 de montagne du fort, celui-ci ayant été déplacé de sa position côté est pour être dirigé vers l’ouest (2). Les Allemands se replient. Le Génie fait sauter le pont de chemin de fer sous le fort. Une première demande de reddition du fort est apportée par un civil, refusée par le Cne FAVRE qui envoie tout de même une reconnaissance (Sgt-C ANTHONIOZ-BLANC) pour s'assurer de la situation et occuper les passages au dessus du fort supérieur afin d'éviter tout débordement.
Dans la nuit du 22 au 23, une tentative de traversée du Rhône sur radeaux avec pour objectif de construire une passerelle devant la 1° Cie du 179° est repoussée avec de fortes pertes ennemies.

23/06/1940 : Devant le 179° BAF et en accord avec la SNDR (société de gestion du Rhône), le cours du fleuve qui avait été dévié pour permettre la construction du barrage de Génissiat est rétabli, permettant au flux de passer par dessus le chantier et interdire toute traversée à cet endroit.
Dans la soirée, la menace au sud constituée par la percée allemande sur le front des Régionaux à Culoz entraine la nécessité d'une réorganisation de la défense du Rhône, dont les éléments restants sont menacés de prise à revers par le Sud. Le SD Rhône décide donc de rapatrier les unités vers un réduit en constitution sur la chaine des Aravis. Le transfert se fait par car à partir de la nuit du 23/24 pour un regroupement dans la région du col des Aravis. Le 179° BAF se positionne dans l’ancien quartier des Contamines qu'il avait occupé en Avril, mais laisse néanmoins en verrou d'arrière garde sa 3°Cie à fort l’Ecluse ainsi que ses muletiers et leurs animaux faute de moyens de transports appropriés.
Les anciens emplacements de combats sont désormais pris en compte par les autres unités du SDR (Dépôt Infanterie 141, 141° Régiment Régional, II/614° RP et le II/ 440 ° RP).
Le fort est attaqué par un détachement de montagne allemand arrivant par la route de Longeray, mais résiste et repousse l'attaque. Les tentatives de débordement par le col du Sac sont repoussées aussi par le détachement ANTHONIOZ.

24/06/1940 : Tirs du 95 de fort l’Ecluse sur des patrouilles Allemandes. Au matin, les 2° et 3° Cies du 179° BAF s'installent aux Contamines face au Sud pour contrer un risque d'infiltration italienne en provenance du Beaufortain.

25/06/1940 0h35 : Armistice, les unités se regroupent dans la région de Rumilly.

26/06/1940 : Les Allemands demandent le libre passage par fort l’Ecluse pour occuper le pays de Gex, qui leur a été attribué par la convention d'Armistice: refus du Cne FAVRE. Après entente entre les français et les allemands, chacun reste sur ses positions de l'armistice selon les règles admises.

28/06/1940 : Nouvelle demande de passage au fort, toujours refusée par le Cne FAVRE. Cette demande est d'autant plus inutile que la route du col de la Faucille est enfin réparée par le Génie allemand et autorise de fait l'occupation du pays de Gex sans passer par l'Ecluse.

02/07/1940 : dans l’après-midi un véhicule allemand se présente devant le fort avec à son bord un Lt-Col allemand demandant le passage pour son unité de manière à occuper la zone frontière devant Genève. Devant le refus du Cne FAVRE, l'unité fait demi-tour, mais l'affaire remonte jusqu'à la commission d'armistice. Les Allemands considèrent la garnison du fort comme une unité résistante, pouvant remettre en cause l'ensemble des conditions de l'armistice.

Dés le lendemain 3 Juillet, une délégation ennemie, accompagnée d’un officier Français - le Cdt REA, dépêché par la commission d’Armistice - se présente à nouveau devant le fort. Le Cdt REA remet au Cne FAVRE un ordre du General HUNTZIGER (chef de la délégation française à la commission d'armistice) lui ordonnant de laisser le libre accès aux occupants et de se constituer prisonnier en contradiction avec les règles admises et alors que le fort n'était ni vaincu, ni isolé de son camp. Informé par l'officier de liaison du SD Rhône, présent sur place, le Gal MICHAL, puis les généraux BEYNET (14° CA) et OLRY (Armée des Alpes) protestent vigoureusement, mais sans effet. Le fort est évacué et son équipage injustement interné.

Ce pénible événement aura des suites. A force d'insistance, le Gal OLRY finit par faire comprendre au Gal HUNTZIGER à l'automne 1940 sa méprise (3) et l'injustice de la situation. Il signera personnellement le 4 novembre 1940 la citation des défenseurs du fort à l'ordre de l'armée selon ces termes :

"Garnison composée de la 3° Compagnie du 179° BAF sous le commandement du Cne FAVRE.
Au cours des journées des 22, 23 et 24 Juin 1940 a, par sa résistance énergique, arrêté la progression des éléments allemands venant de Bellegarde, qui n'ont pu ni encercler le fort, ni le dépasser.
A gardé à tout moment sa communication avec la Haute-Savoie par le pont Carnot.
S'est par la suite, suivant les seuls ordres reçus, maintenue sur les positions ainsi conservées intactes au moment de l'Armistice.
Le 3 Juillet a été déclarée prisonnière, sans s'être rendue."


Le 179° BAF déplore au total un mort, 7 blessés et un disparu durant la campagne de France. Il est dissout.



Notes :
(1) le bataillon reste administrativement rattaché à la 230° DBAF, pour les questions de personnel et d'intendance.
(2) les 95 Lahitolle installés sur affut fixe vers l'Est ne peuvent être déplacés face à la menace allemande...
(3) Comme pour les troupes encerclées de la ligne Maginot du nord-est, il est certain que le Gal HUNTZIGER ait été ignorant de la qualité, du nombre et de la situation exacte des personnes concernées par cette décision. Les Allemands lui auraient affirmé que se tenaient là un général, une quarantaine d'officiers et un nombre indéterminé de soldats encerclés, faisant pratiquement acte de résistance contre le vainqueur. Pressé d'assurer l'évacuation de Lyon par les Allemands dans le cadre de l'armistice, HUNTZIGER signe un ordre de reddition formel... Mais c'est en réalité un compagnie entière et parfaitement constituée qui se bornait à suivre les ordres formels reçus, et libre de ses mouvements, qui avait été ainsi livrée à l'ennemi... Plusieurs dizaines d'hommes parviendront néanmoins à s'échapper et éviter l'internement. C'est au total 2 officiers, 11 sous-officiers et 72 hommes qui seront ainsi capturés.


Sources : SHD-Vincennes : Archives du SD du Rhône,
site Mémoire des Alpins
Communication de Marc Endinger.


Rédaction : 1e rédaction par JM Jolas - 20/06/2022 - © wikimaginot.eu


Secteur(s) concerné(s) :SDR




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