Ligne Maginot - Secteur Fortifié du Bas Rhin



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Secteur Fortifié du Bas Rhin

(SFBR)








Organisation et unités

Généralités

Immédiatement à droite de la Région Fortifiée de la Lauter (RFL) dont il est indépendant, le Secteur Fortifié du Bas Rhin (SFBR) s'étend de Neu-Empert à Diebolsheim à la mobilisation, intégrant les casemates de berge de KINTZIG Nord à la casemate de RHINAU Sud.

Le secteur est marqué par la présence de la ville de Strasbourg sur le fleuve, rendant la défense en profondeur délicate. De part et d'autre de la ville, les berges du fleuve sont "imperméabilisées" par la présence de la forêt du Rhin, dense et quadrillée de bras de fleuve, de marais et de cours d'eau. Cette particularité est bien sur avantageuse pour la défense, même si d'éventuelles contrattaques de traversées dans cette forêt sont difficiles et potentiellement couteuses en hommes.

Ce secteur ne comporte pas d'ouvrage d'artillerie ou d'infanterie, ni d'abris CORF pour réserves locales tels que ceux nombreux en RFM ou en RFL. Il ne sera doté par la CORF que de casemates d'infanterie spécifiques et d'abris PC du type A1CL ou A2CL de petite taille. Les casemates et abris sont établies sur trois lignes dont les deux premières sont largement discontinues. La première au niveau de la berge du Rhin couvrant les points de passage importants et jouant le rôle d'avant-poste, la seconde un kilomètre en arrière intégrant en soutien des abris avec ou sans cloche et enfin une troisième ligne plus étoffée, dite ligne des villages, construite à environ 2 kilomètres en arrière du fleuve. Ce schéma de principe n'a pas cours au niveau de l'agglomération de Strasbourg, où seules existent un ligne de berge pour le coup continue, faite de casemates CORF plus tardives et améliorées, et une ligne d'arrêt et d'observation au niveau des hauteurs ouest de la ville, ligne qui réutilise partiellement des fortifications ex-allemandes.

Le dispositif sera complété comme partout ailleurs de nombreux blocs construits pas la MOM (Main d'Œuvre Militaire) construites par les unités de renforcement durant la drôle de guerre et visant à donner de la profondeur et de la continuité au système défensif. Sont ainsi renforcées l'ensemble de la zone industrielle du port du Rhin derrière les casemates de berge, la berge elle-même dans les endroits dépourvus de casemates CORF, les digues de hautes eaux, les débouchés de la forêt du Rhin, les intervalles de la ligne des villages, et finalement en arrière le canal du Rhône au Rhin. Un inventaire approximatif fait par le Lt-Col REMORDS évoquera ainsi la présence en juin 1940 de 14 blockhaus lourds type A (et 14 autres en construction) et 465 blocs bétonnées de plus petite taille (type B ou C).

La mission du SFBR est simple à exprimer mais complexe à mettre en œuvre :
- interdire tout franchissement du Rhin sur son ban, et plus particulièrement sur les 5 axes munis de ponts (fixes ou de bateaux) : Drusenheim, Gambsheim, ponts de Kehl, Gerstheim, Rhinau.
- protéger coute que coute le môle (et ville symbole) de Strasbourg,
- couvrir les voies principales d'entrée dans le pays, notamment la route du col de Saverne.


Evolution organisationnelle et tactique

L'organisation initiale du secteur à trois sous-secteurs (Herrlisheim/Nord, Strasbourg/Centre, Erstein/Sud) est complexifiée par la présence de la ville de Strasbourg, considérée comme place forte pratiquement autonome avec son état-major et sa propre structure dédiée. Le commandant d'arme de la place (initialement le Gal RICKENBACH) dépend à la fois de l'EM du SFBR en tant que responsable du sous-secteur centre (Strasbourg) et de sa défense, de la 20° Région Militaire pour ce qui concerne les aspects territoriaux (police, ravitaillement des civils restés sur place, etc), et directement du général commandant la 5° Armée sur les aspects plus politiques et hiérarchiques... Cette organisation s'avère rapidement dysfonctionnelle au point que le Gal RICKENBACH est replacé par le Col de CHATEAUBOURG dans un rôle lui-même restreint aux seuls aspects "territoriaux" de type sureté, police ou ravitaillement. Ce nouveau "commandant d'arme" rapporte directement à la 5° Armée et les troupes d'infanterie appartenant à la place sont réaffectées au SFBR (226° RI, 205° RRP, ...).

La ville de Strasbourg génère une autre contrainte très spécifique : au niveau de la ville, la LPR est directement en contact avec la frontière, c'est à dire le Rhin. Elle remplit donc le double rôle de position d'avant-poste et de front de bataille théorique. Ceci amènera à concevoir en détail les fonctions d'observation de ces casemates de berge pour leur donner la capacité d'anticipation et de "sonnette d'alarme" habituellement dédiée aux avant-postes. Deux des casemates (BASSIN aux PETROLES et ROHRSCHOLLEN) seront ainsi équipées de cloches spéciales de type VDP, dédiées à l'observation. Pour pallier cette fragilité, le port industriel sera lourdement fortifié par la MOM comme évoqué plus haut, les défenses des ponts de Kehl seront particulièrement soignées et tout un ensemble de dispositifs de destruction préparées sera créé entre le fleuve et les sorties de la ville.

Comme de nombreux autres secteurs, le SFBR connaitra plusieurs changements de responsabilités tactiques et territoriales au gré des réorganisations suite à l'insertion des troupes de renforcement. Malgré cela, les troupes de forteresse initialement prises en compte à la mobilisation, à l'exception du 70° RIF, resteront sous la coiffe technique et administrative du SFBR même quand elles seront tactiquement rattachées à d'autres unités. Le tableau ci-dessous résume les fluctuations d'organisation du secteur.

Secteur Fortifié du Bas Rhin (SFBR)

Evolution du périmètre tactique du SFBR-103° DIF


Le SFBR est dissout le 5 mars 1940 (1) dans le cadre général de la réorganisation du front et de la banalisation des troupes de forteresse. Il donnera naissance à la 103° DIF (Division d’Infanterie de Forteresse) qui prend sous sa responsabilité directe des troupes anciennement de renforcement en devenant une division banale rattachée au 17° CA le temps qu'il sera sur place.
Un mois plus tard, début avril, le 237° RI monte en ligne à son tour... pour une dizaine de jours seulement avant d'être retiré pour rejoindre le 43° CAF. Durant ce court laps de temps le secteur de Strasbourg a 3 sous-secteurs (Nord : 226° RI, Centre : 172° RIF, Sud : 237° RI). Au repli du 237° RI, la structure antérieure est réinstallée...
Au départ du 17° CA, le front est réorganisé et la 103° DIF retrouve plein contrôle sur son ban géographique.


Commandement

Le PC du Secteur était installé dans le fort DUCROT à Mundolsheim, puis à la forteresse de MUTZIG du 16 Mai au 14 Juin 1940.
Le commandement du secteur puis de la 103° DIF a été successivement assuré par les généraux Jules PICHON. Atteint par la limite d'âge, il cède la place au Gal Gaston RENONDEAU à partir du 07 janvier 1940 jusqu'à son départ le 25 mai comme nouveau commandant du 42° CAF (Crusnes). Le secteur est commandé ensuite par le Gal VALLEE à partir du 27 mai 1940.


Etat-Major :

  • Chef d'état-major : Lt-Col Marius REMORDS

  • 1° Bureau : Cne Louis WENGER, puis CB LAVAREILLE

  • 2° Bureau : Cne Jacques ANDRIEU, Cne Jacques SEGONNE

  • 3° Bureau : Cne Jacques ANDRIEU, Cne Jacques le VACHER

  • 4° Bureau : Cne Louis WENGER, puis CB LAVAREILLE, officiers : Lt Emmanuel JOURNOUD, Lt ANTHON


  • Cdt des Trains Régimentaires : Lt Pierre BONNET

  • Circulation : Cne (Art.) Charles RHEIN

  • Service Z : Cne (Art.) Gaston GRANDJEAN

  • Chiffre : Cne (Art.) André PAIRAULT, puis Lt Pierre FERRIGNAC

  • Courrier : Cne (Art.) Paul AMIET

  • Intendant : Intendant Militaire Adjoint René SIMONET
    Subsistances : Lt Paul VAUCARD

  • Section topographique : Lt (Art.) Louis BLANC, puis Lt Philippe BRAUNWALD

  • Officier de l'air : Lt (Av.) Louis PAVAGEAU

  • Interprètes : Lt Jean FUCHS, S-Lt André SALTZMANN (surnombre) et Camille SCHERER

  • Justice militaire : Cdt Jean DRAPPIER, puis Cne Pierre LADOUX, juge d'instruction.
    Officier adjoint : Cne Georges CANTENOT.


Commandants d'arme :

  • Commandant l'infanterie : Col Paul (ou Gabriel selon la source) VIMAL du BOUCHET.
    Chef d'EM : Cne Léon BONESCUELLE de LESPINOIS, Officiers : Lt Jean NOTTER et André MARIOT.

  • Commandant l'artillerie divisionnaire : Lt-Col puis Col Albert DUBAIL,
    adjoint : Cne Raymond LANTOINE, officier Transmissions : Lt Christian MEURIOT, SRA : Lt Jules BEAUVAIS, Munitions : Lt Albert GAMET

  • Commandant le Génie : Col Marcel SIMON.
    Cdt des Equipages d'Ouvrages : CB Léon BADET, officier comptable : Cne Paul ANDRE, Sce Electromécanique : Cne Joseph BOUCHER

  • Commandant les Transmissions : Cne Jean-François LEGRAND, puis Cne LAMAURIE
    Adjoint télé : S-Lt Jean LACROIX, Adjoint radio : Lt Bernard MAURY

  • Commandant le Train : CE René LAURENT
    Adjoint : S-Lt Marcel BRINKLÉ
    Détachement de la Cie Auto du Train : Cne Charles de VILLELUME

  • Commandant la Marine : Cne de Frégate JAMET

  • Prévôté : Cne Henri TOURNÉ-LAFONT

  • Santé : médecin Lt-Col Pierre WALTER

  • Vétérinaire : Lt Auguste SALOMON


Unités et organisation

Sous-secteur Herrlisheim (ou aussi nommé sous-secteur Nord) : Pour mémoire car au 10 mai 1940, il était transféré au SF Haguenau depuis le 5 mars.

70°RIF - PC à Herrlisheim

Chef de Corps : Lt-Col SCHWARTZ puis Lt-Col RAYNAUD a partir du 15 mai 1940

  • 1° bataillon : Quartier Drusenheim
    - 3 Cies tenant chacune un sous-quartier
    - CEO1 devenue 9° CEC - PC a Drusenheim ?

  • 2° bataillon : Quartier Gambsheim
    - 3 Cies tenant chacune un sous-quartier
    - CEO2 devenue 10° CEC - PC du Pont de Gambsheim


Sous-secteur Strasbourg

172°RIF - PC à Fort Pétain (Anciennement Fort Großherzog von Baden puis Fort Frére)

Chef de Corps : Lt–Col. Louis LE MOUËL, chef d'EM : CB Louis COURSIER

  • 1° bataillon : Quartier Robertsau - PC : PC DAVOUST
    - 3 Cies tenant chacune un sous-quartier
    - CEO3

  • 2° bataillon : Quartier Neuhof - PC : Ecole du Stockfeld
    - 3 Cies tenant chacune un sous-quartier
    - CEO4 ,

  • XXI° bataillon (bataillon d'instruction, formant corps)



Sous-secteur ERSTEIN

34°RIF - PC à Erstein

Chef de Corps : Lt–Col. Jean BROCART, chef d'EM : CB Etienne NOEL

  • 1° bataillon : Quartier Krafft - PC : KRAFFT - La TUILERIE
    - 3 Cies tenant chacune un sous-quartier
    - CEO5 (Lt le HIR)

  • 2° bataillon : Quartier Rhinau ou Boofzheim (selon l'époque) - PC : BOOFZHEIM
    - 3 Cies tenant chacune un sous-quartier
    - CEO6 (Lt BARTHELEMY)


Place de Strasbourg

La place de Strasbourg est sous le commandement du Gal RICKENBACH, Commandant d'Armes Spécial de Strasbourg.

  • 226°RI - Lt-Col MARTEAU (Régiment de Garnison de Sureté de Strasbourg)
    Régiment d'infanterie type Nord-Est à 3 bataillons de série B. Initialement en arrière du 172° RIF dans la place de Strasbourg, ce régiment monte en ligne partiellement en octobre 1939, puis totalement en février 1940. Il se partage le front de la ville avec le régiment de forteresse. Il devient finalement régiment organique de la 103° DIF à la création de celle-ci un mois plus tard.

    • 1° bataillon : CB

    • 2° bataillon : CB WENGER

    • 3° bataillon : CB


  • Après le 3 mars 1940, 237°RI de réserve générale - PC Fort Uhrich - Lt-Col VIGNERON
    Régiment d'infanterie à 3 bataillons basé initialement à la forteresse de Mutzig, puis avancé sur la place de Strasbourg en octobre 1939, chargé des travaux et du renforcement de la défense dans le sous-secteur de Neuhof


Artillerie organique

    155° RAP - Lt Col Louis AGABRIEL

  • Sous-secteur d'Herrlisheim (pour mémoire... bascule au SFH en mars 1940)
    1er groupe - PC Fort Pétain - CE Alfred RICHEZ. Devient le III/156° RAP après transfert.
    - 1° batterie - 8 pièces de 75 mle 1897
    - 2° batterie - 9 pièces de 150T


  • Sous-secteur de Strasbourg ou Centre
    2ème groupe - PC au Neudorf - CE Hubert MAITRE
    - 4° batterie - 8 pièces de 75 mle 1897.
    - 5° batterie - 8 pièces de 155 L mle 1916
    - 6° batterie - 9 pièces de 150T
    - batterie de 10 cm KiSL allemande de l'ouvrage Ney-Rapp (2 pièces)


  • Sous-secteur d'Erstein ou Sud
    3ème groupe - PC Erstein- CE Charles HOMASSEL
    - 7° batterie - 8 pièces de 75 mle 1897
    - 8° batterie - 8 pièces de 145/155 L mle 1916 (fort JOFFRE et ouvrage JOFFRE/LEFEBVRE)
    - 9° batterie - 9 pièces de 150T
    - batterie de 10 cm KiSL allemande annexe au fort UHRICH (3 pièces)


  • Fort de Mutzig
    4ème groupe initialement, reprendra la numérotation I/155° RAP après départ du I/155° RAP au SF de Haguenau. Ne reste au fort de Mutzig que la 111° Batterie (Instruction) du 155° RAP.
    Cdt : CE MICHEL
    - 10° et 11° batteries à la mobilisation. Au 10/05/1940 :
    - 1° Bie : Cne LAFITTE - 2 batteries matériel de 155 L Mle 1877 (12 pièces)


  • Action d'ensemble (dépendant initialement directement de l'AD du SFBR, puis rattachée au nouveau I/155° RAP)
    - batterie cuirassée des Cerisiers (4 pièces de 10 cm TK allemandes sous tourelles)
    - batterie de 10 cm KiSL du polygone de Kronenbourg (2 pièces)
    - deux sections de 75 en casemates allemandes au fort DUCROS


  • Parc d'artillerie 710 (PAD 710) : Cne Pierre de JOLY

  • 148° Cie d'Ouvriers d'Artillerie (PAD 148)


Génie

    210° (CB Léon BADET) puis 228° Bon du Génie
  • 228/1 et 228/2 Cies du Génie

  • 228/81 Cie de sapeurs Radiotélégraphistes

  • 228/82 Cie de sapeurs Téléphonistes


Divers

(configuration 103°DIF)

  • XXI / 172° RIF : CB FISCHER - Bataillon d'instruction et relève formant corps

  • Intendance : Service des Subsistances de Secteur Fortifié n°10 devenu 448/23 groupe d'exploitation divisionnaire

  • Santé : 448° Groupe Sanitaire divisionnaire

  • Train : 218/20 Cie auto de secteur fortifié

  • Repérage : Bie de repérage n°7 : Cne (Aviat.) HAEGEL

  • Forces aériennes - ?

  • Centre d'Instruction Divisionnaire (d'Equipages de Casemate) n° 103 : CB EXPERT-BESANCON

  • Marine de Strasbourg : Cne de Frégate JAMET, 1 canonnière et 2 vedettes :


Unités territoriales rattachées au SF / 103° DIF

  • 205° RRP (Régiment Régional de Protection), principalement stationné dans la place de Strasbourg : Col Paul de WARREN.
    Régiment d'infanterie type Nord-Est à 2 bataillons de série B

  • 5° BT (bataillon de travailleurs)

  • 8° puis 3° Cie GRM (Garde Républicaine Mobile) : à 5 puis 4 pelotons. Chargée du maintien de l'ordre dans la ville de Strasbourg au profit de l'organisation de la place (Gal RICKENBACH), mais pouvant selon circonstance servir de renfort aux unités du SF.

  • 8° Bataillon de Douaniers


Subordination et Unités de renforcement

Le SFBR rapporte à la mobilisation au 8° CA de la 5° Armée. Il est ensuite rattaché au 17° CA (5° Armée) à partir de mi-octobre 1939 jusqu'au retrait de ce CA mi-mai 1940. A compter de cette date, la 103° DIF est rattachée directement à la 5° Armée.
Les grandes unités de renforcement sont, dans l'ordre chronologique :

  • 43° DI : Gal VERNILLAT, en couverture durant la période de mobilisation jusqu'au 5 octobre 1939, date à laquelle cette division ripe au nord pour couvrir le SF de Haguenau. Ensuite,

  • 4° DIC monte en ligne mi-octobre 1939 (2) sur le sous-secteur d'Erstein, qui prend rang de secteur : Gal de BAZELAIRE de RUPPIERE. Le SFBR ne conserve de façon indépendante que le secteur de Strasbourg et la défense de la place.

  • à partir de début février 1940, la 62° DI : Gal SARREBOURSE de la GUILLONIERE, toujours sur le secteur d'Erstein, remplacé par le Col MORTEMART de BOISSE le 12 juin 1940. Au départ du 17° CA mi-mai 1940, cette division reste sur place et rapporte au commandement de la 103° DIF qui rempli à son encontre le rôle de structure de corps d'armée. Elle est retirée et placée en 2e ligne derrière le front les 9-10 juin 1940 tout en rapportant toujours à la 103° DIF. A cette date la 103° DIF redevient seule responsable des sous-secteurs de Strasbourg et Erstein.



Historique du SFBR et des combats de Juin 1940

La période de drôle de guerre est initialement très calme, occupée essentiellement à la construction de blockhaus et abris en quantité importante. Les 226° RI et 617° Régiment de Pionniers (RP) sont rattachés au secteur pour effectuer une partie de ces travaux sur septembre-octobre 1939.
Le 3 Octobre 1939, les ponts de bateaux de Drusenheim, Gambsheim, Gerstheim et de Rhinau sont neutralisés, portières rabattues et/ou détruites. Par ailleurs, 43 DMP sont dors et déjà chargés et prêts à l'emploi et 122 restent à préparer. quelques jours plus tard, inquiet des préparatifs allemands de l'autre côté des ponts de Kehl, et l'impossibilité d'accéder désormais aux fourneaux de la pile française, trop exposée, le Gal PICHON demande une première fois par voie hiérarchique de faire jouer ces DMP. Sans suites...

Plusieurs épisodes de crues du Rhin durant l'automne nécessitent l'évacuation des casemates de berge pour cause d'inondation. Dans ce cas seuls des piquets de garde restent sur place jusqu'à la décrue suivante et la réoccupation après nettoyage.

Courant octobre le 226° RI monte en ligne dans le secteur de Strasbourg et le 237° RI (régiment de réserve générale de la 5° Armée) quitte Mutzig pour reprendre à son compte les travaux dans le quartier (sous-secteur) de Neuhof, bientôt rejoint par le GUI n°2 (XXI/51° RI et XXI/67° RI).
Sur le front du Rhin même, les belligérants se contentent de s'observer, de faire des actions de propagande et de désinformation. Quelques rares coups de feu sont échangés entre rives du Rhin, et aucun tir d'artillerie.

Dans la nuit du 1 au 2 janvier, les alarmes d'intégrité du DMP du pont de Kehl se déclenchent. Aucune trace d'ennemi ayant tenté d'accéder aux trappes cependant... Cet incident sera attribué à un problème électrique sur le système de surveillance, du au gel. En conséquence, les patrouilles de surveillance sont renforcées et le secteur demande l'installation de deux projecteurs pour l'éclairage de nuit. Les responsables du Génie demandent à nouveau que ces DMP soient activés pour régler le problème, mais une fois de plus l'état-major d'armée refuse.

Début Janvier 1940, atteint par la limite d'age dans un rôle opérationnel, le Gal PICHON est remplacé par le Gal RENONDEAU . Le 5 mars, la 103° DIF est créée et reprend l'EM du SFBR qui est dissout. Cette nouvelle division intègre de façon organique les unités qui n'étaient que rattachées tactiquement à l'ancien SF. Sur ce premier trimestre 1940, la situation le long du Rhin se tend progressivement et les incidents se multiplient.

- 10 Mai 1940 : invasion du Luxembourg, de la Belgique et des Pays-Bas. Ce premier jour se traduit par de nombreux survols de la position. Le terrain d'aviation d'Entzheim est bombardé.

- 14 Mai 1940 : les ponts route et rail de Kehl sautent respectivement à 18h33 et 18h36. La travée tournante du pont-rail est elle-même sabotée en position ouverte. Le travail incomplet sur le pont-route sera complété par une autre explosion le 16 Mai à 4h23.

- 15 Mai 1940 : le 17° CA se replie d'Alsace. La 103° DIF reprenant toutes responsabilités tenues par le corps d'armée, elle déplace son PC du fort DUCROS à la forteresse de MUTZIG. Le fort DUCROS reste PC du secteur de Strasbourg.

- du 20 Mai au 1 Juin 1940 : l'ensemble des DMP du secteur jouent à leur tour, sauf le 17 S 1 sur le canal de jonction, les DMP du canal de la Marne au Rhin et quelques ponts strictement nécessaires au repli des troupes sur du port du Rhin. A partir du 9 juin, ceux du canal de la Marne au Rhin seront actionnés, sauf 2. Les échanges de tirs entre berges se multiplient progressivement.

- du 1er au 9 Juin 1940 : les échanges tirs de part et d'autre sont maintenant sporadiques tous les jours. L'artillerie effectue du harcèlement, notamment sur des trains, des convois de véhicules ou des regroupements ennemis. La consommation de munitions est de 50 à 100 coups par jour et par secteur. Les positions sont régulièrement survolées par des avions d'observation.

- 9 juin 1940 : début du décrochage en fin de soirée de la 62° DI vers le pied des Vosges, entrainant une nouvelle réorganisation de la défense. La 62° DI, avec l'aide du 405° RP, débutera l'organisation de verrous antichars en entrées de vallées vosgiennes. La 103° DIF en fait de même dans les villages autour de Strasbourg.

- 10 - 11 Juin 1940 : Forte accélération de nos tirs pour contrer un éventuel franchissement dont la menace se précise : 4000 cps de 75, 1000 cps de 105 KiSL ou TK, 1000 cps de 155 L, 900 cps de 155 C, 900 cps de 220 C... en une journée, pour couvrir le départ de la 62° DI et interdire toute tentative d'embarquement côté Allemand. Idem le lendemain 11 Juin. Le 10, les trois bataillons d'instruction sont réorganisés pour soutenir le secteur d'Erstein, laissé orphelin par le départ de la 62° DI.

- 12 juin 1940A cette date, le SFBR couvre ainsi deux de ses trois sous-secteurs de mobilisation, Strasbourg et Erstein, mais constitue une division à trois régiments d'infanterie, deux de forteresse (172° et 34° RIF) et un de ligne (226° RI) et un régiment d'artillerie (155° RAP), avec rattachement tactique du Groupement d'Unités d'Instruction (GUI) n°2 - XXI/51° RI, XXI/67° RI, XXI/172° RIF - et du 191° RALP de réserve générale (canons de 220mm) en appui de l'action d'ensemble.
Le sous-secteur nord de Strasbourg est tenu par le 226° RI avec deux bataillons en ligne et un en réserve, le sous-secteur sud par les deux bataillons du 172° RIF, avec possibilité de renfort du XXI/67° RI. Le sous-secteur d'Erstein est partagé en 3 quartiers, Krafft tenu par le I/34° RIF, Gerstheim tenu par le XXI/172° RIF et Rhinau tenu par le II/34° RIF, avec appui possible par les XXI/51° RI et XXI/67° RI en arrière. On a donc 7 bataillons en ligne sur le Rhin et 3 bataillons de réserve.

Pour ce qui est de l'artillerie :

  • Groupement d'appui direct nord Strasbourg (aux ordres du I/191° RALP) : 1 batterie de 75/97 et la section de 105 KiSL de Ney-Rapp, et 2 batteries de 220 C du I/191° RALP (Fort DESAIX et SOUFFEL)

  • Groupement d'appui direct sud Strasbourg (aux ordres du II/154° RAP) : 1 batterie de 75/97 (MEINAU), la section de 105 KiSL du polygone de CRONENBOURG, la batterie de 3x105 kiSL annexe au fort UHRICH et 1 batterie de 220 C du I/194° à OHNHEIM.

  • Groupe d'action d'Ensemble Strasbourg (aux ordres du I/155° RAP) : batterie cuirassées 4 x 105 TK à la batterie des CERISIERS, 4 sections de 155 L/77 (COUR d'ANGLETERRE, TUILERIES de la SOUFFEL, GANZAU, OSTWALD), 2 batteries de 145 L (JOFFRE et JOFFRE-LEFEBVRE) et une section de 145 à FEGERSHEIM et enfin les 75 sous casemate du fort DUCROS.

  • Groupement d'appui direct sous-secteur Erstein (aux ordres du III/155° RAP) : trois batteries de 75/97 (NORDHOUSE, GERSTHEIM et OBENHEIM), deux batteries de 6 pièces de 155 L/77 à OSTHOUSE S et S-E, un section de 150T à RHINAU et deux sections de 75T à BUBENKOPP et le II/191° RALP (3 batteries de 220 C à OSTHOUSE Est, WITTERNHEIM et BINDERNHEIM).


  • Ce dispositif n'aura qu'une vie très courte... Dés la soirée, l'EM de la 5° Armée informe le commandement de la division qu'elle devra se replier dés le lendemain soir pour embarquement en train.

- 13 Juin 1940 : A 9h, l'ordre est donné de quitter le front dans la nuit du 13 au 14 pour aller rejoindre par VF à partir de Molsheim une position en constitution avec la division de marche REGARD (SF Haguenau) vers Chaumont. Seule un croûte formée des équipages de casemate et d'une compagnie par quartier restera en position pour couvrir le repli, 11 Cies en tout, avec l'artillerie fixe et 5 batteries non déplaçables de 155 L/77 (I/155° RAP - CE MICHEL), sous les ordres du Lt-Col le MOUEL du 172° RIF. Au soir du 13, le décrochage sur ordre de la division commence, avec formation de 2 groupements : Nord (Lt-Col MARTEAU) avec les 226° RI et 172 RIF et Sud (Lt-Col REMORDS) avec le 34° RIF et les trois bataillons d'instruction. L'artillerie décrochera indépendamment et le 191° RALP est regroupé à Altdorf et Griesheim.

- 14 Juin 1940 : Le Groupement Nord cantonne sur un arc de Wolfisheim (226° RI) à Entzheim (172° RIF). Le groupement Sud est lui à Bolsenheim-Kogenheim derrière Benfeld (34° RIF) avec le XXI/67° RI avancé à Krautergersheim. Dans la soirée suivante, le groupement Nord reprend sa marche vers Molsheim et le groupement Sud oblique vers Obernai-Barr pour embarquer là dans la nuit du 15 au 16 juin. La 62° DI arrive de son côté en position de défense sur les cols des Vosges. Dans la soirée, le 155° RAP embarque ses pièces retirées (75 mm et 145 mm) à Benfeld, Graffenstaden et Lingolsheim.

- 15 Juin 1940 : Début de l'opération Kleiner Bär de franchissement du Rhin face à la 104° DIF. Si l'assaut est partiellement contenu à Brisach, l'opération de diversion montée côté nord vers Rhinau par l'IR 633 est un succès. Les Allemands prennent pied sur la rive française vers 13h, y neutralisent les défenses restées sur place, percent la ligne des villages à ZIEGELHOF et remontent vers Boofzheim.
L'ordre de la 5° Armée tombe : "il faut rétablir la situation sur le Rhin avec les moyens nécessaires... et embarquer le reste" (sic). Un groupement ad-hoc est monté pour exécuter une contre-attaque, commandé par le Lt-Col BROCART et composé du 34° RIF, du XXI/172° RIF remplacé finalement par le XXI/67° RI, et - théoriquement - 3 cies puis seulement une de chars R35 du 21° BCC et des 75/97 détachés de la 62° DI. Ces appuis lourds ne seront en réalité jamais mis à disposition. La mission est de "contrattaquer éventuellement" (re-sic). Le XXI/67° RI (Cne GALLÉE) se replace au sud de Gerstheim, désormais seul rempart entre les Allemands et Strasbourg, et se prépare à contrattaquer toujours seul vers Obenheim et Rhinau pendant que le 34° RIF doit se met en position défensive sur le canal du Rhône au Rhin à sa droite.
A 20h10, pendant que le 34° RIF se déplace vers l'Ill et le canal du Rhône au Rhin, l'ordre est donné au reste de 103° DIF de surseoir à l'embarquement ferroviaire (3). La nouvelle mission de la division est de résister autant que possible dans la plaine, en arrière garde du repli vers les Vosges.

- 16 Juin 1940 : Côté Nord, les I et III/226° RI et le II/172° RIF se placent au-dessus de la Bruche (Molsheim-Lingolsheim) et derrière le canal du Rhône au Rhin (Lingolsheim-Fegersheim). Les I/172° RIF et II/226° RI restent en réserve, ce dernier recevant cependant l'ordre de descendre vers Valff puis St Pierre pour organiser un cloisonnement vers le sud en liaison avec le Groupement Sud à Benfeld. La Cie de chars du 21° BCC est envoyée renforcer ce cloisonnement avec les batteries de 75 du 52° RAD (62° DI), qui manqueront cruellement au XXI/67° RI qui se prépare...
Côté Sud-est, l'attaque du XXI/67° RI se développe enfin. Le bataillon d'instruction arrive à Obenheim puis aborde le bois de Riedwald où sont les Allemands. Elle est cependant repoussée par l'ennemi aux abords de la casemate de ZIEGELHOF et se replie en fin d'après-midi (4), échouant à dégager les défenseurs restants de Rhinau. Arrivés sur le canal la nuit précédente, le 34° RIF et les XXI/51° RI et XXI/172° RIF sont en contact avec les Allemands. Dans l'après-midi, le II/226° RI se porte à Benfeld en soutien du front sud.
Dans la soirée, la 104° DIF annonce à la 103° qu'elle se replie en direction du col du Bonhomme dans les Vosges. Il est donc maintenant nécessaire de se couvrir au Sud et de raccourcir les lignes car la menace sur le front droit de la division, très étiré et exposé se précise.

- 17 Juin 1940 : En conséquence, le 34° RIF et les bataillons d'instruction reçoivent l'ordre de se replier derrière l'Ill avant que les ponts ne sautent, en laissant des éléments retardateurs sur le canal. Le XXI/172° RIF, en retard, devra traverser par les moyens du bord en laissant une partie de son matériel. Une partie de l'artillerie de soutien laissée en avant doit elle aussi abandonner ses pièces par manque de solutions de franchissement... La nouvelle ligne tenue côté sud est Dambach-Kogenheim-cours de l'Ill.
Alors qu'il est un temps envisagé de déplacer la 103° DIF en bloc côté ouest à Rambervillers-St Dié, l'ordre de la 5° Armée finalement reçu à 18h30 est clair : "résister sur l'Ill sans esprit de recul" (sic)... L'idée est de protéger côté Est le regroupement des armées encerclées dans les Vosges et l'avant-pays Lorrain pour préparer une controffensive de désencerclement vers le Sud-ouest. Cet ordre est à nouveau confirmé à 22h. Cette consigne ne vaudra à peine que 3 heures de plus.

Les dernières casemates du front de Rhinau (CEO6 du II/34° RIF) tombent dans la journée à leur tour.

- 18 Juin 1940 : La 103° DIF est toujours sur l'Ill à 0h, mais en décroche vers 2h par crainte d'un débordement par le Sud (l'ennemi a passé Sélestat). L'ordre général est de se porter en plusieurs bonds dans la vallée de la Bruche derrière la 62° DI, puis aller finalement sur Rambervillers pour servir de réserve d'armée. La 103° DIF se porte dans un 1er temps dans les Vosges pour défendre la crête d'Urmatt au col de Ste Marie aux Mines avec la 62° DI. Un groupement défensif (CID/103 et 111° Bie du 155° RAP) reste dans la forteresse de MUTZIG. L'aile droite de la 103° DIF, en entrée de Val de Villé, est bousculée à Neubois et Thanville. Les chars de la compagnie PERAT du 21° BCC parviennent à bloquer l'avance.
Au soir, la division s'établit sur une ligne Urmatt-Grendelbruch-Rothlach-Hohwald-Villé, avec PC de DIF à Waldersbach.

Le groupement le MOUËL (défense de Strasbourg) reçoit l'ordre de décrochage et part vers l'ouest rattraper la division, qu'il rejoindra dans la nuit du 18 au 19 juin.

- 19 Juin 1940 : Remontant de Sélestat et Benfeld, le groupement S du Gal Schmitt entre dans la matinée dans Strasbourg et prend possession de la ville sans combats.
Le dispositif de la 103° DI s'établit comme suit :
- Face à l'Est : ligne Urmatt-Hohwald par les sommets, avec avancée sur Molsheim (226° RI°). L'ennemi est en approche de Molsheim et de la forteresse de MUTZIG, mais se montre peu mordant. MUTZIG tire au canon sur les éléments motorisés ennemis dans la plaine. Par contre, Barr est conquis dans la journée. Une tentative de demande de reddition de la ville de Dambach - tenue par des éléments du 34° RIF - est rejetée. Dans la soirée, dans l'incapacité de trouver une liaison avec le 43° CAF, l'aile gauche se replie sur MUTZIG et les hauteurs Est de la place forte.
- Face au sud : Après avoir tenu un temps l'entrée de la vallée de Ste Marie aux Mines la veille, le groupement Sud après s'être replié - un peu précipitamment - se reprend et s'est établi sur une ligne défensive Maisongoutte-Villé-Nothalten, avec l'appui de la Cie de chars R35 du Lt PERAT (21° BCC).
A sa droite, la 62° DI tient les crêtes du col de Steige au col de Saales jusqu'aux hauteurs au-dessus au nord de St Dié face au Sud pour cloisonner contre l'ennemi qui est remonté de Colmar et de l'ouest vers les cols du Bonhomme et de Ste Marie aux Mines en y malmenant la 54° DI. Ces deux cols tombent dans la journée. Le PC de division s'établit au col du Hantz, protégé par la CEO n°3 du 172° RIF fraichement arrivée de Strasbourg. La controffensive de désencerclement annoncée par la 5° Armée étant repoussée, la mission est maintenant de demeurer sur place, une fois de plus "sans esprit de recul"...

- 20 Juin 1940 : Le saillant de Dambach est évacué sur ordre car trop en pointe, et la pression ennemie se fait plus forte vers les positions par l'Est, le Sud et Sud-ouest. La division tient la défense sur les positions établies, mais la défaillance du XXI/67° RI à Andlau - au nord de la ligne tenue - et la prise du Hohwald entrainent un risque d'enveloppement immédiat du groupement sud (5). Ce débordement par l'arrière est contenu un temps par une contrattaque sur le Hohwald. La forteresse de MUTZIG, maintenant très avancée et exposée, est évacuée par ses défenseurs la nuit suivante.
Côté Sud, les combats se développent à Val de Villé, où la compagnie de chars R35 du Lt PERAT est anéantie en couvrant le 34° RIF.
La 103° DIF doit finalement se replier à nouveau en fin d'après-midi et descendre en vallée de la Bruche entre Urmatt et St Blaise la Roche, sous protection de la 62° DI qui tient les hauteurs à l'Est sur une ligne Col de Saales-Col de Steige-Champ du Feu-Urmatt. Là, sans plus aucune liaison avec la 5° Armée, la DIF se raccroche de fait au 43° CAF. Le II/226° RI, qui tenait encore Breitenbach en flanc-garde sud-est, doit évacuer sous pression ennemie.

- 21 Juin 1940 : les positions sont les suivantes du nord au sud de la vallée de la Bruche : I et III/226° RI à Schirmeck-Urmatt en bouchon vers l'Est, 172° RIF à Schirmeck-Rothau, restes des I/34° RIF et XXI/172° à Rothau-Fouday, débris du II/226° RI à St Blaise. Le II/34° RIF est isolé au col de Charbonnière et doit déposer les armes. Le Groupement RAYNAUD (II/70° RIF et II/79° RIF) rejoint la division et s'y intègre. L'EM du 34° RIF étant tombé aux mains de l'ennemi, ceci entraine la prise de commandement du Lt-Col RAYNAUD sur le groupement Sud. La 62° DI - toujours rattachée à la 103° DIF - couvre encore côté sud-est sur les hauteurs et en avant côté sud (col de Saales-Provenchères-hauts de St Dié). Au nord, le 43° CAF tient un arc Badonviller-Abreschviller-Dabo-Urmatt face au nord et l'ouest. L'attaque allemande du matin menaçant la 62° DI, le Groupement RAYNAUD et le II/226° RI sont mis à la disposition de la division et la CEO n°3 du 172° RIF relève ce dernier bataillon à St Blaise.
Dans la journée, l'ennemi enfonce les défenses côté sud et s'empare de Saales, Bourg-Bruche, Steige, Senones et pressure les défenses du col du Hantz. Le PCRI s'est déplacé depuis le début d'après-midi au hameau de Salm. Le 205° RRP et le Génie divisionnaire préparent la défense des routes montant au Donon, que le 43° CAF a désigné comme réduit des troupes encerclées.

- 22 Juin 1940 : En matinée, l'ennemi arrive au contact à Grendelbruch, qui tenu par une petit élément avancé tombe rapidement, puis à Urmatt-Wisches. Le gros du 226° RI est encerclé et capturé à Urmatt. Les restes de la 103° DIF remontent vers le nord pour rejoindre le réduit du Donon. La liaison est perdue avec la 62° DI qui est bousculée, dispersée et encerclée en haute vallée de la Bruche. Elle parvient néanmoins à tenir le barrage de Chavons, interdisant la montée vers le Donon par le sud-ouest.
Le PC divisionnaire, à Salm, se met en état de défense car la menace approche.

- du 23 au 28 Juin 1940 : La nuit du 22 au 23 est calme, chacun campant sur ses positions. Suite à une négociation séparée entre le commandement du 43° CAF et les Allemands, un accord de reddition est établi. Celui-ci prévoit le dépôt des armes sur ordre le 23 des troupes du Donon, dont les 103° DIF. La 62° DI, réduite à son état-major encerclé et sans liaisons, capitule séparément à 11h. La 103° DIF transporte ses blessés les plus graves au poste de secours allemand de Schirmeck qui les prend en charge.
Dans la journée du 24, les troupes encerclées sont regroupées : une partie de la division cantonne à Salm, et une autre avec les unités rattachées (205° RRP, 405° RP...) se regroupe à Grandfontaine et Wackenbach au pied du Donon. L'accord négocié la veille avec les Allemands est signé à 11h50.
Les 25-26, les troupes rendent les armes (6) et descendent en vallée de la Bruche puis prennent la direction de la captivité, via Mutzig (27 Juin) puis Strasbourg (28 Juin).

Durant le séjour à Strasbourg, les Alsaciens de la division sont progressivement libérés première quinzaine de Juillet. Les autres effectuent des travaux de déminage, de réparation des destructions et de nettoyage puis partent en captivité en Allemagne, les officiers partant en dernier entre les 13 et 15 Juillet.



Notes :

(1) Note TONE 2198 T/N-E du 09/02/1940. Ce n'est pas qu'un simple changement de dénomination comme souvent affirmé. En étant converti en DIF, le commandement de l'ancien SF crée une nouvelle structure où les régiments et services de renforcement lui sont directement rattachés. L'ancien SF passe ainsi d'une structure de temps de paix et de couverture de mobilisation à une structure de division d'infanterie de type conventionnel.
(2) La 70° DI (Gal FRANCOIS) assure la couverture un court laps de temps entre la 43° DI et la 4° DIC, notamment sur le secteur de Herrlisheim.
(3) la destination est déjà aux mains des Allemands descendant du nord et le contrôle ferroviaire peine à trouver des rames disponibles...
(4) Roger Bruge s'étonne à très juste titre de la tiédeur du commandement de la 103° DIF : l'ennemi est peu nombreux à Rhinau-Obenheim et ne dispose pas de moyens lourds. Une contrattaque menée par d'autres qu'un simple bataillon d'instruction peu préparé et peu équipé, et soutenue par des moyens d'artillerie et de blindés comme cela avait été envisagé auraient eu une bien meilleure chance de repousser les Allemands de l'autre côté du Rhin...
(5) Le Col VIMAL du BOUCHET (ID/103) échappe de justesse à la capture à Hohwald...
(6) au 26 juin, outre les unités organiques de la 103° DIF restantes, sont rattachés les restes du Groupement RAYNAUD, du 205° RRP, 2 compagnies du 250° RI (ex-62° DI) et les restes du 405° RP, soit un total de 5400 hommes environ descendant du secteur du Donon. Après regroupement des isolés ou capturés dans d'autres endroits, le total des hommes incarcérés à Strasbourg se monte à 7113 hommes, 793 sous-officiers et 261 officiers. La 103° DIF livre aux Allemands - décompte établi par le Cne le VACHER et transmis aux Allemands - :

  • 6800 fusils, 365 FM, 158 mitrailleuses, 17 canons AC, 22 mortiers de 81mm et les munitions allant avec.

  • 12 canons de 75mm, 9 mortiers de 75T et 5 mortiers de 150T.

  • 43 chenillettes, 66 autos, 169 camions, ... 935 chevaux.

  • plusieurs milliers de matériels divers (masques, radios, téléphones, etc), 325 km de cables téléphoniques, etc.


Sources :

SHD - Archives du SFBR et de la 103° DIF (33N127 et 32N363)
"Offensive sur le Rhin" - R. Bruge - Fayard
wikipedia,
GUF,
Hommes et ouvrages de la ligne Maginot (Mary-Hohnadel-Sicard),
ATF40,
cartomaginot,...





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