Ligne Maginot - Commission de Défense du Territoire



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Commission de Défense du Territoire

(CDT)






Dés 1920, le ministère de la guerre donne instruction aux hautes autorités militaires de lui proposer une nouvelle stratégie de protection des frontières.

La Commission de Défense du Territoire (CDT) est instituée le 3 Aout 1922. Cette CDT fait suite à une première commission dirigée par le Maréchal JOFFRE, créée en Juin de la même année et qui n'aura vécu que quelques jours du fait des divergences de fond entre JOFFRE et PETAIN sur la nouvelle doctrine de protection des frontières à mettre en oeuvre.

Le Gal GUILLAUMAT en prend la présidence. Elle est composée des généraux Henri BERTHELOT (membre du Conseil Supérieur de la Guerre - CSG - et précédemment gouverneur militaire de Metz), Edmond BUAT (Chef d'Etat-Major Général), Jean César GRAZIANI (membre du CSG, Inspecteur Général de l'Infanterie), Frédéric HELLOT (Inspecteur Général du Génie) et Emile HERGAULT (Sous-chef d'Etat-Major Général).

La commission rend le résultat du travail - après deux réunions de travail seulement - dés le 27 Mars 1923 au travers d'un rapport "...sur les principes de l'organisation défensive du territoire" qui marque l'origine de ce qui sera plus tard la ligne Maginot.

Les divergences de vues marquées entre tenants de régions fortifiées puissantes à vocation défensive et de fortification dispersée s'inscrivant dans une logique offensive - qui avaient entrainé l'échec de la commission JOFFRE - n'ayant pas disparu avec la CDT, le rapport fait habilement la synthèse entre les différentes visions et propose les principes suivants:

- Une organisation générale des frontières en vue d'une stratégie de projection d'un éventuel conflit sur le territoire adverse.

- Des régions fortifiées de façon permanente, de tailles limitées, pour protéger certaines parties critiques de la frontière propices à l'invasion.

- L'étude dés temps de paix du tracé de ce qui pourrait constituer une ligne continue entre les RF.


Les voies probables d'invasion à protéger sont listées (vallée de la Moselle, plateau lorrain, nord de la plaine d'Alsace et trouée de Belfort), mais le rapport exclut la fortification de la Sarre pour ne pas préempter le résultat du futur référendum de 1935 en Rhénanie occupée par la France. En outre, la notion de place forte fermée qui avait guidé les vues anciennes est formellement abandonné. La conclusion est donc de proposer une fortification linéaire, en profondeur et permanente, de Longwy à l'est de Metz, sur la Lauter et les basses-Vosges, ainsi que sur la trouée de Belfort en Haute-Alsace.

La question de la frontière nord est éludée en arguant de l'alliance avec la Belgique, du fait que ce pays défend de-facto nos frontières en cas d'agression allemande, et enfin du fait que le tracé de la frontière avec la Belgique est impropre à la fortification. Concernant les Alpes, considéré comme front secondaire (Mussolini n'est pas encore au pouvoir), seule la région des Alpes-Maritimes est considérée comme possiblement organisée en Région Fortifiée.

La forme de la future fortification n'est pas définie à ce stade, mais les travaux concomitants du Col BIRCHLER et du Cdt LAZARD en 1920-22 en donnent les premières orientations, relativement conservatrices : feux d'infanterie de flanquement, artillerie - en partie frontale et offensive - de soutien, obstacle antichar, abris et observatoires en arrière.

La stratégie FOCH/GUILLAUMAT de Régions Fortifiées à visées offensives sort donc renforcée de ces travaux, même si des concessions marginales à la ligne PETAIN/BUAT sont faites. Le Général BUAT, insatisfait en tant que Chef d'Etat-Major Général de l'Armée de la tournure du rapport, écrit de son côté un mémo re-présentant les idées défendues par PETAIN et lui en rapport avec la fortification continue et le concept de sanctuarisation du sol national.

Même si la thèse "Régions Fortifiées" discontinues sort temporairement gagnante de ce premier round, la coexistence conflictuelle entre les deux vues persistera jusqu'en Mai-Juin 1940, et c'est PETAIN qui aura le dernier mot à partir de 1935. Le ministre de la guerre, destinataire des deux rapports de la CDT et du Gal BUAT, se refuse de trancher sur le fond.

Ce rapport de la CDT servira de document de base aux travaux de la Commission de Défense des Frontières (CDF) qui prendra le relais 18 mois après sa publication.



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