Principe de gestion de l’eau dans la fortification - 3 - Traitement de l'eau

L'utilisation de l'eau dans un ouvrage correspond à des usages précis nécessitant pour certains des qualités physico chimiques particulières.

• Eau pour la boisson et la préparation des aliments
  la préparation des repas et la boisson nécessitent une eau ayant une teneur en calcaire (degré hydrotimétrique) faible, pauvre en bactéries et sans aucun agent pathogène .




• Eau pour soins infirmiers
  L'eau utilisée dans les infirmeries et salles de soins doit être exempte de toute bactérie et autres agents pathogènes afin de permettre son utilisation au contact des plaies




• Eau de lavage
  Le lavage des hommes nécessite une eau sans odeur, le degré hydrotimétrique n'a pas d'importance, la teneur de l'eau en bactéries doit rester faible pour éviter toute contamination par de petites plaies.




• Eau de refroidissement des moteurs
  Le bon fonctionnement des moteurs nécessite une eau avec degré hydrotimétrique (teneur en calcaire) faible pour éviter les dépôts dans les zones d'échange de calories (culasses, aero-refroidisseurs, refroidisseurs d'huile...) qui en diminueraient le rendement et entraineraient la surchauffe des équipements.

Sans traitement, l'eau distribuée dans un ouvrage ne permet en général pas de répondre à l'ensemble de ces besoins. Les sources d’alimentation en eau des ouvrages qui étant par nature proche de ces derniers imposent de facto leur qualités physico-chimiques, le stockage de l'eau impliquant lui des risques de contamination et de détérioration de sa qualité.
Lorsque l'eau provient d'un puits profond, la contamination par des agents pathogènes est exclue mais dans le cas des prélèvements d'eau dans des ruisseaux ou en nappes peu profondes, ce risque est un risque majeur.

Il est donc souvent nécessaire de procéder au traitement de l'eau, soit par des équipements centraux avant sa distribution, soit par des appareils disposés au plus prés des points d'utilisation particuliers comme les cuisines et les infirmeries.

Adoucissement

L'adoucissement d'une eau trop calcaire peur être obtenu par précipitation ou par permutation, ce dernier procédé étant le plus simple à mettre en œuvre est celui qui est retenu dans la fortification.
Il consiste à faire passer l'eau dure dans un matériau filtrant appelé zéolithe, passage pendant lequel la chaux et la magnésie contenue dans l'eau dure sont échangées avec la soude d'un matériaux filtrant.
Le résultat en sortie est une eau adoucie chargée en bicarbonate de soude et en sulfate de soude mais débarrassée en grande partie des sels calcaires et de magnésie qu'elle contenait qui restent dans le filtre sous forme de composés non solubles.

Cette opération finit naturellement par saturer le matériau filtrant avec ces résidus insolubles et à le débarrasser de la soude nécessaire à la permutation. Il faut alors 'régénérer' le substrat filtrant en faisant passer une solution d'eau et de sel dans le sens contraire de celui de la permutation, ce qui le débarrasse des composés de chaux et de magnésie qu'il a retenu et le recharge en soude, le rendant de nouveau propre à son usage.

On notera que l'adoucissement n'a pas pour but de débarrasser l'eau de la totalité du calcaire contenu mais uniquement de l'adoucir en faisant baisser la teneur de ce dernier. Une eau trop adoucie présentant des propriétés laxatives (sulfate de soude) la rendant impropre à la consommation humaine et étant agressive pour les canalisations qu'elle corrode rapidement, un bypass préréglé permet de ne pas trop descendre le degré hydrotimétrique de l'eau traitée, la degré optimal pour l'époque en sortie d'adoucisseur était fixé à 30°

Appareils utilisés

Différents appareils tous basés sur le principe de la permutation ont été utilisés dans la fortification Maginot pour adoucir l'eau, seul le substrat filtrant utilisé variant en fonction des marques.
On citera principalement les adoucisseur Permo, Zhéryd, Prada et Buron, tous affublés de leur bac à sel pour la régénération.

Stérilisation

La stérilisation des eaux est principalement obtenue par l'utilisation de chlore, utilisé sous forme d'hypochlorite de soude (Eau de Javel) pour limiter les risques liés à ce produit.
Deux procédés ont été utilisés, le premier qui est la verdunisation est destiné au traitement global de l'eau distribuée dans un ouvrage, le second qui est la carbo-chloration est lui destiné au traitement de petites quantités d'eau directement au point d'utilisation.
Pour obtenir les détails sur ces deux principes, consultez les pages les concernant dans le Dico en cliquant sur les liens ci-dessus

Dans le cas de la carbo-chloration, il a été fait usage de deux appareils distincts, l'appareil Carbochlore doté d'un fonctionnement automatique et destiné à la préparation de l'eau pour les cuisines d'ouvrage et l' appareil M.J. dont le fonctionnement est manuel et destiné à la préparation de petites quantité d'eau pour les infirmeries.

Appareil Carbochlore

Appareil M.J.

Déferrisation

Dans le cas particulier des régions riches en minerai de fer, l'eau puisée en profondeur est souvent chargée en fer dissous. Limpides à leur sortie de puits, elles se colorent dés qu'elles sont au contact de l'air, ce dernier oxydant le fer contenu dans l'eau et lui donnant une couleur rouille prononcée ainsi qu'un gout et une odeur la rendant impropre à l'usage.
Il a été fait usage dans le Nord-Est de déferriseurs Degrémont pour retirer les particules de fer de l'eau en sortie de puits avant son stockage en citerne ou elle se trouve au contact de l'air.

Désodorisation

Lorsque l'eau possédait une odeur ou un gout désagréable tout en ayant des qualité physico chimique la rendant propre à la consommation, il était prévu d'utiliser un système de désodorisateur à charbon actif afin de la rendre inodore.
Le principe repose sur le passage de l'eau dans un filtre constitué de charbon actif qui en retient les particules la rendant odorante ou en altérant le gout.
Une fois le filtre saturé, il faut procéder à son lavage puis à son rinçage en inversant le flux d'eau.
Aucun cas d'utilisation de ce type d'équipement ne nous est connu.

Pascal Lambert

Notice provisoire sur l'alimentation en eau et l'évacuation des eaux usées des ouvrages de la fortification permanente
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